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Travailler avec et pour les enfants : la ligne directrice de l’illustratrice Cathy Faucher

Travailler avec et pour les enfants : la ligne directrice de l’illustratrice Cathy Faucher

Favoriser les apprentissages à travers le jeu, jumeler une lettre de l’alphabet à un animal, mettre les animaux de chez nous en valeur, les connaître pour mieux les protéger, c’est la mission de l’artiste Cathy Faucher, qui redonne une partie de ses profits annuellement au Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM).

Qui êtes-vous, quel est votre médium de prédilection et pourquoi?

Je suis enseignante en arts plastiques au primaire, l’illustratrice derrière Cathy Faucher illustration, graphiste de formation, auteure de livres jeunesse, maman de jeunes enfants et coureuse à temps partiel. J’ai travaillé plusieurs années comme guide animatrice dans un musée d’histoire canadienne et un été comme naturaliste au Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM). Travailler avec et pour les enfants est ma ligne directrice.

Présentement, j’utilise l’aquarelle et le crayon de bois pour faire mes illustrations. Je n’avais jamais utilisé ce médium avant la naissance de mon fils, il y a 6 ans. Je souhaitais lui faire un abécédaire des animaux et je trouvais le rendu doux. J’avais envie d’essayer, finalement, j’ai eu la piqûre et je me surprends à peaufiner ce médium.

Crédit photo: Cathy Faucher

Quelles ont été vos influences artistiques à vos débuts et quelles sont celles d’aujourd’hui?

Aux études collégiale et universitaire (entre 1999 et 2006), j’étais dans l’univers du design graphique et de l’illustration. Mes influences venaient principalement de mes enseignants qui étaient formés en illustration. J’affectionnais les livres pour enfants réalisés par Katy Lemay, Bruce Roberts, Isabelle Arsenault, Steve Adams et Janice Nadeau. Je voulais être illustratrice. Je valorisais l’imaginaire.

Aujourd’hui, j’admire l’univers rigolo et engagé d’Elise Gravel, l’imaginaire sans borne de Marianne Dubuc et j’aime voir la progression du style d’Isabelle Arsenault. Mais celui qui me rejoint le plus est Frédéric Back. Ses illustrations et films d’animation rejoignent le monde du documentaire tout en apportant une poésie plus que touchante. Back était un artiste engagé qui croyait à la protection de l’environnement. Après réflexion, j’ai dû admettre que mon style se situe dans le documentaire et que les gens l’apprécient autant que l’imaginaire. Aussi, je me joins à la cause de la protection des baleines du Saint-Laurent. Une partie de mes profits annuels vont au GREMM.

Montage photo

Comment organisez-vous votre horaire? Comment planifiez-vous le temps de cerveau disponible à la création et celui accordé à la gestion plus technique de votre entreprise?

Je me le demande encore moi-même. Non seulement j’ai mon entreprise, mais j’enseigne 5 jours par semaine depuis cette année. Je travaille beaucoup les soirs de semaine sur mon entreprise, j’illustre pendant les siestes de mes enfants la fin de semaine (ils dorment beaucoup) et je cours pendant que mon chum prépare le souper. J’ai la chance d’avoir un conjoint complémentaire dans les tâches et compréhensif. Pour réaliser mes livres, je travaille beaucoup pendant les congés (Noël, relâche et l’été). Pour moi, la création et l’activité physique ont une place primordiale. Je n’aurais pas cette énergie si je restais inactive.

Quels sont vos meilleurs trucs pour mousser votre créativité?

Je suis attentive à ce qui se produit sur le marché, mais surtout, je suis attentive aux besoins des gens et aux miens. Je n’aurais pas réalisé un abécédaire des animaux du Québec et du Saint-Laurent si je n’avais pas senti ce besoin de mieux connaître les animaux de chez nous pour mieux les protéger. Connaître, c’est protéger. Je me sens concernée par les changements climatiques et je m’aperçois que je touche beaucoup de parents qui partagent cette préoccupation. Illustrer, c’est ma façon de contribuer au changement.

Crédit photo: Alex Delagrave

Quels sont les outils indispensables pour passer une journée productive?

Établir des objectifs précis et visualiser. Pour mes deux prochains albums, par exemple, je planifie sur un calendrier les objectifs que je dois atteindre et je visualise la finition de ces objectifs. Le sport m’a apporté ce truc de visualisation qui me sert aussi en enseignement. Je gagne beaucoup de temps en visualisant ma journée.

Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez pu faire face en tant qu’artiste lors de vos débuts?

Quand j’étais à l’université, je voulais faire de l’illustration, mais je m’apercevais que le métier était précaire. J’avais remis en doute mon potentiel, j’abandonnais l’idée. C’était en 2006.

