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Frédérick Ouellet: Pour l’amour des arts

Frédérick Ouellet: Pour l’amour des arts

Frédérick Ouellet est un créatif touche-à-tout qui s’exprime sous différentes formes depuis une trentaine d’années. Peinture, collage, sculpture ou encore direction artistique, pour ne citer qu’une poignée de disciplines. Que ce soit pour des commandes de grande envergure, des restaurants, des affiches, les arts de la scène ou pour lui-même lorsqu’il se retrouve seul avec ses pinceaux et la nature, l’artiste conçoit des récits riches de sens. Toutefois, c’est avec humilité qu’il relate ses nombreux projets. Il ne déroule pas son CV avec prétention et préfère indiquer que sans cesse, dans son esprit, émergent de nouveaux concepts.

Sa signature évoque le rêve et il imprègne ses oeuvres de détails saisissants, énigmatiques et propices à l’imagination. Son travail souvent surréaliste ouvre la porte aux émotions telles que nous les vivons: dans la confusion, de manière intemporelle, voilées de poésie. Difficile de faire rentrer Frédérick Ouellet dans une case… Et c’est tant mieux.

Après quelques années de pause, le temps de couver de nouvelles idées audacieuses, l’artiste multidisciplinaire a remporté en juillet dernier le Grand Prix du Festival Mtl en Arts. Entretien.

Frédérick Ouellet. Courtoisie.

Bonjour Frédérick. Parle-moi un peu du parcours qui t’a amené à devenir artiste visuel, mais aussi chef-peintre dans le domaine du décor. Es-tu attiré par les arts depuis longtemps?

Oui, j’ai commencé à peindre très tôt dans ma vie. Jeune, j’avais des commandes de tableaux de personnes qui m’encourageaient, des amis, et ainsi de suite. Je recevais tout le temps du matériel de peinture à ma fête, ça a toujours fait partie de moi, même si personne n’était artiste dans ma famille. Je dessinais partout! J’ai ensuite commencé autour de mes 24 ans à exposer dans des galeries. Je n’ai pas étudié dans le domaine, mais j’ai débuté dans le décor à 16 ans. Une compagnie près de chez moi m’avait donné ma chance pour une journée et en fin de compte ça a fonctionné, j’ai fait des fresques et j’ai adoré les grands formats. Ce n’est pas du tout la même sensation que la peinture sur tableaux! Ce sont deux choses vraiment séparées, même si ça se ressemble.

Dans ma carrière, j’ai donc réalisé beaucoup de décors et fait de la peinture en direct pour divers événements, dont l’Opéra de Montréal, dans des bars, des restaurants, des festivals, des symposiums, etc. D’ailleurs, j’aime la peinture en direct parce que c’est un kick que tu n’as pas en atelier. Tu as comme une adrénaline en plus sous le regard du public. La concentration est aussi très différente, il y a du monde en arrière qui te juge, c’est beaucoup de pression! [rires]

«Souvent j’imagine des histoires, des scénarios que je veux conter en images.»

Tu réalises des projets très variés, mais comment définirais-tu ta signature artistique? Est-ce qu’il y a des thèmes qui reviennent dans ton travail?

Je dirais que je fonctionne beaucoup avec les symboles, les forces, les énergies. Parfois ça peut être des animaux, parce que je suis un garçon de la campagne. Il y a donc toujours eu un certain lien avec la nature ou encore des objets comme des chaises, d’autres mobiliers… C’est très théâtral justement. Je n’ai pas de style précis, je crois, j’aime m’amuser d’un côté et de l’autre.

Crédit: Frédérick Ouellet.
Crédit: Frédérick Ouellet.

Y’a-t-il des moments précis où tu as des impulsions créatrices?

C’est vrai qu’à l’extérieur de la ville, ça devient très différent l’inspiration. Les montagnes, les plans d’eau, ça m’a toujours intéressé. Je pensais que je n’aimais pas peindre des paysages puis en fin de compte, j’ai fini par le faire! Mais souvent j’imagine plutôt des histoires, des scénarios que je veux conter en images.

