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Miser sur l’artisanat et le design québécois avec Rebelles des bois au Saguenay

Miser sur l’artisanat et le design québécois avec Rebelles des bois au Saguenay

Dans son atelier de la rue Ontario, Claudia Labrèche taille des branches et monte des colliers. Tout part d’un désir: créer des bijoux en bois. Des années plus tard, Rebelles des bois fête ses 15 ans. Aux commandes derrière cet atelier boutique d’art et d’artisanat de L’Anse-Saint-Jean au Saguenay: elle et Nathalie Bilodeau. La première a un diplôme en infographie, la seconde est ébéniste. Rencontre.

L’âme voyageuse, Claudia Labrèche s’est souvent retrouvée dans des ruelles regorgeant d’artisanat. C’est là que le déclic se fait. «Je me suis dit ‘c’est ça que je veux faire dans la vie’: travailler dans un atelier avec ma musique et créer. Le bijou, c’est petit, donc ça se transforme bien. Je pensais que je voyagerais avec mes bijoux même si ça n’est jamais arrivé (rires)!»

De retour à Montréal après un voyage en Amérique centrale, l’infographiste s’inscrit à un cours d’ébénisterie pour fabriquer autre chose que des rondins de bois. Alors que son oncle veut ouvrir un bistrot bar à L’Anse-Saint-Jean, l’expérience de la restauration en poche, elle saute sur l’occasion de s’installer en région, un endroit fabuleux sur le bord du fjord selon celle qui se dit fille de plein air. «J’ai ouvert le bistro et quelques années plus tard, j’ai réalisé que je n’avais pas envie de travailler dans le milieu du bar. Je voulais fonder une famille et avoir une vie plus simple.»

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Claudia Labrèche, copropriétaire de Rebelles des bois. Courtoisie: Rebelles des bois

C’est là que Claudia rencontre Nathalie, future cofondatrice de Rebelles des bois, alors que toutes deux sont monitrices de ski à la montagne. L’une a le rêve, l’autre, l’atelier. «Elle avait besoin de quelqu’un comme moi, entrepreneure. C’est là qu’on a décidé de partir ça ensemble.» Ni une ni deux, la créatrice transforme une partie de sa maison en boutique. Le plan d’affaires de base se transforme. «On voulait faire des bijoux de bois, mais on ne pensait pas réussir à en vivre, alors on s’est dit qu’on ferait une crèmerie dont un coin serait réservé à la vente de bijoux», explique la cofondatrice, mais la première opportunité arrive très vite. «On pouvait avoir un kiosque d’exposition à La Baie au débarcadère des croisières la saison suivante, alors on n’a jamais été capable de partir notre crèmerie. On est tombées dans le rush de la préparation du matériel pour cette exposition.» Concentrées sur les bijoux, ces rebelles des bois ouvrent boutique le 29 juin 2006.

Les cinq premières années, les deux fondatrices portent l’entreprise sur leurs quatre épaules avant de réaliser que chacune doit se retrancher dans ses forces. Nathalie comme chef de production de l’atelier, Claudia à la boutique, toutes deux fidèles au volet création. Aujourd’hui, Rebelles des bois compte une équipe de sept filles et présente le travail de plus de 80 artisans canadiens et québécois.

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La boutique Rebelles des bois. Courtoisie: Rebelles des bois

Le rapport de Claudia Labrèche à l’entrepreneuriat évolue avec la pandémie. «Une entrepreneure prend souvent des risques mais se fie à son instinct. C’est comme si on avait coupé l’accès à mon instinct», précise celle qui s’est vu devenir ambivalente dans ses décisions. Associant son métier aux jeux d’argent, elle se souvient d’une grosse angoisse: les achats. «Dans notre domaine, ils se font un an à l’avance, entre 8 à 10 mois d’avance pour les vêtements. Il fallait acheter sans savoir si on allait ouvrir ou survivre, mais si on voulait être sûres d’avoir du stock, il fallait passer une commande», explique l’infographiste de formation. «Tout ça restait du gambling mais à un niveau de risque avec lequel je n’étais plus à l’aise. Je n’avais pas le choix d’y aller au jour le jour et je me trouvais bipolaire: une journée j’étais positive et je croyais que ça allait bien aller, et le lendemain, je regrettais toutes les commandes que j’avais faites», se rappelle-t-elle.

Vêtements, accessoires et décoration pour la maison, produits bien-être: Rebelle des bois ne se cantonne plus aux bijoux de bois et base ses collaborations sur de belles rencontres. Après l’une d’entre elles au marché d’artisanat de Tadoussac avec deux créatrices d’accessoires uniques en tissu récupéré, Rebelle des bois intègre des artisans locaux. «On a tout de suite vu que c’était intéressant d’avoir autre chose que notre produit, car tout le monde n’entre pas avec l’envie d’un bijou», précise la cofondatrice. «On a participé au Salon des métiers d’art de la région et on y a rencontré des artisans régionaux. On a eu envie de leur faire une vitrine dans notre boutique quand on a compris notre métier de détaillant (rires).» Le tout sélectionné par affinités par celles qui conservent dans chaque collaboration leur point de vue de créatrices.

Rebelles des bois

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Image en couverture: Fondatrices de Rebelles des bois Nathalie Bilodeau et Claudia Labrèche

Pour d’autres articles, consultez notre dossier Tourisme local : (re)découvrir les régions du Québec.

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