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Blés de pays: La première année en affaires

Blés de pays: La première année en affaires

Créer une entreprise n’est jamais évident, passer au travers de sa première année d’activité encore moins. Pour nous, plusieurs compagnies reviennent sur leurs premiers mois d’entrepreneuriat et se confient sur leurs échecs, mais aussi leurs aspirations, tout en offrant quelques conseils au passage.

Aujourd’hui, on discute avec un entrepreneur-artisan boulanger qui façonne son pain avec des blés anciens et locaux pour les restaurateurs et les particuliers. À partir de son atelier situé dans le Mile-End, il expérimente les matières premières et les saveurs pour concevoir des pains spéciaux et gouteux. 

Pour acheter ses produits, la commande est nécessaire, puisque Maxime Deslandes, l’instigateur de Blés de pays, ne travaille qu’ainsi. Pas de boutique, mais une vraie promesse de qualité pour celles et ceux qui se prêtent au jeu. Comment s’est déroulé son lancement en affaires? Il nous répond.

 

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Après environ 100 utilisations et quelques coutures ici et là, j’ai enfin rentabilisé mes sacs en toile. #zerowaste #zerodechet

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Bonjour Maxime. Parle-nous un peu de Blés de pays.

J’ai lancé ma boulangerie Blés de pays il y a deux ans. J’ai commencé à fournir du pain dans les restaurants d’un ou deux de mes amis puis j’ai réussi à me construire une belle base de clients. Je fabrique des pains sur commande uniquement. Ils doivent être commandés 48h à l’avance, via la page Facebook ou l’infolettre. Je travaille avec des variétés de blés anciennes, fraîchement moulues sur meule de pierre. Je travaille avec Simon Duval des Grains du Val qui me livre de la farine de blé bio, toutes les semaines ou toutes les deux semaines, et me permet de sortir de super bons produits. 

Comment a débuté Blés de pays?

J’ai travaillé comme cuisinier pendant 5/6 ans en restauration à Montréal. Un jour, j’ai fait du pain dans un restaurant où je travaillais parce qu’il en manquait et depuis ce moment-là, je ne me suis plus jamais arrêté! [rires] Je suis allé suivre ensuite une formation en France avec Nicolas Supiot, un paysan boulanger. Il travaille du grain — qu’il cultive lui-même — jusqu’au pain en utilisant des variétés anciennes de blés. Son approche m’a immédiatement plu.

Je veux travailler avec des blés intéressants qui viennent d’ici, mais ça a été difficile de développer une clientèle. C’est pour ça que je me suis dirigé surtout vers les restaurants, parce qu’il y a énormément d’établissements qui mettent en avant une approche de la ferme à l’assiette.

D’ailleurs, pourquoi ne faire que du pain sur commande?

Pour ne pas avoir de pertes! Une boulangerie classique va tous les jours faire un peu plus de pains que ce qu’elle pense vendre, pour être sûre de ne pas en manquer. Leur farine ne leur coûte pas très cher, 20 $ la poche de 20 kg, environ. Mais ma farine la moins chère est à 38 $ et peut monter jusqu’à 55 $, en plus du sel de mer qui me coûte autour de 200 $ le 20 kg! C’est excessivement dispendieux, mais comme je n’ai pas de pertes grâce à la prise de commandes, je peux me le permettre.

«Je peux mettre un visage sur chaque pain que je façonne, j’aime discuter avec les clients et travailler des variétés anciennes de blés.»

Avais-tu une précédente expérience dans le monde des affaires?

Pas vraiment. Je ne l’ai pas tant fait pour devenir entrepreneur, mais parce que déjà, j’étais écœuré de travailler de nuit. J’ai désormais une méthode qui me permet de travailler durant la journée comme tout le monde. En deux ans, j’ai réalisé de belles ventes et je suis déjà capable de me payer. 

As-tu bénéficié d’aides quelconques lorsque tu t’es lancé?

Au début, je cuisinais mes pains à la boulangerie Le Pain dans les bois. J’y ai travaillé en tant que boulanger, puis mon propriétaire, une personne très sympathique, m’a proposé de lancer mon projet dans sa boulangerie. Au départ, je travaillais le soir pendant que les employés n’étaient pas là. Au bout d’un moment, j’ai eu suffisamment de ventes pour aller chercher un prêt, m’acheter un four, louer un atelier, etc.

Après deux ans d’entrepreneuriat, quel est ton bilan?

Il y a peut-être des petits trucs que je changerais, mais j’ai vraiment du fun! C’est aussi beaucoup de travail. Ça fait deux ans que je travaille 6 jours sur 7, 50 à 60 heures par semaine. Je commence à avoir un employé, alors je vais bien finir par me prendre des vacances un jour! [rires]

Quelles valeurs sont les plus importantes pour toi?

La valorisation des variétés anciennes de blés qui sont moins nocives pour la santé, plus intéressantes au niveau du gout, etc.. Je permets aussi à d’autres gens d’être valorisés, surtout les producteurs. Dans le blé et les céréales en général, eux ne voient jamais le fruit de leur travail.

Tes anciennes expériences professionnelles t’ont-elles servie?

J’ai étudié à l’ITHQ en gestion de restauration et de service alimentaire. J’ai aussi beaucoup supervisé des équipes dans des restaurants en tant que sous-chef. Donc au niveau des inventaires et des prises de commande, j’ai toujours été très à l’aise. Je m’occupe de ma gestion au quotidien, de mes taxes, etc. J’ai de l’expérience dans ce domaine-là, et ça, ça m’a aidé à bien démarrer, je pense.

Qu’est-ce qui te motive à aller travailler le matin?

Je peux mettre un visage sur chaque pain que je façonne, j’aime discuter avec les clients et travailler des variétés anciennes de blés.

Quels sont tes projets pour 2020?

Je vais avoir besoin d’un local plus grand, parce que là, je partage un atelier. J’aimerais aussi embaucher une personne de plus. [NDLR Maxime Deslandes emploie déjà une personne 5 heures par semaine] Ça m’aiderait grandement à proposer d’autres projets. Parce que je pense que si les ne gens ne viennent pas jusque dans le Mile-End, c’est parce que je propose seulement du pain. Se déplacer jusqu’à mon atelier pour un pain qui coute environ 6 à 7 $ de temps en temps, ça ne tente personne. Mais si je te propose d’acheter du pain, des bagels puis une boîte de 6 pâtisseries mettons, là tu vas te déplacer pour 40/50 piasses!

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes entrepreneurs?

Leur dire qu’ils se préparent à devoir beaucoup travailler! Mais ça vaut la peine quand tu as l’impression de faire ça pour une bonne raison. Si tu fais ça pour l’argent, ça n’est pas assez motivant. Je le fais parce que dans le processus, je valorise beaucoup de personnes.

🥖 Blés de pays

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