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À la rencontre des vignerons du Québec: Le Vignoble du Mouton Noir

À la rencontre des vignerons du Québec: Le Vignoble du Mouton Noir

Le vin québécois connait un essor considérable. En dépit d’une précédente mauvaise réputation, de plus en plus d’acteurs du milieu, de producteurs et d’épiciers se mobilisent pour redorer le blason de ce produit et lui donner enfin les lettres de noblesse qu’il mérite. C’est ainsi qu’avec Louis-Philippe Mercier, sommelier et propriétaire de La Boîte à Vins, nous nous sommes rendus auprès de quelques producteurs pour en savoir plus. Une série de rencontres qui braque les projecteurs sur cette boisson d’ici et ses créateurs.

Pour notre troisième arrêt sur cette route des vins d’ici, nous nous sommes rendus sur les terres du Vignoble du Mouton Noir. Situé à Saint-Antoine-sur-Richelieu, en Montérégie, ce charmant vignoble a été acquis en 2005 par Chantal Pageau et Daniel Larose. Le couple occupe encore un travail à la ville et mise sur la patience et les petites quantités pour produire un vin de haute qualité. L’an passé, ils ont produit 2000 bouteilles et comptent en proposer 3500 cette année. À noter que certains vins rouges sont vieillis un an de plus en baril. Avec un bon verre à la main, nous avons discuté avec le duo.

 Cet entretien a été rendu possible grâce à la passion et la collaboration de l’entrepreneur derrière La Boîte à Vins.

Lui est directeur de Propage, une compagnie de communication qui possède des bureaux à Québec et Montréal. Elle est designer, et tous les deux sont les heureux parents d’une fratrie de quatre enfants.

«Au départ c’était notre projet de retraite», déclare Chantal Pageau. «Moi, je viens de la Beauce, mon grand-père avait une ferme et j’adorais la terre, continue Daniel Larose avec joie. Puis un jour, après avoir emménagé à Montréal en 2002, je vois dans le journal qu’il y a un ancien militaire qui avait pris sa retraite et qui s’était parti un vignoble à St-Hilaire. Je suis allé le voir, il m’a accueilli quasiment comme son fils et m’a conseillé que si je voulais me partir un vignoble, je devais faire ça de bonne heure! J’avais 42 ans, je suis allé suivre des cours à l’Institut de Technologie Agroalimentaire de Saint-Hyacinthe pendant trois ans et j’ai obtenu mon permis en 2006.» 

Une décision anticipée

Aujourd’hui, mari et femme occupent toujours leurs emplois respectifs et ont donc choisi de s’occuper du domaine durant les fins de semaine et leurs temps libres. «Je mets entre 600 et 800 heures par année dans le vignoble, explique Daniel Larose. Le soir je travaille dans le vignoble, les vendredis, samedis et dimanches aussi. Mon travail c’est beaucoup de stress, alors quand je suis dans la vigne j’apprends à relaxer, pour moi, c’est un plaisir.»

Son épouse abonde en ce sens et nous précise que le vignoble est également une occasion de réunir leurs proches autour d’une passion commune. «On a de la famille et des amis qui trippent de travailler dans le vignoble et de nous donner un coup de main, raconte-t-elle. Moi je m’occupe de recevoir tout ce monde-là ainsi que les enfants.»

Savoir se démarquer

Le domaine compte aujourd’hui près de 4000 pieds de vigne répartis sur un bel hectare entourant de vieux bâtiments de ferme restaurés avec goût. «Avant, ça s’appelait la Bergerie du Mouton Noir, mais moi je suis un peu mouton noir dans la vie en général, s’amuse Daniel Larose. Puis, c’est un peu un pied de nez au terme château ou domaine parce mon objectif c’est de faire l’un des meilleurs vins au Québec sauf qu’il est fabriqué dans une grange!»

L’objectif du couple est simple: produire peu, mais produire bon, voire excellent. Et pour ce faire, ils ont dû apprivoiser la patience. «Pour faire un vin de qualité, il faut des vignes matures, souligne M. Larose. Je voulais d’abord attendre dix ans pour commencer à récolter, mais j’ai dû commencer à partir de huit ans sous la pression de la Régie des Alcools des Courses et des JeuxPuisque l’institution lui avait délivré un permis pour fabriquer et vendre du vin, chaque année, la RACJ revenait vers les vignerons afin de savoir si la production avait débuté.

«Au départ, je ne produisais pas, je m’amusais, je n’étais pas pressé, affirme le viticulteur. Puis avec Sébastien Dicaire, mon maitre de chai, on a testé des affaires, on a fait des recettes, on a même arraché des vignes et replanté derrière, car certains cépages n’étaient pas corrects.»

Les cépages employés pour la fabrication des vins du Vignoble du Mouton Noir sont un mélange de cépages rustiques, semi-rustiques et de vitis vinifera (vignes d’Europe). «Les gens ont des préjugés, car l’un des problèmes qu’on a eus, c’est qu’au départ les maitres de chai au Québec, c’était des personnes qui venaient de la France ou de l’Europe, raconte Daniel Larose. Mais les vignes du Québec, au niveau du climat, de l’acidité des sols, etc, sont complètement différentes.» Malgré cela, le couple nous explique que le savoir-faire européen était tout de même la norme à suivre.

«Aujourd’hui, on a arrêté de travailler nos vins comme des vins européens, mais on les aborde comme des vins d’ici avec les conditions d’ici. Je dis au public “goûtez, au pire vous n’en boirez plus”, puis quand ils s’aperçoivent que le vin est bon et qu’il a du caractère, ils repartent avec plusieurs caisses parfois», conclut le vigneron, enthousiaste.

Si la curiosité vous pique et que vous souhaitez déguster le vin de Chantal et Daniel, les bouteilles du Vignoble du Mouton Noir sont vendues seulement au domaine ou au sein de quelques épiciers spécialisés comme la Boîte à Vins.

🍇 Le Vignoble du Mouton Noir

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