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L’histoire derrière la Station F-MR: Un lieu transitoire pour mieux investir demain

L’histoire derrière la Station F-MR: Un lieu transitoire pour mieux investir demain

À l’apparence légèrement futuriste et à l’atmosphère conviviale, la Station F-MR est presque sur toutes les lèvres cet été; c’est l’un des nouveaux espaces éphémères investis par les Montréalais qui souhaitent profiter des beaux jours. Derrière cette installation inusitée et provisoire, constituée notamment de vieux wagons de métro, se cache en fait un projet d’envergure, qui lui sera permanent. La Station F-MR est en fait une expérience «test» qui vient appuyer l’évolution de MR-63 Montréal, un futur montage d’anciens trains de la STM qui viendra former un édifice dont la mission première sera de soutenir les arts et la culture d’ici.

Depuis le printemps, la Station F-MR accueille une myriade d’activités au bord du canal Lachine. En plus d’avoir une scène extérieure, d’abriter dans ses wagons une boutique, une salle d’exposition et un café, le lieu offre un vaste espace de détente et de travail, divers concerts, performances, événements, découvertes de produits et artistes locaux. Bref, le jeune lieu éphémère semble se déployer au service de tous les goûts et intérêts.

Mais à l’heure où les villages temporaires foisonnent, qu’est-ce qui fait l’authenticité de ce concept en particulier? «Ce qui nous différencie des autres places, c’est que nous, on est vraiment éphémère, éphémère! Ici, c’est un laboratoire», indique la responsable de communications de la Station F-MR et du projet MR-63 Perrine Austruy.

Un projet fou, une volonté sans compromis

Un petit retour en arrière s’impose. En décembre 2012, les frères Étienne et Frédéric Morin Bordeleau ne restent pas indifférents lorsque la STM annonce que les wagons Azur vont bientôt venir remplacer les MR-63. «Tout est parti d’une idée folle que nous avons eu de récupérer ces wagons de métro, se remémore Étienne M. Bordeleau. Pourquoi ne pas les réutiliser, les sortir de terre et en faire une sculpture commémorative? Au début, on songeait à créer une oeuvre d’art, mais le fait que ce soit aussi grand et imposant nous a poussés à leur donner une vocation plus complète.»

Armés d’audace et sans aucune expérience en architecture, les deux entrepreneurs improvisent une petite maquette en deux dimensions à l’aide de papier et de carton afin de simuler une structure constituée de wagons les uns sur les autres. «Et à partir de là, on a commencé notre chemin de Compostelle!», s’amuse Frédéric M. Bordeleau.

Mais ce n’est qu’en 2016 qu’ils remportent l’appel à projets de la STM afin de réutiliser les anciens wagons. Avant cette date, les fondateurs de l’initiative avaient entamé un dialogue avec la compagnie de transport en commun toutefois sans aboutissement concret.

L’engouement des publics qu’ils sollicitent et l’envie de voir naître MR-63 Montréal les poussent à continuer au fil des mois. Juste avant d’avoir reçu le tant attendu «oui» de la STM, Frédéric M. Bordeleau décide de quitter son emploi et de s’investir à temps plein sur le projet. «C’était vraiment un pari et la situation était précaire», reconnaissent-ils. Pour ajouter à leur agenda d’entrepreneurs déjà bien rempli, ils reprennent en parallèle l’entreprise Artbangbang. «On a toujours travaillé de pair ensemble», souligne avec enthousiasme le duo qui semble animé par les mêmes ambitions.

Un espace où convergeront les domaines et les talents

Assez rapidement dans leur chemin de croix, l’idée de fonder un endroit au service de la diffusion des talents locaux, du rayonnement culturel multidisciplinaire, de la sensibilisation à la consommation locale et de la coopération entre les acteurs des secteurs culturels s’impose à eux. «Notre objectif c’est de rassembler toutes les communautés créatives de Montréal sous un même toit», annoncent-ils. Ils soulignent au passage ne pas vouloir devenir une autre institution, mais créer un lieu afin que les organismes qui existent déjà puissent s’en servir.

 

En fait, MR-63 se destine à devenir un véritable petit condensé de Montréal. «C’est l’idée de créer quelque chose qui goûte Montréal, de l’extérieur, visuellement, grâce aux wagons emblématiques, mais aussi à l’intérieur, en offrant un échantillon représentatif de tout ce qu’on trouve ici: microbrasseurs, créateurs, artisans, designers, restaurateurs, artistes locaux, illustre Perrine Austruy. À l’image d’une vitrine, d’une carte postale de la ville.» Les deux frères abondent en ce sens «Oui, c’est exactement ce “feeling” qu’on souhaite donner.» 

Selon l’équipe, Montréal a beau être le berceau de nombreux créatifs, les entrepreneurs font encore face à des obstacles non négligeables. «Ça reste difficile de vivre de son art et de son savoir-faire», accusent-ils. En effet, malgré l’effervescence artistique et le champ des possibles qu’offre la métropole, beaucoup d’artistes et d’artisans déplorent notamment le manque de lucrativité. «C’est face à ce constat-là qu’on a décidé de centrer notre projet sur les talents. Le métro c’est en fait un catalyseur de l’attention.»

Assembler le passé et l’avenir de Montréal

Ce que les frères ont également perçu dans ce projet c’est l’hommage symbolique au Montréal d’hier, à ses aboutissements, pour la pérennité de ses innovations d’aujourd’hui. «Le wagon MR-63 c’est un emblème patrimonial. L’expo 67 avait mis ou plutôt remis la métropole sur la mappe à l’époque, dit Frédéric M. Bordeleau. À partir de là, Montréal s’est redécouvert une passion pour le design, pas longtemps après on est devenu ville UNESCO de design et il y a eu un fort accroissement de la culture. Et présentement, on est reconnus internationalement pour notre scène gastronomique, notre scène en design, en jeu vidéo, en intelligence artificielle, etc.»

Le bâtiment futur abritera autant les résultats des acteurs de la relève que ceux des talents déjà établis. L’équipe explique vouloir avant tout instaurer «une proximité entre tous les créateurs montréalais et le public», devenir un lieu de vie aux multiples couleurs et inspirations.

Plusieurs éléments semblent ainsi vouloir marier l’histoire à l’avenir. Que cela soit dans le choix de réunir des catégories et générations différentes de citoyens, ainsi qu’en s’appuyant sur l’aspect nostalgique et iconique des wagons au service du futur, tout en prônant le développement durable.

 

En attendant, la Station F-MR bat son plein depuis mai dernier et c’est justement l’effet escompté. «Il nous fallait quelque chose de concret à proposer pour diffuser la mission et que le public embarque. Parfois un dessin et des paroles, ça ne suffit pas. Mais là, c’est viable, ça fonctionne», se réjouit Perrine Austruy.

Grâce à cette initiative pilote tangible, l’équipe annonce que le projet à long terme avance bien. Le lieu où sera situé MR-63 Montréal n’est pas encore connu, mais celui-ci séduit apparemment le Quartier de l’Innovation.

En attendant 2021, date approximative à laquelle les Montréalaises et Montréalais pourront assister à l’ouverture du bâtiment MR-63, la Station F-MR propose une riche programmation estivale jusqu’au 16 septembre. Ce village transitoire ne devrait ainsi pas revenir l’année prochaine, mais les frères Morin Bordeleau promettent que leur grand retour se fera sans faute et s’inscrira avec cohérence dans le paysage citadin.

Station F-MR

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MR-63 Montréal

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