En temps de crise, il peut être périlleux de penser à l’avenir. Mais nombreux sont les entrepreur.es, les OBNL, les créatrices et créateurs de solutions qui cogitent sans cesse et continuent de nourrir des projets. Nous avons souhaité donner la parole à celles et ceux qui devancent un peu notre réalité et osent avoir des idées de progrès pour l’avenir. À quoi rêvent les entrepreneur.es pour le monde post-pandémie?
Réalisatrice, productrice et conférencière, l’entrepreneure sociale Joanie Lacroix multiplie depuis 2016 les initiatives pour changer le monde. Avec Pastel Fluo, elle met de l’avant des projets, des personnes et des idées plus conscientes, saines et écoresponsables. À travers des documentaires vidéo, des ateliers, des conférences, des retraites, des projections et des échanges sur les réseaux sociaux, la fondatrice se donne pour mission principale de faire rayonner des valeurs, plutôt que d’engendrer uniquement des profits. Une véritable petite révolution au sein du paradigme capitaliste.
Pour Joanie Lacroix, la pandémie est synonyme de renouveau et nous offre l’opportunité de bâtir des systèmes plus efficaces dans le monde du travail, ainsi que de repenser notre mode de vie. Entretien.
De quelle manière la pandémie et le confinement ont-ils impacté les activités de Pastel Fluo?
Nous avions différents ateliers et événements de prévus, qui ont dû être reportés à juin, voire possiblement à l’automne. Nos tournages ont également été annulés. Nous sommes tout de même assez chanceux puisque les tournages de deux longs métrages sur lesquels nous travaillons depuis 3 ans se sont terminés début mars. Bien que ce ne soit pas l’idéal, l’étape du montage nous permet de continuer à travailler et à avancer. Comme nous ne pouvons pas être ensemble dans la salle de montage, nous nous sommes adaptés virtuellement!
À ce propos, avez-vous réussi à mettre en place des alternatives pour vous adapter face aux chamboulements?
Oui, vraiment! On n’avait que très peu travaillé avec Zoom dans le passé, et la pandémie nous a ouverts à de nouvelles opportunités en intégrant dorénavant des activités virtuelles à nos activités régulières.
Par exemple, nous avons créé des ateliers en ligne pour continuer à offrir du contenu pendant l’arrêt des ateliers réguliers. On a testé la formule le mois dernier, et ça a tellement bien fonctionné qu’on a décidé d’intégrer cette nouvelle formule d’ateliers virtuels en complément aux ateliers donnés «en personne» post-pandémie!
Voir cette publication sur Instagram
C’est génial, parce que sans cette crise, on n’aurait jamais eu ce réflexe, et ça répond à la demande d’une clientèle qui ne pouvait pas accéder à nos services autrement, par exemple les personnes en région qui ne pouvaient pas se déplacer à Montréal ou à Québec. De plus, nous ne sommes plus limités quant au nombre de personnes. Cela nous permet d’offrir des ateliers virtuels à une clientèle qui n’aurait pas eu les moyens de se payer des ateliers en personne.
«Plus que jamais, notre monde a besoin de personnes qui pensent autrement, et qui ont l’audace de faire les choses autrement.»
Après la Covid-19, quel monde souhaites-tu pour les entrepreneur.es?
Plus que jamais, nous avons besoin que chacun se pose cette question: comment est-ce que je peux contribuer, moi, avec ce que je porte (mon expérience de vie, mes talents, mes connaissances, ce qui me fait vibrer), à un monde meilleur?
Être entrepreneur.e, c’est se permettre de rêver grand, sans limite, en faisant bouillonner nos idées, nos passions et notre feu intérieur, afin de créer un projet à partir de soi et d’apporter notre pierre à l’édifice. Si nous n’avons pas la fibre entrepreneuriale, alors comment pouvons-nous choisir d’investir notre ressource la plus précieuse, notre temps, au service d’entreprise dont la mission est porteuse de sens?
