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Tartare de Soul et vin rouge – L’entrevue bouffe non conventionnelle avec Soul Secret Agency

Tartare de Soul et vin rouge – L’entrevue bouffe non conventionnelle avec Soul Secret Agency

La formation montréalaise composée du réalisateur, compositeur, arrangeur et bassiste Danny Trudeau, de la chanteuse Abigail Galwey, des guitaristes Eric Lemelin et Francis Veillette, de Willis Pride au clavier/piano/orgue, du batteur Pascal Lepage et du percussionniste Elli Miller Maboungou vient de sortir son premier album homonyme via l’étiquette Ensoul Records. Un délice pour les oreilles porté par des textures Soul, R&B et Motown avec simplicité et justesse.

Pendant près de deux ans, Danny Trudeau s’est documenté sur l’histoire et les techniques d’enregistrement des formes musicales issues de la Soul. Le projet Soul Secret Agency a ainsi mûri lors de ce processus minutieux. Le labeur en valait la peine puisque le résultat est épatant; c’est une immersion sonore à mi-chemin entre les années 60 et le temps présent. En utilisant des méthodes d’enregistrement analogiques, Soul Secret Agency réussit à surprendre à travers des rythmes authentiques qui nous transportent plusieurs décennies auparavant. Nostalgie, groove, lyrisme et audace sont au programme.

Le collectif rétro-soul nous offre des mélodies envoutantes sur lesquelles la voix d’Abigail Galwey se pose avec une harmonie entrainante. Bref, un peu comme un succulent dessert, on a adoré découvrir et écouter en boucle les morceaux du band. Tant de talent a poussé notre curiosité à jaser avec Danny et Abigail de musique et de nourriture! Rencontre pas banale.

Qui êtes-vous, quel est votre parcours?

Danny Trudeau: Je suis le bassiste, fondateur, compositeur, arrangeur et réalisateur du collectif Soul Secret Agency. Le concept est né de produire une musique soul en mettant en vedettes des talents montréalais. Mon gérant Kevin, du label montréalais Ensoul Records, a cru au projet et m’a épaulé dès le départ.

J’ai aussi collaboré sur les albums de Patrick Lehman (Juno Awards Nominee) comme arrangeur/orchestrateur, et avec Dominique Fils-Aimé (révélation jazz Radio-Canada 2019-2020) en tournée en tant que bassiste et directeur musical.

Abigail Galwey (voix): J’ai commencé à collaborer avec Danny au tout début du projet, on s’est rencontré par hasard à un show d’amis communs. On se connaissait déjà, on avait jammé ensemble une ou deux fois auparavant, mais je ne m’attendais à rien quand on a commencé à écrire ensemble. Finalement, on s’est rendu compte qu’on avait un album et voilà le résultat! J’ai participé à la cinquième saison de La Voix (2016), je fais également partie d’un collectif reggae, Ariel et les Va-Nu-Pieds, et j’ai fondé le groupe Abigail & Bliss en 2010.

Comment décririez-vous votre univers musical?

D. T.: Mon père écoutait toujours des vinyles de Motown à la maison. J’ai donc baigné dans ce style toute ma jeunesse. Et quand est venu le temps de monter mon band avec ma propre vision, j’ai voulu faire la musique qui m’appelait le plus naturellement: la R&B/Soul. Je suis fan de Mark Ronson depuis l’époque de la sortie de Versions (en 2007), j’ai c-a-p-o-t-é, et je me suis dit: «ce gars est mon idole». J’ai envie de produire la musique, travailler avec différents artistes, enregistrer sur du gear analogique, lâcher les ordinateurs, et plutôt créer un son organique. J’ai ensuite découvert tous les labels actuels qui partagent cette vision: Daptone, Big Crow Records, Colemine, etc. J’ai donc voulu recréer un son rétro, mais surtout, créer mon propre son avec la voix d’Abigail. Et c’est ce qui a donné naissance à Soul Secret Agency.

A. G.: Il y a plusieurs personnalités en moi qui se battent pour s’exprimer lorsque je crée et chaque personnalité cherche à se jumeler avec un univers particulier. C’est de trouver la bonne émotion et la bonne histoire à raconter pour ensuite la véhiculer à travers l’arrangement musical. Parfois, c’est mon côté humoristique ou ironique qui cherche à raconter quelque chose par l’absurde, mais parfois je me sens plus vulnérable ou revendicatrice. Il y aussi un côté très sensuel à la musique ainsi que dans la performance, c’est également quelque chose que je cherche à exprimer. Même si tout a déjà été écrit à propos de tout, je cherche toujours à communiquer mes expériences et mes émotions d’une façon originale et vraie.

