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Frederick Tremblay: 20 ans de brassage charlevoisien et d’implication

Frederick Tremblay: 20 ans de brassage charlevoisien et d’implication

Frédérick Tremblay, le copropriétaire passionné de la Microbrasserie Charlevoix située au cœur de Baie-Saint-Paul, a souhaité enrichir la Route des Saveurs avec un nouveau produit, il y a plus de 20 ans. Un pari réussi, alors que le succès des célèbres Dominus Vobiscum, cette gamme de bières belges monastiques, n’est aujourd’hui plus à prouver.  

Courtoisie Microbrasserie Charlevoix

Les Bâtisseurs x Baron en collaboration avec le festival Bières et Saveurs de Chambly

Nous sommes au milieu des années 1990 lorsque Frederick Tremblay rencontre sa partenaire de vie, Caroline, avec qui il partage une passion commune. «Étant partiellement d’origine allemande, la bière faisait partie de sa culture et son père brassait», explique-t-il. Très vite, le couple a commencé à brasser en amateur et à s’impliquer davantage dans le monde brassicole, notamment au Festibière de Chambly pour lequel ils ont eu un véritable coup de foudre.

Alors résidents de Châteauguay, M. Tremblay et sa conjointe visitaient régulièrement la région de Charlevoix, dont la fameuse «Route des saveurs», alors à ses balbutiements, qui leur inspira le projet de Microbrasserie. «On voulait créer un produit qui s’intègre à la route, et surtout une bonne excuse pour venir habiter dans la région», plaisante-t-il. 

Le contexte n’était pourtant pas favorable, à l’époque où plusieurs brasseries régionales avaient fait faillite. «Elles fonctionnaient sur un modèle industriel alors que nous, on est parti sur un modèle hybride entre artisanal et industriel», souligne M. Tremblay. Le couple a ainsi figuré parmi les précurseurs de ce modèle permettant d’embouteiller puis de vendre leurs produits sur place, dans leur restaurant nommé le Saint-Pub, ainsi que dans d’autres établissements. «C’est le meilleur des deux mondes et c’est ce qui nous a permis de propulser», commente-t-il.

Un succès rapide

Les premières années d’exercice, la microbrasserie comptait 25 points de vente à l’extérieur de Charlevoix. En 2008, leur usine de Baie-Saint-Paul est passée d’une production de 600 hectolitres par année à 8000 et a atteint le maximum de sa capacité. «Nos bières ont rapidement été reconnues et des personnes sont devenus très fidèles à nos produits, dans un monde où cela est plutôt rare», estime M. Tremblay, perfectionniste et très rigoureux concernant les protocoles de qualité et de stabilité des produits.

Quant aux recettes, le processus de création est très démocratique, assure-t-il, puisque plusieurs comités d’assurance qualité et d’amélioration continue se réunissent régulièrement. «On vient d’acheter un kit de brasserie de 250L pour les brasseurs, afin qu’ils puissent expérimenter, lance-t-il. Tout le monde peut s’amuser et explorer, même à l’administration, s’ils en ont l’envie.»

Tremblay précise d’ailleurs qu’au sein de son entreprise, tout le monde doit être capable de faire chacune des différentes tâches. «Cela nous tenait vraiment à coeur, car les papilles, ça n’a pas de titre, fait-il valoir. Ça goûte.»

Il emploie ainsi 25 passionnés dans son usine, et 70 au restaurant. L’un des artistes brasseurs, comme M. Tremblay aime les nommer, Nicolas Marrant, fait partie de l’équipe depuis 18 ans. Après avoir été directeur de la production, il est retourné au pub pour mettre en pratique sa créativité débordante, à base d’Imperial Milk Stout et autres originalités houblonnées.

Aujourd’hui, la Microbrasserie Charlevoix sort 4 à 5 produits par année. La Sour French Kiss, aux saveurs de cassis et de canneberges du Québec, est la première à avoir été distribuée en canette le mois dernier. D’autres sortes pourraient être distribuées dans ce format à l’automne 2019. L’expansion rapide de la marque, portée notamment par la gamme Dominus Vobiscum ou encore la fameuse Flacatoune, a été possible grâce à la rigueur des entrepreneurs, mais aussi à la collaboration avec l’Association des Microbrasseries du Québec (AMBQ) dont M. Tremblay fait partie. 

Faire avancer l’industrie

Toujours impliqué sur le conseil d’administration de l’AMBQ, il en a été le vice-président puis le président pendant cinq ans, jusqu’en 2017. Tout comme sa prédécesseure et mentore, Laura Urtnowski, il souhaitait rassembler davantage les brasseurs et déplorait que l’association soit réservée seulement aux plus gros joueurs, détenteurs d’un permis industriel. Après deux ans de discussions et de débats, l’AMBQ est devenue plus inclusive et a ainsi intégré l’association des brasseurs artisans du Québec (ABAQ), en 2012.

Le propriétaire de la microbrasserie Charlevoix est également très fier du programme de qualité, bien qu’il ne fasse pas l’unanimité, mis en place lors de son mandat. «Cela a permis une nette amélioration de la stabilité des produits, observe-t-il. Aussi, les gens qui auraient normalement dû faire appel à des consultants dispendieux ont pu trouver une alternative abordable.» Son programme peut d’ailleurs être suivi au CÉGEP de Jonquière dans le cadre de l’AEC en technique de production brassicole.

Courtoisie Microbrasserie Charlevoix

Pour M. Tremblay, cette formation s’inscrit dans l’évolution de l’AMBQ vers une association davantage axée sur les services aux membres, en plus de défendre leurs intérêts. «Il y a une dizaine d’années, elle servait surtout à faire du lobbyisme auprès du gouvernement», croit-il. 

Il est aussi l’un des initiateurs du Congrès de l’AMBQ qui réunit chaque année tout le microcosme du monde brassicole et connaît un succès retentissant. Les participants peuvent assister à de nombreuses conférences et y développer des relations d’affaires, puisque tant les fournisseurs que les leaders de PME brassicoles s’y rendent pour proposer leurs produits et leurs expertises. Cet événement rassembleur fêtera d’ailleurs sa dixième année d’existence en novembre prochain.

Depuis le mois de mai, M. Tremblay est coprésident et porte-parole de la nouvelle Association des microbrasseries canadiennes (AMNC) qui représente les intérêts de plus de 700 brasseries indépendantes. Elle compte parmi ses membres les associations provinciales des microbrasseries, les microbrasseries indépendantes et les partenaires fournisseurs et prestataires de services. 

🍺 Microbrasserie Charlevoix

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