Plus que jamais, notre monde a besoin que chacun utilise ses talents au service de projets et d’entreprises qui créent du sens. Plus que jamais, notre monde a besoin de personnes qui pensent autrement, et qui ont l’audace de faire les choses autrement. Plus que jamais, notre monde a besoin d’équilibre. Et pour créer l’équilibre, nous devons nous éveiller en conscience. La pandémie joue un rôle incroyable à ce niveau actuellement! Nous sommes en train de redéfinir nos bases et nos structures. Soudainement, les structures qui nous apparaissaient si solides il y a quelques semaines sont en train de s’effriter. C’est très déstabilisant, inconfortable, mais ces structures n’étaient pas soutenables, ni pour le bien-être des humains ni pour le bien-être de la planète.
Pour reconstruire autrement, on doit tout d’abord accepter de déconstruire et de laisser derrière ce qui nous alourdit et ce qui ne fait plus de sens. On le ressent, on approche d’un point de bascule. Les entrepreneur.es, ce sont les idéateurs, les visionnaires, ce sont eux qui définissent et redéfinissent les traits d’une société. Pour leur permettre de repenser notre monde, on doit prendre conscience qu’il est de notre responsabilité à tous de faire de nouveaux choix individuels et collectifs.
«C’est un grand pouvoir que nous avons, celui de voter, avec chacun de nos dollars, comme le dit si bien Laure Waridel. Plus nous serons conscients que nous faisons un choix, à chaque achat, plus le monde des affaires se transformera.»
Pourquoi va-t-on avoir besoin de plus d’initiatives sociales et d’entreprises conscientes selon toi?
Chaque être humain a un rôle si important présentement, pour soutenir ces entrepreneur.es sociaux qui voient le monde des affaires de façon holistique et qui ont une approche globale de l’impact qu’ils veulent créer. L’objectif d’une entreprise ne doit pas être de faire des profits. L’argent doit être vu, selon moi, comme un moyen de multiplier l’impact. L’objectif d’une entreprise consciente est de créer un impact positif, sur chacune des parties prenantes, qui touchent de près ou de loin l’entreprise.
Comment pouvons-nous transformer nos façons de faire pour créer un impact au quotidien auprès de nos employés, en écoutant leurs besoins, en donnant suite à leurs idées et leurs élans, en leur permettant de fleurir au quotidien? Comment pouvons-nous créer un impact sur nos consommateurs, nos clients, en créant un produit et/ou un service empreint de sens et de conscience? Quels fournisseurs choisissons-nous d’engager? Comment ces fournisseurs traitent-ils leurs employés, leur communauté et quel impact leur produit ou service ont-ils sur la planète?
Être un.e entrepreneur.e conscient.e, c’est choisir de penser au «nous» plutôt qu’au «je». C’est de faire des choix qui vont servir le collectif. C’est de refuser des opportunités qui auraient été payantes financièrement, pour rester aligner avec la mission et la raison d’être.
Ce n’est pas évident, parce que les entrepreneur.es conscient.es sont en train de redéfinir le paradigme actuel en affaires, qui est bien implanté depuis des décennies. Mais ça commence à changer, particulièrement avec la nouvelle génération. Et ceux qui ont un rôle primordial dans le soutien des entrepreneur.es et des entreprises conscientes, ce sont les consommateurs, les clients. C’est un grand pouvoir que nous avons, celui de voter, avec chacun de nos dollars, comme le dit si bien Laure Waridel. Plus nous serons conscients que nous faisons un choix à chaque achat, plus le monde des affaires se transformera. Et plus vite le monde des affaires basculera dans un nouveau paradigme, qui prend soin de l’humain et de la planète, plus nous en bénéficierons tous. Donc au final, nous avons tous un grand rôle à jouer et ce sera la somme de nos choix qui donnera le visage au monde de demain.
〰️ Pastel Fluo
site web | facebook | instagram
🔎 Continuez votre lecture: Geneviève Provencher souhaite plus de flexibilité au travail pour l’après Covid-19
Transparence: La journaliste a déjà collaboré bénévolement au contenu de Pastel Fluo
