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Petites-Mains pour une intégration professionnelle et sociale

Petites-Mains pour une intégration professionnelle et sociale

Une femme immigrante qui arrive à Montréal sans savoir parler la langue et dont le diplôme universitaire obtenu à l’étranger n’est pas reconnu au Canada. C’est le profil type des personnes qui bénéficient des services de formations professionnelles et de francisation de Petites-Mains. L’organisme a d’ailleurs comme directrice générale Nahid Aboumansour qui est libanaise et qui avait obtenu sa maîtrise d’Architecture dans son pays d’origine.

En lien avec la guerre au Liban, Nahid Aboumansour est arrivée avec sa famille en 1989 à Montréal. «J’enseignais à l’université et j’avais mon bureau d’architecte à Beirut, raconte-t-elle. On avait des enfants, on ne voulait pas rester dans une situation misérable là-bas, donc on a quitté le Liban. En arrivant ici, je ne parlais pas français. Pour moi, c’était important que la première chose à faire soit d’apprendre la langue pour pouvoir communiquer avec les gens et travailler.»

Elle s’est consacrée à l’apprentissage de la langue pendant deux ans, à temps partiel. Parallèlement, elle a appris que son diplôme universitaire ne serait pas reconnu. Elle a alors décidé de faire du bénévolat pour une banque alimentaire de son quartier, Côte-des-Neiges.

«J’avais deux objectifs: pratiquer mon français et briser l’isolement d’autres femmes. J’allais visiter celles qui étaient seules à la maison pour parler avec elle et comprendre le fonctionnement de la société, c’est pourquoi j’ai choisi les femmes québécoises de souche», explique la Libanaise d’origine.

Création de Petites-Mains

La banque alimentaire a fini par fermer. Sœur Denise Arseneault, de la congrégation des Sœurs de Sainte-Croix, a réuni plusieurs des bénéficiaires pour chercher des solutions afin de les rendre autonomes. Pendant un an et demi, Nahid Aboumansour s’est chargée des rencontres qui ont débouché en 1995 sur la création de Petites-Mains et la mise en place d’une formation en couture.

«Le but n’était pas de donner un cours pour leur apprendre à faire un pantalon ou une jupe, mais bien d’offrir une formation pour leur montrer la couture industrielle et répondre à un besoin criant de main-d’œuvre, souligne Mme Aboumansour qui est devenue la directrice générale. On a développé beaucoup de partenariats, notamment avec de grandes entreprises à Montréal, parce qu’on voulait que notre formation soit adaptée aux besoins du marché et permette de trouver un travail à la sortie.»

L’engouement s’est tout de suite fait ressentir et 7 femmes ont fait partie de la première cohorte qui a vu le jour grâce à des dons d’un montant total de 600$. Au courant de sa première année d’existence, Petites-Mains est devenue un organisme de charité et de bienfaisance, ce qui lui a notamment permis de se structurer et de faire des demandes de subventions. L’activité lui permet aussi de financer une partie de ses services.

Crédit photo: Petites-Mains

«Pour donner une bonne expérience de travail aux femmes, il faut faire beaucoup d’articles différents et on a commencé à accepter des commandes de l’extérieur, rapporte la directrice générale. Par exemple, une entreprise qui organise un événement et qui a besoin de 100 t-shirts avec son logo peut nous contacter. On a alors une équipe de professionnels qui se joint aux apprenties. On a aussi ouvert notre boutique et dans quelques mois, on va ouvrir notre boutique en ligne.»

Elle précise avoir un taux de placement en entreprise qui s’élève à plus de 80%.

Élargissement de l’offre

Par la suite, l’organisme a développé un partenariat avec le ministère de l’Immigration pour offrir des cours de francisation qui sont aujourd’hui au nombre de quatre sessions par année. Publics, ils sont ouverts à tous. En 2007, Petites-Mains s’est doté d’une bâtisse de trois étages sur le boulevard Saint-Laurent, ce qui lui a permis d’élargir son offre de formation aux aide-cuisinières et aux commis de bureau. En 2018, une campagne de financement lui a notamment permis d’ouvrir un CPE, Le Royaume des Petites-Mains.

Crédit photo: Petites-Mains

Au fil des ans, l’organisme s’est bâti une réputation et 80% des personnes qui profitent des services y sont arrivés grâce au bouche-à-oreille. Deux entretiens sont aujourd’hui en place pour faire une sélection. La directrice générale considère que la situation ne s’est pas améliorée depuis la création de Petites-Mains.

«Pour les immigrants qui arrivent avec un diplôme universitaire ou qui ont un métier réglementé comme médecin, ingénieur ou plombier, c’est encore extrêmement difficile. Même si le gouvernement dit qu’il va chercher des gens qualifiés pour s’installer ici et donner des salaires de 56 000$, je n’y crois pas. Les Ordres professionnels sont extrêmement fermés et les immigrants ne peuvent pas exercer leur métier. Pour ceux qui sont moins scolarisés, il faut les envoyer vers des métiers manuels, car on a besoin de cette main-d’œuvre», soutient-elle.

Son offre a augmenté au cours des dernières années, passant de 50 femmes pour la formation en couture et d’aide-cuisinière en 2019 à 65 en 2020. Mais en lien avec la COVID-19, le chiffre sera inchangé cette année. Des projets sont toutefois en cours.

Crédit photo: Petites-Mains

«Depuis l’année passée, on a commencé notre virage numérique, annonce Nahid Aboumansour. On va avoir une boutique en ligne, on est en train de revoir tout notre branding, notamment avec le logo et le site web, pour se mettre à jour et rajeunir notre image. On a un grand chantier de rénovation au rez-de-chaussée et d’ici 5 ans, on va rénover notre café et la façade de la bâtisse. J’ai aussi mis sur pied une Fondation pour Petites-Mains depuis 2019, donc le but c’est d’aller chercher des donateurs et pour répondre aux besoins qui ne sont pas financés par le gouvernement.»

🧵Petites-Mains

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Pour en apprendre plus sur l’entrepreneuriat d’impact, consultez notre dossier.

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