Par Julie Massot
L’artiste peintre aquarelliste et autodidacte Sophie Ruel se livre à nous, le temps d’une entrevue, pour nous faire entrer dans son monde rempli de bien-être et de spontanéité. Un monde où l’instinct est le maître-mot de toutes ses créations.
Entrevue avec l’artiste qui a plusieurs cordes à son arc.
Qui êtes-vous, quel est votre médium de prédilection et pourquoi?
Je suis une artiste peintre professionnelle autodidacte qui œuvre depuis une dizaine d’années. J’utilise l’aquarelle en technique mixte dans une démarche d’écoconception et je fabrique mes tableaux en bois à partir de matières et peintures recyclées.
Quelles ont été vos influences artistiques à vos débuts et quelles sont celles d’aujourd’hui?
Mon influence première est d’avoir grandi auprès d’une mère artiste en art abstrait. Elle créait à partir de son intérieur et non pas en regardant ce que les autres avaient déjà fait. Mon influence actuelle est l’environnement et la nature. Faire mieux avec moins. Aller à l’essentiel et à la recherche du bien-être.
Comment organisez-vous votre horaire?
Dans une philosophie de liberté sans contrainte ni attente. Je cherche à donner à mon art le plus de liberté possible en ne me mettant pas la pression de performer dans un temps défini. Une liberté au niveau mercantile dans le sens où mes dépenses liées à mon art sont toujours vues comme un frais de passe-temps au même titre qu’un voyage.
L’objectif de ma création n’est pas le profit, mais bien de faire profiter et grandir mon bien-être personnel. C’est merveilleux de constater que cela «nourrit» d’autres personnes que moi.
J’aime me lever le matin et me poser la question: avec les limites que je ressens dans mon corps aujourd’hui, est-ce que je souhaite peindre ou aller bûcher du bois, rénover une maison, faire du pain pour ma famille et mes amis?
Quels sont vos meilleurs trucs pour faire mousser votre créativité?
Être fidèle à mon objectif de liberté en création et ne pas avoir d’attente mercantile.
Quels sont les outils indispensables pour passer une journée productive?
Le silence, la lumière, du café.
Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez fait face en tant qu’artiste lors de vos débuts?
Apprendre qu’il n’y a pas juste un chemin pour réussir dans le domaine des arts visuels et qu’il est possible de faire des choix de vie pour être épanouie comme artiste.
Quelles ont été les personnes marquantes dans votre parcours professionnel?
Les artistes rencontrés dans mon coin de la Beauce et faisant partie de ma communauté artistique sont tous importants pour moi. La publication de mon premier livre L’enfant au sac à dos est un projet où plusieurs artistes de talent ont collaboré à l’illustration du livre. Cela a été une expérience assurément positive pour moi.
Quelle œuvre avez-vous réalisée dont vous êtes la plus fière et pourquoi?
L’œuvre Guérison, faisant partie d’une série Les morceaux de papier, est de grande dimension 4′ x 4′ sur tableau de bois. Elle représente l’arbre et l’être qui pensent et guérissent leurs blessures de morceaux de papiers colorés. Il s’agit de morceaux de papiers aquarellés marouflés sur toile de bois en techniques mixtes.
Quel regard posez-vous sur votre secteur d’activité au Québec par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde?
J’aime bien, pour ma part, semer mes œuvres au sein de ma communauté pour qu’elles soient vues par la population générale, pas juste par les visiteurs de galerie ou du Musée. Par exemple, des œuvres SRuel se retrouvent dans des endroits tels qu’un gîte d’hébergement, un restaurant, une clinique médical, un hôpital, un centre de santé, un bureau d’affaire, etc. Plusieurs endroits dans le monde sont friands de l’œuvre originale et bannissent les reproductions de série pour la déco intérieure. Je pense qu’on est pas rendu à cet état d’esprit au Québec.
Quel est le pire ennemi et le meilleur allié d’un artiste?
Ennemi = besoin de reconnaissance et de profit
Allié = liberté et reconnaissance personnelle
Que faut-il avoir pour atteindre votre point d’équilibre personnel?
Sentir que ma famille et amis sont confortables auprès de moi, avoir accès à la forêt et aussi beaucoup de chats.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite vivre de son art?
De ne pas avoir besoin d’en vivre.
🖌️Sophie Ruel
Image en couverture – Sophie Ruel. Crédit: France Quirion
