Close
Miser sur l’économie circulaire avec Symbiose agroalimentaire Montérégie

Miser sur l’économie circulaire avec Symbiose agroalimentaire Montérégie

Le Conseil régional de l’environnement (CRE) de la Montérégie a une équipe qui s’intéresse à l’économie circulaire et qui a développé en 2019 le projet Symbiose agroalimentaire Montérégie. Il connecte des entreprises de la région pour que les résidus de l’une, comme des pelures de carottes ou des palettes de bois, deviennent la matière première d’une autre. Il permet ainsi d’améliorer leur performance économique, environnementale et sociale.

«On voulait participer au développement de l’économie circulaire tout en rejoignant l’ensemble de la région, raconte le chargé de projet en économie circulaire, Ugo Forcier. La filière agroalimentaire est rapidement ressortie, car on dit que la Montérégie est le garde-manger du Québec. Il y a environ 4 000 producteurs agricoles et 500 transformateurs alimentaires. On parle aussi de plus en plus de gaspillage alimentaire, c’est un enjeu qui nous touche spécifiquement. On estime que 58% de toute la nourriture, de la fourche à la fourchette, est jetée au Canada.»

Miser sur l'économie circulaire avec Symbiose agroalimentaire Montérégie
Courtoisie: Symbiose agroalimentaire Montérégie

Symbiose agroalimentaire Montérégie accompagne les entreprises dans la gestion de leurs matières résiduelles et autres ressources sous-valorisées. «On parle principalement de matières organiques, mais la production agricole et la transformation alimentaire sont aussi de grands consommateurs de plastiques à usage unique. Il y a vraiment des avantages à utiliser ces matières, mais le problème est que les entreprises n’ont pas accès à des débouchés. Elles ne savent pas où déposer le plastique, qui pourrait le récupérer pour le valoriser…», soutient M. Forcier.

Son approche vise à développer un réseau d’échanges de matières entre entreprises pour renforcer l’écosystème et faire en sorte que les résidus d’une entreprise deviennent une matière première pour une autre. Les enjeux liés aux transports sont importants. «La plupart du temps, les matières organiques sont gorgées d’eau, fait savoir Ugo Forcier qui précise que les circuits courts restent dans tous les cas privilégiés. Il faut idéalement conditionner la matière pour sortir l’eau, donc on a des entreprises qui travaillent activement à développer des technologies de conditionnement, par exemple la déshydratation. […] C’est aussi une matière qui n’est pas stable. La drêche des microbrasseries, par exemple, si je ne me trompe pas, on parle de 6h avant qu’elle commence à tourner et à moisir.»

Une adéquation entre l’offre et la demande doit se faire. Et un enjeu temps est à prendre en considération, par exemple pour une entreprise qui aurait de grosses quantités à l’automne, lors des récoltes et qui requiert donc un autre maillage qu’un petit transformateur d’importance qui aurait besoin de la matière chaque semaine.

Bâtir un réseau

Plus de 100 entreprises ont depuis intégré le projet. «On a 350 maillages potentiels qui ont été proposés aux entreprises. Il y a des projets qui prennent plus de temps que d’autres parce que l’on parle d’alimentation et que la réglementation est exigeante. On veut détourner les matières organiques pour le remettre dans l’alimentation, donc le goût et l’appétit doivent être au rendez-vous! Il y a une trentaine d’échanges de matières en ce moment, et beaucoup de projets devraient être débloqués dans les prochains mois. Au cours de la dernière année, 33 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre ont ainsi été évitées», rapporte le chargé de projet.

Symbiose agroalimentaire Montérégie permet d’identifier des besoins communs, donc un projet d’économie circulaire qui ne vaudrait peut-être pas la peine pour une entreprise peut le devenir en multipliant les efforts de plusieurs, par une route de collecte des matières ou la recherche pour valoriser une matière en particulier. Parmi les retombées potentielles, on retrouve la réduction du coût d’élimination des déchets; l’amélioration de la performance environnementale; la gestion de proximité des matières et la limitation des frais de transport; les économies d’échelle par la gestion commune de matières générées par plusieurs entreprises; la création de nouveaux liens d’occasions d’affaires entre les entreprises.

Courtoisie: Symbiose agroalimentaire Montérégie
Visite d’entreprise (distillerie). Courtoisie: Symbiose agroalimentaire Montérégie

«Même en situation de crise comme on l’a vécu dans les derniers mois, on sent que les gens ne voient pas l’économie circulaire comme un fardeau. C’est vraiment une opportunité pour pérenniser leurs activités et optimiser leurs opérations puisqu’on parle de pertes. Les entreprises en sont conscientes, mais c’est toujours dans la mise en œuvre que c’est toujours plus compliqué», souligne Ugo Forcier.

Symbiose agroalimentaire Montérégie offre un accompagnement en quatre étapes: la caractérisation des ressources en entreprise, la synthèse des offres et demandes de ressources, l’identification de synergies potentielles, la mise en relation avec de futurs partenaires d’affaires. Il vient aussi pallier des enjeux de financement par sa connaissance des programmes ou par ses contacts, par exemple, ou encore en consacrant du temps de recherche pour le développement du projet.

Le projet a vu le jour avec deux animateurs pour recruter des entreprises, compiler les données, organiser des ateliers de maillage. Le projet a reçu de nouvelles sources de financement et a développé de nouveaux partenariats qui lui ont permis d’agrandir l’équipe à 4 et de poursuivre la mission, au moins jusqu’en 2023.

Symbiose agroalimentaire Montérégie

site web | facebook

Image en couverture – Atelier de maillage. Courtoisie: Symbiose agroalimentaire Montérégie

Close
0