Jusqu’à l’été 2020, il est possible de s’immerger au coeur de l’univers bigarré et joyeux de l’artiste visuel Marc-Olivier Lamothe. L’École Polytechnique a mis sur pied une station de bien-être dans un wagon de métro du projet MR-63 qui a pour mission de promouvoir la santé mentale et la créativité.
Alors que plus de la moitié des étudiant.es à l’université affirment souffrir de détresse psychologique, ce projet tombe à point. Tout en douceur, il est désormais possible d’admirer la signature particulière du créateur tout en prenant un temps pour soi. Entrevue.
Allô Marc-Olivier! Parle-moi du mandat qui t’a été confié pour cet espace particulier…
Je me suis fait approcher par le comité d’étudiants travaillant sur ce projet et ça m’a tout de suite parlé! L’Idée de créer une oasis de paix pour permettre aux étudiants d’aller se ressourcer et se détendre m’a tout de suite charmée.
Je crois fortement que les environnements dans lesquels on se retrouve ont un impact sur notre bien-être, sur qui nous sommes et, bien sûr, sur notre santé mentale. Les étudiants à la Polytechnique peuvent être parfois confrontés à un climat de performance, de compétition et de stress. On m’a donc demandé de créer une série d’oeuvres représentant la Station Poly et qui serait à la fois l’exposition d’inauguration.
Afin de réaliser ces oeuvres, de quoi t’es-tu inspiré?
C’était un projet super, j’avais l’impression de créer pour moi-même sur un projet personnel. J’avais certaines lignes directrices qui étaient très alignées avec ce que j’essaie déjà de véhiculer à travers mes créations personnelles, en particulier l’aspect joyeux que ça devait émettre. Je me suis inspiré de l’horaire des activités à venir et de ce qui se passe réellement à la Station Poly: pause-café, espace de relaxation, activités de zoothérapie, etc. J’ai aussi créé des visuels de nature, plages, montagnes, îles. En fait, c’est un peu ma comparaison fantastique de ce qu’est la Station Poly.
«Une oeuvre d’art ne te demande pas d’aller mieux. Je vois ça comme une autre forme de discussion.»
Pourquoi, selon toi, est-il important d’aborder le sujet de la santé mentale et de s’entourer d’oeuvres d’art?
Je crois que ça peut faire du bien. Quelqu’un qui vit un épisode dépressif ou une période de forte anxiété n’a pas toujours envie d’entretenir la discussion. Une oeuvre d’art ne te demande pas d’aller mieux. Je vois ça comme une autre forme de discussion. Si mon art peut toucher certaines personnes de manière positive, les faire sourire et mettre de côté les pensées grises pour un moment, ma mission est accomplie!
L’été dernier, au festival Mural, des gens sont passés voir ma murale et m’ont dit qu’ils avaient ressenti le besoin de repasser une deuxième fois dans la semaine parce que mon oeuvre les faisait se sentir bien et dégageait quelque chose de positif. Ça m’a vraiment touché.
Parle-moi un peu de ton parcours et de ta démarche artistique.
En 2011, j’ai fait une formation en infographie à Sherbrooke. J’ai toujours été passionné par le design et toutes les formes d’arts visuels. C’était plus un hobby pour moi d’aller voir des expos de design et de visiter des musées. Je n’avais pas vraiment les repères nécessaires pour visualiser comment je pourrais vivre de ça! Pendant un long moment, la création a fait partie de ma vie, mais plus de manière privée, je ne partageais pas ce que je créais. Mon appartement était rempli d’oeuvres et seuls mes amis proches étaient au courant que je faisais de la création visuelle!
«Le fil conducteur actuel de ma pratique est la création de joie.»
Ce que je fais maintenant, ça fait presque 2 ans. Je crois que l’idée principale venait d’un dilemme entre être illustrateur ou artiste-peintre. J’ai réalisé que le fait de me chercher un titre me créait certains blocages et j’ai décidé de créer de la manière la plus honnête ce qui sortait de moi sans me mettre de contraintes. [Il me fallait] juste surfer là-dessus naturellement!
J’ai créé une série d’oeuvres sur toiles ainsi qu’une murale dans ma ville natale et j’ai décidé de partager mes créations avec le public. Ça m’a amené à travailler chez Sid Lee pendant 8 mois et ce fut une expérience très enrichissante. J’étais à la fin d’un projet dans l’agence et je recevais plusieurs demandes de collaborations à l’extérieur. Le timing était plutôt bon.
Depuis juin dernier, je suis artiste visuel à mon compte. Le fil conducteur actuel de ma pratique est la création de joie. Je crée des visuels ludiques et colorés composés de formes abstraites flottantes, de créatures vivantes et d’éléments naturels. Bref… De véritables petits univers joyeux.
J’adore également les projets qui m’amènent à décliner mon style sur de nouveaux médiums, que ce soit sur du textile, sur des oeuvres grands formats ou sur des projections numériques.
🖌️ Marc-Olivier Lamothe
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