Nous avons lancé l’invitation à plusieurs artisan-es issu-es de domaines distincts afin qu’ils nous parlent de leur réalité, des enjeux d’une consommation locale réfléchie et de leur préparation pour le temps des Fêtes.
Boho Montréal, ce sont des objets décoratifs et des accessoires qui égayent le quotidien dont l’esprit bohème et romantique est assumé. Si vous fréquentez les foires montréalaises d’artisanat, les macramés et autres tissages colorés de la compagnie ont probablement attiré votre regard! L’art du fait main a happé Karèle Bellavance en 2014, d’abord pour elle-même. C’est finalement dans un élan de spontanéité et de passion que cette dernière est devenue entrepreneure. Une entrepreneure qui croit fermement au pouvoir de la création locale, durable, éthique et unique. Alors que Noël approche à grands pas, on discute avec elle.
Bonjour Karèle! Quelle est l’histoire derrière Boho Montréal?
À l’époque, en 2014, j’étais continuellement sur Pinterest. Je «scrollais» les images d’inspiration de décor Californien, car je suis une fanatique de surf décor! J’ai cru comprendre que le retour du macramé et des pièces tissées revenaient à la mode. J’adorais ça! J’en voulais absolument pour accessoiriser mon chez-moi! Mais à ma grande déception, j’étais un peu trop précurseur du retour de cette tendance, il n’y en avait pas encore dans les magasins.
J’ai donc débuté de grandes recherches, car pour être franche, back in the days, il n’y avait aucun vidéo «DIY macrame, how to macrame». Alors j’ai fouillé pas mal! Et que dire de la matière première, on achète ça où de la corde de coton en grande quantité? Bref, j’ai appris sur le tas, je me suis fait des tissages et des macramés pour mon appartement. Je publiais le tout sur Instagram, avec des filtres à l’époque! [rires] Et là, mes amies ont commencé à en vouloir aussi. J’avais des petites commandes ici et là et je me suis dit: «Ah bin coudonc, il y a peut-être un créneau pour une entreprise?!»
Alors moi, visionnaire, avec l’aide de ma soeur graphiste (une vraie pro avec Adobe) je me suis lancée en affaire! La partie la plus longue et l’fun, c’était le développement de l’image de marque. Le logo, les couleurs, la papeterie, les étiquettes, etc. C’était très important pour moi avant de vendre quoique ce soit. Et là, j’ai fêté les 5 ans de Boho en octobre dernier!
«C’est super de participer aux marchés de Noël, car c’est l’occasion d’y rencontrer nos clients […] Par contre, je crois qu’il y a trop de marchés, ça dilue la participation!»
En tant qu’artisane, comment appréhendez-vous l’arrivée des fêtes?
L’Halloween n’était même pas encore passée que je sortais mes accessoires de Noël pour shooter les nouveaux produits du temps des fêtes. Il faut vraiment se prendre d’avance, sinon on manque le bateau! C’est une période achalandée oui, mais surtout essoufflante. Les journées commencent tôt, terminent tard et recommencent tôt. Manque de sommeil: check! Comblée? Certainement!
Je suis le genre de créatrice qui s’y prend vraiment à l’avance pour la production. J’envisage les marchés à l’avance et je produis en conséquence. Donc, début novembre, ma production du temps des fêtes est terminée et mes points de vente se passent le mot pour me faire leur commande tous en même temps. Quand l’inventaire des marchés «passe au cash», je suis de retour à la case départ. Par contre, c’est un beau problème, je suis choyée d’avoir des points de vente formidables qui re-stockent mes produits fréquemment! Je pense à Babasouk, ma vache à lait, l’adorable Gypsie Bohème, la splendide boutique Arloca avec sa funny propriétaire et j’en passe!
Je participe à quelques marchés, mais pas trop non plus. J’ai un produit décoratif et superflu, je ne suis donc pas dans la catégorie d’artisans qui vendent en fou durant la période des fêtes! Mes clients doivent réfléchir à l’emplacement de la pièce de leur choix, choisir les couleurs, en discuter avec le-la conjoint-e et il le budget rentre en compte! Ce n’est pas un achat «coup de tête»!
Mon marché préféré, c’est le Marché de Novembre, au Ausgang! Sinon, prochain marché: les Puces Pop, les 6-7-8 décembre prochain.
Est-ce un avantage, selon vous, de pouvoir participer à différents marchés éphémères?
Oui et non. C’est super de participer aux marchés de Noël, car c’est l’occasion d’y rencontrer nos followers et ils peuvent alors toucher à nos produits. Par contre, je crois qu’il y a trop de marchés, ça dilue la participation! Et les tables sont rendues tellement dispendieuses, j’ai l’impression que ça devient une business en soi. On perd l’aspect artisan, fait main. Tu sais, cracher 650$ pour la table, il faut être certain de son coup!
Les gens ne peuvent pas aller à tous les marchés non plus, et souvent, plusieurs marchés sont en tandem, donc les artisans doivent se dédoubler. Donc deux tables, deux nappes, deux productions, deux squares, des présentoirs en double, etc. C’est une autre game et ça peut être épuisant. Donc, il est important en tant qu’artisan de ne pas trop s’éparpiller. Personnellement, j’en fais 3 ou 4 maximum, et je les choisis minutieusement.
«Acheter local, c’est acheter consciemment des produits faits main, durables, mais c’est surtout encourager notre économie! Il faut aussi se poser la question: est-ce que j’en ai vraiment besoin?»
Rencontrez-vous certains défis pour vos emballages?
Avant, le packaging était très important pour mon entreprise. Mais je me suis vite rendu compte que tout le «fla-fla» se ramasse aux poubelles ou au recyclage. Désormais, je minimise. Je préfère inclure un petit cadeau de plus avec l’achat plutôt que suremballer pour que ce soit cute! Par exemple, lors des marchés, j’offre à tous mes clients un sac réutilisable à notre effigie lors d’un achat.
Enfin, pourquoi acheter local selon vous?
Je crois qu’il faut encore éduquer le peuple québécois sur ce qu’est l’achat local. Nous avons encore du chemin à faire! Tout le monde veut acheter du made in Montreal, du fait main, écoresponsable, éthique. Mais plusieurs ne comprennent pas qu’il y a un prix associé à cela! Combien de fois je me suis fait dire «Oh c’est cher»! Et oui, ça m’a pris 2 heures pour faire le tissage avec des fibres naturelles, tsé! Mais bon, on y arrivera avec le temps.
Acheter local, c’est acheter consciemment des produits faits à la main, durables, mais c’est surtout encourager notre économie! Il faut aussi se poser la question: est-ce que j’en ai vraiment besoin?
Je tiens aussi à ajouter que Boho Montréal ne participe pas aux promos «Vendredi fou, Cyber monday ou Boxing day». Je crois que ce serait contradictoire à mes valeurs d’entreprise! J’essaye de dire à mes clients de ne pas surconsommer, mais d’acheter intelligemment. Ce genre de promotions engendre trop d’achats spontanés et je veux que mes clients décident d’acheter chez nous parce que le produit est de qualité et fait avec amour, contrairement à un prix «attrayant».
🌸 Boho Montréal
Continuez votre lecture: Les accessoires durables et faits avec amour de Chikiboom