Tu es également le fondateur de l’Atelier La Niche qui conçoit et fabrique des décors et des accessoires pour le théâtre, la danse, le cirque, le ballet, etc. Beaucoup de choses qui tournent autour des arts du spectacle!

Oui, je vais bientôt réaliser un grand tableau pour le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Mais, c’est très varié. Je fais aussi des design de restaurants, de bars. Ça fait déjà 25 ans que je fais des décors!

Ça faisait plusieurs années que je travaillais dans ce domaine pour un employeur en tant que chef-peintre et directeur artistique, et il y a 6 ans j’ai fondé l’Atelier La Niche. J’avais de plus en plus de contrats de conception de mon côté donc je me suis lancé en affaires pour sélectionner les projets qui me plaisent. Aujourd’hui, je collabore avec plein de gens, selon mes besoins: des peintres, des menuisiers, etc. À la base, je suis seul, mais des équipes se forment selon la nature du projet. J’ai des périodes mortes aussi, et d’ailleurs je suis bien content d’en avoir!

Courtoisie Atelier La Niche.

Oui, j’imagine que ça prend des moments libres pour trouver de l’inspiration.

Justement, j’ai arrêté de peindre pendant 4 ans et j’ai recommencé cet hiver. Il y a 4 ans, toutes les galeries que j’aimais ont commencé à fermer, ici et à Toronto. Il faut dire que j’étais moins intéressé et je me sentais moins libre dans ce que je créais, j’avais surtout des commandes. Quand toutes mes sculptures et mes tableaux étaient devant moi, j’ai pensé à tout le temps que j’avais passé dessus, j’ai eu comme un shutdown. Ça faisait pas loin de 10 ans que je donnais beaucoup donc ce petit break-là m’a donné la chance de consolider ma compagnie. Mais en même temps, le cerveau ne s’arrête jamais donc je ne peignais pas, mais dans ma tête je développais des concepts et j’y pensais beaucoup. Et j’ai recommencé tranquillement avec le collage il y a quelques mois, c’était juste pour me garder en vie au début.

Présentement tu jongles avec le fait d’être à la fois entrepreneur et artiste.

Exact, et parfois ça s’entremêle. En ce moment, j’ai des contrats pour des affiches de spectacles, des couvertures de livres, et le week-end dernier j’ai créé une murale dans le cadre de RU. Ah, j’ai aussi un projet de réalité augmentée qui s’en vient! Ça arrive que parfois l’une de mes oeuvres soit utilisée ultérieurement pour un contrat, mais souvent, les gens m’approchent car ils ont aimé le style d’une de mes peintures en particulier et souhaitent que j’insuffle un peu la même chose pour l’un de leurs projets.

Crédit: Frédérick Ouellet.

Tu es récipiendaire du Grand Prix du Festival Mtl en Arts 2019. Est-ce que tu t’y attendais et qu’est-ce que ça représente pour toi?

Non, pas du tout! J’étais presque gêné! Car après ma pause de 4 ans, pour moi c’était comme recommencer à zéro. J’étais surpris et heureux de gagner. Ça m’a donné un bon boost pour continuer et c’est beaucoup de reconnaissance en même temps. Depuis ce prix-là, beaucoup de personnes me contactent pour des expos, des collaborations, etc. C’est comme si tout était revenu comme avant, mais différemment. Mon but n’était bien sûr pas de gagner, je voulais simplement avoir un feedback du public en testant quelque chose de nouveau.

J’y ai présenté une série de collage avec des bonbons [intitulée «Les Pâtissières»]. Je voulais m’amuser, essayer ce médium. J’ai utilisé des Pop-Tarts, des bonbons, des céréales… C’est une série que je trouve différente de toutes mes anciennes créations. Mes amis peintres qui voyaient ces oeuvres me demandaient parfois si je niaisais, si j’étais sérieux! [rires] Au début, j’ai eu des doutes. Mais en fin de compte, plus on me posait la question, plus ça me poussait à le faire.

Frédérick Ouellet exposera bientôt ses oeuvres à Montréal. Bonbons ou pas, restez à l’affût.

🌀 Frédérick Ouellet

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