Je me suis réorientée vers l’enseignement des arts plastiques. Mon entreprise a commencé après la naissance de mon fils en 2015. Je ne cherchais pas à créer une entreprise. J’ai commencé par des expositions dans des petits cafés, à vendre dans des boutiques et tranquillement dans les marchés. Je voyais un réel intérêt pour mes illustrations et une belle réaction de la part des enfants et des parents pour l’abécédaire. Je voulais donc passer à la prochaine étape qui était un défi: se faire connaître et avoir de la visibilité à travers les réseaux.

Crédit photo: Marie-Claude Dequoy

Quels sont vos principaux défis aujourd’hui et comment arrivez-vous à les surmonter?

Mon grand défi est d’arriver à orchestrer tout ceci: faire connaître mon travail à travers les réseaux. Avec la pandémie, on est encore plus sur le web que jamais. Je manquais d’outils dans le domaine de la communication. Il a fallu que je suive des formations. J’essaie de faire preuve de créativité à travers mes publications, de faire des collaborations avec d’autres artisans, de créer de nouveaux produits. Le grand défi est d’orchestrer tout cela seule. Je me sens seule dans la prise de décision. J’aimerais tellement être en équipe avec quelqu’un qui est fort en communication. Mon prochain défi est de trouver la bonne personne.

Quelles ont été les personnes marquantes dans votre parcours professionnel?

Je ne peux passer sous silence Gisèle Boulianne, artiste peintre de renommée, qui m’a montré le dessin d’observation à travers ses cours de dessin et de peinture au privé entre 10 et 16 ans. Il n’y avait pas de cours d’arts plastiques offerts à mon école primaire. À l’université, Michèle Lemieux, Pol Turgeon et Lino sont parmi ceux qui m’ont fait progresser dans un style que, finalement, je n’ai pas emprunté, mais qui auront marqué ma façon de créer.

Quelle œuvre avez-vous réalisée dont vous êtes la plus fière et pourquoi?

Mes deux premiers albums jeunesse et celui qui s’en vient sur le Saint-Laurent. Pour moi, ces deux livres sont des œuvres parce qu’ils regroupent un énorme travail: 6 ans d’illustrations.

Crédit photo: Marie-Claude Dequoy

Quel regard posez-vous sur votre secteur d’activité au Québec par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde?

Je m’aperçois que les Québécois sont encore plus solidaires et sensibles à ce qui est fait chez nous. Avec la pandémie, nous, les artisans et artistes, sommes encore plus sous le projecteur et sommes plus convoités pour la qualité et l’originalité de ce que nous offrons. Il se passe un bel engouement, il y a de belles initiatives qui se prennent et c’est très encourageant. Notre créativité collective est mise à l’épreuve, et j’adore voir ça.

Quel est le pire ennemi et le meilleur allié d’un artiste?

Le pire ennemi, c’est être en panne d’idées et le meilleur allié, c’est d’avoir des causes.

Que faut-il avoir pour atteindre votre point d’équilibre personnel?

S’écouter. S’écouter pour ne pas aller trop loin. S’écouter pour faire ce que l’on a envie de faire. S’écouter pour éviter la charge mentale. Pour faire les bons choix et répondre à ses propres besoins et ceux de ma famille.

Visualiser. La visualisation me permet d’être efficace et de savoir où je m’en vais.

Chercher l’équilibre. Rester active me permet de vider la charge mentale. Un équilibre entre le corps (action), le cœur (création), l’esprit (charge mentale).

Que changeriez-vous, si vous aviez la chance de revenir en arrière?

Je ne changerais rien. Mon parcours m’a permis d’être celle que je suis aujourd’hui. Je n’avais pas les outils et les connaissances à l’époque pour assumer qui je suis. Je suis contente de mon cheminement et de voir une cohérence entre mes expériences.

Quel est le meilleur conseil qu’un artiste vous ait partagé?

«La tolérance à l’ambiguïté». Feu Maurice Poulin, enseignant au CÉGEP, nous parlait beaucoup de la pyramide de Maslow et de cette citation qui m’a marquée et qui me sert encore aujourd’hui. Tolérer nos erreurs dans la création, accepter la page blanche, les zones floues qui nous aident à nous surpasser et tirer profit des apprentissages que cela nous apporte.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite vivre de son art?

C’est impossible de ne pas vivre de son art quand on met tant d’efforts et d’énergie. Écoutez votre cœur, croyez en ce que vous faites et les autres seront convaincus que vous avez raison.

Crédit photo: Marie-Claude Dequoy

✍️Cathy Faucher

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