Créer une entreprise n’est jamais évident, passer au travers de sa première année d’activité encore moins. Pour nous, plusieurs compagnies reviennent sur leurs douze premiers mois d’entrepreneuriat et se confient sur leurs échecs, mais aussi leurs aspirations, tout en offrant quelques conseils au passage. Aujourd’hui, on discute avec l’entrepreneure derrière Bon débarras qui facilite les ventes de seconde main à l’ère numérique.
Écoresponsabilité et économie circulaire: voilà qui résume bien la mission de Bon débarras. Le site permet de trouver, en un simple clic, les ventes de garage qui fleurissent dans les rues québécoises l’été. Il est désormais aussi possible de connaitre où se trouvent les marchés aux puces, bazars et autres ventes d’occasion qui se déroulent régulièrement dans la province. Fondée en avril 2017 par Julie Magnien et son mari, la plateforme permet de dénicher et d’offrir une nouvelle vie à des objets qui auraient pu être abandonnés sur le trottoir. De quoi fragiliser la consommation de masse, s’offrir des pièces vintage et soutenir la durabilité.

Bonjour Julie! Comment résumez-vous les débuts de votre compagnie?
Je dirais que c’est excitant et compliqué. Il faut croire en son projet, même si tout ne fonctionne pas comme on l’avait prévu, surtout au début. Il faut être à la fois souple et persévérant.
En quelque mots, qu’est-ce que c’est Bon débarras?
La vente de garage, c’est quelque chose de très culturel, de très ancré, mais très physique. Notre but, c’est de la rendre visible pour beaucoup de gens et la numériser.
J’ai toujours été dans le milieu des brocantes, des vide-greniers. Quand on est arrivé au Québec, je me suis dit: «je sais qu’il y a beaucoup de ventes de garage en Amérique du Nord, on va pouvoir regarder où elles sont», et quand j’ai commencé à les chercher sur le web, je me suis aperçue que c’était compliqué de les trouver. De là est née l’idée de construire une plateforme web [rassemblant ces informations] qui soit accessible à tous. Petit à petit, l’idée s’est également étendue aux ventes de déménagement, aux ventes de succession, aux friperies, aux bazars et aux marchés aux puces.
Aviez-vous déjà oeuvré dans le monde des affaires?
Pierre et moi avons tous les deux fait des études de commerce, mais nous étions salariés en France. Ça nous intéressait vraiment cette aventure, de prendre des risques tout en sachant que c’est calculé, d’être maître de son temps, de ses décisions.
Comment votre projet a-t-il évolué au cours des derniers mois?
Le gros challenge de Bon débarras, c’est que les gens ne publient pas leurs ventes avec beaucoup d’avance. Donc, il faut en permanence aller chercher des vendeurs, notifier les visiteurs. Et c’est très saisonnier. C’est là qu’est venue l’idée de nous intéresser au tissu des bazars, des marchés aux puces, qui sont eux organisés toute l’année.
On a aussi réalisé que Bon débarras était positionné dans l’économie circulaire. Alors qu’au début, j’étais vraiment sur les ventes de garage en tant que tel. C’est un service hyper ecofriendly qu’on propose. On commence à avoir du trafic et des utilisateurs qui reviennent. Et à être connus aussi. Ça fait quelque chose quand je parle du site et qu’on me dit «ah ben oui, je le connais»! [rires]
«La vente de garage, c’est quelque chose de très culturel, de très ancré, mais très physique. Notre but, c’est de la rendre visible.»
Quelle est la chose la plus importante que vous ayez apprise à travers le lancement de votre entreprise?
Savoir s’adapter et être ouvert à la critique constructive. Quand on a fait quelque chose, il faut savoir la modifier au besoin.
En tant qu’immigrée, en créant son entreprise, on apprend énormément de choses beaucoup plus vite, je trouve, sur le pays dans lequel on vit: les médias, la géographie, les spécificités de la langue, etc.
Vos expériences professionnelles passées vous ont-elles été utiles?
J’étais en communication marketing, et mon conjoint en finances et en administration des affaires. En fait, on se complète vraiment bien, et effectivement, nos expériences d’avant nous ont beaucoup aidé!
De quelles aides avez-vous bénéficié pour la création de Bon débarras?
Grâce à mon mentor, qui est plus jeune que moi, on a trouvé de bons développeurs. Puis, j’ai aussi été accompagnée par PME Montréal et Futurpreneur entre autres. Il y a un bon réseau pour aider les entrepreneurs à Montréal. C’est dynamique, c’est vraiment bien.
Quelles sont vos motivations à aller travailler le matin?
Se dire qu’on fait quelque chose qui aide grandement à récupérer des objets et in fine qu’il y a moins de déchets. Se dire qu’on aide aussi les gens à consommer autrement. Qu’ils n’achètent pas que des choses neuves parce qu’on peut récupérer des objets qui sont super, parfois anciens et pas abîmés.
Quels sont vos projets d’avenir pour Bon débarras?
On aimerait créer une application à une échelle de temps moyenne. On va aussi continuer de développer la plateforme parce que plus elle va être utilisée, plus elle va être utile. J’écris aussi des articles sur l’histoire des objets: des jouets, des meubles, les différents courants… J’adore l’histoire des objets! À travers ça, je trouve que l’on comprend l’histoire d’un pays.
Quels conseils donneriez-vous à de futurs entrepreneurs?
Quand on a une idée et qu’on commence à la concrétiser, ne pas hésiter à demander des conseils au plus grand nombre de gens. Ne pas se lancer bille en tête en se disant «c’est mon truc, c’est moi qui décide.»
♻️ Bon débarras
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