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À la découverte des vins québécois avec Sommelier Nørdiq

À la découverte des vins québécois avec Sommelier Nørdiq

À leur retour au Québec, après avoir passé plusieurs années à Sudbury en Ontario, Steven Fortin devient sommelier professionnel spécialisé dans les vins nordiques et Elizabeth Ryan, communicatrice. En novembre 2017, ils créent Sommelier Nørdiq dont l’ambition est de faire découvrir les vins et cidres de la province, en livrant notamment chaque trimestre six bouteilles avec fiches de dégustation, sous l’appellation Boîte Nørdiq. Ils élargissent aussi leurs compétences et offrent aujourd’hui des événements corporatifs privés, en plus de cadeaux corporatifs. Rencontre.

Bonjour! Pourquoi avez-vous eu l’idée de faire découvrir les vins québécois?

Steven Fortin: Il y a une telle facilité à communiquer la passion pour les produits d’Ontario en Ontario par les Ontariens! Quand on est revenu au Québec, on s’est rendu compte qu’il y a environ 150 vignobles et pas tant de monde au courant. Si tu vas à la SAQ, c’est souvent les cinq mêmes vignobles, les deux mêmes cidreries et les mêmes produits qui sont disponibles à la grandeur de la province. Je me suis rendu compte qu’il y a un manque au niveau marketing de placements de produits et de communication.

Parallèlement, on a passé beaucoup de fins de semaine sur internet pour découvrir ce qui se fait aux alentours et on a pris la voiture pour visiter des vignobles. Souvent, ce sont des gens qui n’ont pas beaucoup de moyens pour engager, donc la personne derrière le comptoir pour faire la dégustation, c’est le vigneron lui-même. Ça nous a donné la chance de parler en profondeur de leur réalité et de leur histoire atypique.

Si en Italie, par exemple, un vignoble se passe de génération en génération, ici, ce sont les premiers. Ce sont des gens qui ont lâché leur job, qui se sont endettés d’environ un million pour partir leur projet et vivre leur passion. On est revenu la tête pleine d’expériences enrichissantes. On s’est dit qu’il y a beaucoup de gens dévoués avec des produits de qualité et qui ont besoin d’un coup de pouce pour être capable de les mettre en valeur.

Elizabeth Ryan et Steven Fortin.

Comment vous répartissez-vous les rôles?

S.F.: Elizabeth utilise toutes ses compétences apprises comme journaliste auprès de Radio-Canada: faire de la vidéo, des entrevues, s’occuper des médias, en plus de faire du démarchage d’affaires, donc c’est une job de relations publiques. Et moi, je suis derrière les lentilles pour communiquer cette passion. 

Elizabeth Ryan: Steven a l’expertise de sommellerie et un discours très accessible avec un choix de mot vulgarisé. Les gens aiment beaucoup notre duo avec d’un côté, le sommelier avec son approche un peu plus technique, et de l’autre, l’art du récit où les gens ont l’impression de faire connaissance avec les vignerons. 

«C’est encore difficile de parler d’une seule voix pour les vignerons québécois parce que les enjeux sont tellement nombreux entre le gros, les moyens et les petits joueurs.»

Est-ce que vous vous sentez toujours en contrôle malgré la croissance de l’entreprise?

E.R.: Nous sommes arrivés dans une industrie relativement jeune, qui fait face à des défis en termes d’organisation associative, de marketing, etc. C’est encore difficile de parler d’une seule voix pour les vignerons québécois parce que les enjeux sont tellement nombreux entre les gros, les moyens et les petits joueurs. Il y a encore beaucoup à faire de leur côté et ils y travaillent avec le Conseil des vins du Québec

De notre côté, on veut créer un modèle d’affaires. La Boîte Nørdiq dans sa première version [deux vins par mois, des vidéos de 10 minutes] a été le projet d’affaires qui allait nous mettre au monde et nous permettre de gagner des adeptes au niveau du public, de fidéliser une clientèle, de définir notre client cible. C’était un peu une aventure folle [en termes de quantité de travail] pour deux jeunes entrepreneurs alors on s’est dit qu’on allait le faire un an, puis peut-être transformer les vidéos en websérie, ce sur quoi on travaille présentement en coulisse. D’un autre côté, visiter une cinquantaine de vignobles, nous a également permis de gagner la confiance des vignerons. […] 

Et là, il y a la demande corporative, qui est un peu une surprise, avec un positionnement 100% local. On est à la bonne place, au bon moment. Il y a une autre demande qu’on a plus ou moins vue arriver; c’est toute la question des cadeaux corporatifs.

Le risque est que la demande définisse notre entreprise. Il y a deux piliers hyper importants qui nous définissent, c’est d’abord la notoriété de Sommelier Nørdiq, puis la recherche du bon modèle d’affaires. On a plus avancé sur le volet notoriété. En ce qui concerne le modèle d’affaires, il n’y a aucun précédent dans le monde des vins du Québec, on regarde ce qui se fait dans le monde. On est encore ouvert aux différentes occasions, même si on décline certaines offres parce qu’on est en train de se diversifier un peu trop. Pour une jeune entreprise, c’est une immense force de pouvoir être flexible. On dit que ça prend 5 ans de créer une entreprise, donc on se donne encore du temps.

Vignoble Saint-Thomas. Crédit: Elizabeth Ryan.

«On aimerait s’impliquer davantage au niveau médiatique pour faire en sorte que Sommelier Nørdiq continue de faire partie de la conversation au Québec en matière de consommation locale.»

Est-ce que votre cible reste le Québec?

E.R.: Il y a encore énormément de travail à faire ici. On dit que la province est un petit marché, généralement, c’est vrai. Par contre, les parts de marché des vins québécois en ce moment, c’est à peine 1% sur les tablettes, au niveau de la consommation du vin, donc il y a encore d’immenses gains à faire. 

L’identité nordique dépasse les frontières du Québec, mais il y a certainement une grande volonté en nous, avec Steven qui vient de Thetford Mines et moi qui ait grandi à Montréal, de redonner à la société et de voir comment on peut avoir un impact. L’industrie est en croissance au niveau de la quantité de bouteilles produites annuellement. Les plus récents chiffres sont de 3 millions pour 2019 et d’ici 10 ans, on veut qu’il passe à 10 millions.

Je pense qu’il y a tout un travail à faire pour faire découvrir ou redécouvrir les vins québécois aux Québécois. Suite au Grand Prix 2019 d’excellence de la relève en tourisme au Québec remporté en novembre par Sommelier Nørdiq, on est pas mal certain qu’il y a toutefois un immense intérêt au niveau du tourisme et une initiative à développer à moyen terme. 

Quels sont vos autres projets à venir?

E.R.: La refonte de notre page web pour pouvoir mieux témoigner de l’offre corporative. On a aussi envie de plus structurer l’offre entourant le temps des fêtes, tant les événements que les cadeaux corporatifs. On aimerait s’impliquer davantage au niveau médiatique pour faire en sorte que Sommelier Nørdiq continue de faire partie de la conversation au Québec en matière de consommation locale. Je pense que ce serait aussi de faire tout un développement d’affaires au niveau corporatif pour devenir partenaire de fleurons québécois.

🍷⚜️ Sommelier Nørdiq

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