Quelle est votre relation avec la nourriture?

A. G: Je mange sans cesse, j’adore manger et cuisiner. Depuis toute petite, je suis très gourmande.

D. T.: Particulière bonne. Ma copine est chef, et je n’ai pas le droit de refaire deux fois la même recette. Je dois donc me réinventer à chaque fois. Je n’aime pas suivre une recette, je préfère découvrir et tester par moi-même. Parfois ça marche, mais souvent, c’est un «fail», parce que j’ai fait à ma tête et décidé de mettre des ingrédients qui n’allaient clairement pas ensemble.

Parmi vous, qui est le plus doué derrière les fourneaux?

A. G.: Je sais que Danny se débrouille bien derrière les fourneaux et que sa copine est chef, mais je crois que je remporterais la bataille.

D. T.: Tsss… Définitivement moi!

Quelle musique écoutez-vous lorsque vous cuisinez?

A. G.: Lhasa de Sela ou la chaîne YouTube des Tiny Desk concerts… De l’or!

D. T.: Dernièrement, je mets soit un vinyle de Vulfpeck, soit de Fat Freddy’s Drop. Mais c’est un peu embêtant de devoir changer de côté quand la face A se termine et que tu as les mains pleines d’huile. Cela fait que la plupart du temps, je me tourne vers Spotify et je fais jouer «Release Radar». Les algorithmes me proposent principalement du Soul et du UK Jazz et cela me permet de découvrir plein de nouveaux artistes à chaque fois.

Si Soul Secret Agency était un plat, lequel serait-il?

A. G.: Un fondant au chocolat noir avec des poires pochées.

D. T.: Un gros plateau d’huîtres, avec une sauce mignonnette fumée.

Si votre album était une recette, quels en seraient les ingrédients?

A. G.: Une recette satisfaisante et complète, riche, mais légère. Les invités sauront qu’elle a pris une bonne partie de la journée à se réaliser. Les ingrédients principaux en seraient l’attention et la minutie. Peut-être quelque chose qui ressemble à des aubergines rôties avec du yogourt au safran et des graines de pomme grenade.

D. T.: La recette d’un tartare: une protéine crue, peu d’ingrédients pour faire l’appareil, on mélange ça et c’est prêt à manger. C’est frais.

Votre dernier repas et la dernière musique que vous écouteriez… Si vous deviez mourir demain?!

A. G.: Du homard et The Doors. Sans hésitation.

D. T.: De la pieuvre grillée avec du Sharon Jones & The Dap-Kings

Avez-vous des demandes spéciales aux promoteurs de spectacles lorsque vous êtes en tournée?

A. G.: Je n’ai pas vraiment de demandes spéciales, juste pas de sandwichs s’il vous plaît, j’en peux plus des sandwichs. Donnez-moi du vin et tout ira bien.

D. T.: Ouiiiiiii! Du vin rouge et on va être contents.

Quel est votre plus gros «fail» culinaire?

A. G.: Utiliser du sel par accident au lieu du sucre dans un dessert, ça arrive à tout le monde!

D. T.: Ma fameuse tentative de sauce bolognaise avec du lait de coco…

…Et votre plus gros «fail» musical?

A. G.: C’est difficile à dire, il y a souvent des chansons qui marchent bien en enregistrement, mais qui «flop» un peu en live… C’est normal, on essaye des trucs et justement je crois que mon plus gros fail a eu lieu pendant un show. On avait des séquences (de l’audio qui a été préenregistré qu’on envoie dans la salle par-dessus la musique que l’on joue live) qui ne partaient pas aux bons moments, le batteur, qui les avait dans ses écouteurs les a enlevées en plein show. Le claviériste s’est fâché et une chicane s’est déclenchée… En plein show… C’était gênant.

D. T.: Dans mon jeune temps, étant un «brin» alcoolique, je me suis endormi sur ma chaise en plein pendant qu’on jouait Hotel California, dû au chansonnier qui nous commandait beaucoup trop de shooters de Jack Daniel’s.

Soul Secret Agency

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