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Audrey Girard, directrice générale et copropriétaire de la Microbrasserie Riverbend

Audrey Girard, directrice générale et copropriétaire de la Microbrasserie Riverbend

🍺 La série «Les Brasseuses» donne la parole aux femmes de l’industrie brassicole. Ce dossier est réalisé en collaboration avec La Chope à Malt / Beer Grains Supply🍺

Parlez-nous un peu de vous et de votre parcours…

Je suis Audrey Girard, copropriétaire de la Microbrasserie Riverbend. J’ai étudié en cuisine d’établissement à l’ITHQ. Je suis aussi éducatrice à l’enfance de formation. Éternelle étudiante universitaire, j’ai commencé différents baccalauréats: enseignement, anthropologie, administration. Avec le temps, j’ai acquis beaucoup d’expérience dans le domaine de l’alimentation et du service. C’est lorsque j’ai eu une famille à la maison, afin de concilier travail et famille, que l’idée du projet de microbrasserie est née avec mon conjoint Sébastien Morasse et son frère, Jean-Philippe Morasse. C’était la suite logique pour mes ambitions personnelles.

Votre emploi et titre actuel?

Je suis directrice générale de la Microbrasserie Riverbend. Je me plais souvent à l’appeler «toute autre tâche connexe», ce qui est souvent le cas dans les petites entreprises. Le marketing, les communications, les ressources humaines, le management et la paperasse juridique et administrative, ça remplit bien des journées!

Dans quelle ville?

À Alma, au Lac-Saint-Jean.

Quelques mots pour définir quel type de travailleuse vous êtes…

Une bordélique organisée! Vu de l’extérieur, je suis difficile à suivre. Toujours en mode multitâche, j’en perds parfois mes idées. D’un autre côté, ça me permet d’avoir un portrait global et réaliste de la situation de notre entreprise à tous les niveaux, en tout temps.

Audrey Girard
Audrey Girard. Courtoisie.

«Les «Ah, tu travailles pour ton conjoint?» et «J’veux voir le boss», je les ai entendus souvent.»

D’où vient votre intérêt pour la microbrasserie?

Quand j’ai commencé à consommer de l’alcool, c’était avec des bières de microbrasseries, Unibroue pour être plus précise. Je suis donc tombée dedans assez jeune, développant un intérêt pour les bières avec du goût… Et évidemment, un assez fort pourcentage d’alcool. Dès mon exode de la région pour la grande ville de Montréal, à 19 ans, je me suis mise à fréquenter les broues-pubs et apprécier de plus en plus de styles différents.

Qu’est-ce qui rend votre bière unique? 

Nos bières sont un hommage à différentes méthodes brassicoles ancestrales auxquelles Sébastien s’est intéressé suite à des lectures et des rencontres, par exemple, la fermentation selon le Burton Union System. Les recettes sont adaptées au terroir et à la réalité bien de chez nous. Plus de 85% du houblon qu’on utilise provient du Québec et on remplace de plus en plus le malt importé par du malt québécois, et même régional. Les levures et les fruits utilisés dans nos bières sont de provenance 100% québécoise. Nos bières se veulent les plus naturelles possible, non filtrées, sans ajout de sucre ou d’enzymes. Au final, nous visons l’harmonie et l’équilibre au niveau du goût!

L’équipe de la Microbrasserie Riverbend. Courtoisie.

Quels sont les défis que vous avez rencontrés, en tant que femme dans le domaine brassicole encore amplement masculin?

Le milieu brassicole fait preuve d’une grande ouverture d’esprit en général. C’est dans le monde de l’entrepreneuriat qu’on se bute parfois aux clubs d’hommes. Les «Ah, tu travailles pour ton conjoint?» et «J’veux voir le boss», je les ai entendus souvent. C’est très difficile pour moi de comprendre ces raccourcis intellectuels et l’impact qu’un standing peut avoir sur le comportement d’une personne. Je ne suis pas très bonne au jeu de la hiérarchie, encore moins de la ségrégation; chaque personne est unique et possède ses forces et ses faiblesses qu’on doit mettre en lumière.

RECETTES DE BIÈRES & INDUSTRIE BRASSICOLE 2019 DANS LA BOUTIQUE BARON

 

Quels sont les avantages d’être une femme dans cette industrie?

Avoir meilleure mine que les hommes en lendemain de veille grâce au fond de teint! Haha!

Qu’aimeriez-vous voir changer au sein de l’industrie des microbrasseries locales?

Commençons par régler la complexité de la vente aux détenteurs de permis de réunion, ça serait un bon casse-tête de moins!

«Les gens […] s’intéressent de plus en plus à la philosophie et aux personnes qui se cachent derrière [une microbrasserie]. Le choix du consommateur étant axé autour de ses valeurs, communiquer les nôtres est primordial.»

Quel conseil donneriez-vous à une femme débutante dans l’industrie de la bière?

Le même conseil que je donnerais à n’importe qui: sois toi-même, ne laisse personne d’autre te dicter qui tu es.

Quelles astuces conseilleriez­-vous pour améliorer la productivité?

Du côté technique, les tableaux de bord et les objectifs sont de bons outils pour motiver les employés. Cependant, il ne faut pas négliger tout le côté humain de la gestion des troupes. C’est un travail exigeant, surtout au niveau de la production, donc il faut savoir créer une ambiance conviviale et communiquer des valeurs rassembleuses.

Quel est votre plan pour contrôler la croissance de Riverbend?

Il n’y a pas vraiment de secret, c’est de se fixer des objectifs à court, moyen et long terme. Avec une planification stratégique, en théorie, c’est facile, mais dans le cadre d’une petite entreprise, en pratique, ça représente un bon défi.

Quelle est votre stratégie pour faire connaitre votre bière?

Comme nous sommes une microbrasserie industrielle, c’est important pour nous de se déplacer pour faire connaître nos produits, que ce soit en épicerie ou en festival. Les gens aiment les découvrir, mais ils s’intéressent aussi de plus en plus à la philosophie et aux personnes qui se cachent derrière. Le choix du consommateur étant axé autour de ses valeurs, communiquer les nôtres est primordial, et personne n’est mieux placé que nos propres employés pour le faire. Ça s’applique aussi à notre distribution, dont toute la vente est prise en charge à l’interne.

Qu’est-ce qui vous motive à aller au travail chaque jour?

Ce qui me motive le plus, c’est mon désir de changer le monde, mais à petite échelle. C’est de faire tout ce qui est possible pour développer des partenariats locaux, de s’intégrer dans l’économie régionale, de prospérer et d’en faire profiter toutes les parties prenantes.

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?

On m’a appris à accueillir mes émotions. Aussi glamour que l’entrepreneuriat puisse paraître, c’est une montagne russe de situations imprévisibles qui apporte son lot de surprises et de désagréments. On n’a pas tous appris à gérer ça de la bonne façon.

À la fin d’une journée, quelle sorte de bière buvez-vous pour vous détendre?

En général, je choisis des bières sures ou sauvages, question de goût. J’aime la complexité qu’on y retrouve, la subtilité. J’apprécie aussi la bonne vieille pilsner, quand c’est bien fait. Je suis du genre à lire les étiquettes et à choisir ce qui est le plus local et le moins dénaturé possible.

🍺🙋‍♀️ Microbrasserie Riverbend

site webfacebook
945 avenue Sicard, Alma, Québec

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