Basé à Montréal, BELLO se définit comme un label d’art visuel en ligne qui propose tant des collages, que des peintures, des illustrations, des dessins ou encore des photographies. Les œuvres se veulent tant audacieuses qu’accessibles. Elles peuvent être reproduites, en éditions limitées ou encore en version originale. Au cœur du projet créé en novembre par Peter Martinelli-Bunzl se trouvent des artistes émergents ou établis, mais méconnus. Rencontre avec l’entrepreneur.
Quel est votre parcours professionnel?
Je viens de la musique à la base, c’est pour ça que j’ai appelé mon projet «un label d’art visuel». Je suis arrivé à Montréal en 2008 pour faire HEC. En 2015, j’ai fait un Master en musique-business en Espagne. Mais j’ai toujours baigné dans l’art visuel parce que mes parents sont photographes et je suis moi-même l’un des artistes de BELLO puisque je fais du collage depuis 2014. J’ai aussi travaillé comme agent de photographe.
En 2016, je m’orientais vers une carrière dans l’industrie de la musique. J’ai eu un premier travail à Montréal dans une librairie musicale où je faisais de la synchronisation pour placer de la musique dans des films, dans la publicité… donc j’ai eu une expérience en droits d’auteur. Dans mes projets personnels, j’ai aussi deux labels de musique.
En 2020, la pandémie a commencé et j’ai perdu mon emploi dans le domaine musical. Depuis HEC, j’avais en tête qu’éventuellement je deviendrai mon propre patron. Je me suis donc dit que c’était le moment de lancer quelque chose. J’ai appliqué en septembre pour le programme Soutien au travail autonome, qui est jumelé à l’École des entrepreneurs du Québec. C’est aussi venu d’un constat du marché: ma copine déménageait, cherchait des prints pour décorer son appartement et on ne trouvait rien, tout se ressemblait un peu. J’avais envie de proposer quelque chose de nouveau et de différent, avec une nouvelle approche en transposant tout ce que j’avais appris dans la musique en art visuel.
BELLO, c’est un hybride entre un print shop en ligne où tu peux acheter des reproductions d’œuvres d’art à des prix accessibles et ça se veut de plus en plus comme un one stop où tu peux trouver soit des reproductions, des prints de qualité, des éditions limitées, soit des œuvres originales.
Qu’est-ce qui t’attirait dans l’idée de devenir entrepreneur?
L’indépendance. J’ai toujours aimé développé mes propres projets, faire les choses à ma façon. Le programme Soutien au travail autonome est un programme d’employabilité, donc dans 6 mois, je suis censé en vivre. C’est tellement enrichissant comme expérience, j’ai dû apprendre tellement de choses par moi-même et à tous les niveaux… Je n’avais jamais monté un site web, je n’avais jamais fait une vraie comptabilité… Là, je porte tous les chapeaux, donc ça me challenge et c’est très chargé, mais c’est super. Je me suis inventé un métier qui correspond à mes valeurs et à qui je suis. Je pense que c’est la plus belle chose qu’on puisse faire!
Quelle mission te donnes-tu?
La mission de BELLO est double. Dans un premier temps, au niveau des gens, c’est de rendre du bel art plus accessible. C’est pour ça qu’à la base, le projet est né en voulant faire juste des reproductions et des prints. Après, ça a évolué assez rapidement quand j’ai fait mon plan d’affaires et une étude de marché parce que je me suis rendu compte que je voulais aussi proposer des œuvres originales pour que tout le monde trouve son compte. C’est vraiment important que les gens comprennent que ce sont des reproductions d’œuvres de qualité. L’idée est d’aller chercher un papier durable et sans acide, donc ils peuvent vraiment les considérer comme des œuvres d’art et les encadrer. C’est accessible au niveau du prix, mais de qualité. Le papier de base que j’utilise dure entre 70 et 100 ans. Quant à celui utilisé dans les éditions limitées, je vais chercher du papier fine arts, de qualité muséale, qui peut durer 100 voire 200 ans, en fonction des conditions de conservation.
Dans un deuxième temps, au niveau des artistes émergents ou établis, mais un peu moins connus, c’est d’être une autre source de revenus et une plateforme de visibilité. Sur certain print shop, tu ne sais même pas qui est l’artiste derrière, c’est vraiment présenté comme un produit. Je veux vraiment mettre les artistes de l’avant! Sur chaque vente, l’artiste reçoit une redevance et pour ça, je me suis inspirée de la librairie musicale où j’ai travaillé.
Quels intérêts à avoir une approche similaire à celle des labels de musique?
Ce que j’aime, c’est la façon dont les labels mettent les artistes en valeur avec un regroupement d’artistes sous une même étiquette. Quand on aime la musique, on aime un label, on lui fait confiance et on va pouvoir découvrir de nouvelles choses. Je n’ai pas vraiment trouvé ça dans les print shops en ligne.
J’aime aussi faire des ponts entre le visuel et la musique. J’ai par exemple lancé un concours en collaboration avec Jeraume, l’un des artistes de BELLO qui a notamment dessiné la musicienne KROY. Autre exemple, j’aime ajouter une musique à une story BELLO, j’ai fait une première playlist BELLO sur Spotify… Je pense que c’est un clin d’œil à mon parcours personnel.
Tu fais partie des artistes de BELLO. Quelle est ta pratique?
Je suis dans l’expérimentation. C’est en faisant que des choses apparaissent, sans idées préconçues sur ce que je vais faire. J’ai été influencé par mes parents et les artistes que j’ai pu découvrir dans ma jeunesse comme les surréalistes et les dadaïstes. Mes débuts étaient entièrement analogues. Dernièrement, j’ai acheté un scanner professionnel pour reproduire les œuvres pour BELLO, donc ça me donne la possibilité d’explorer les collages digitaux.
Avec BELLO, je travaille avec des artistes qui ont étudié en arts et pour qui c’est leur pratique. Mais il y a aussi des artistes anonymes qui font des choses incroyables et ce qui m’intéresse, c’est d’aller les dénicher. Je pense que tout le monde peut être artiste et qu’il y a énormément de talents. Il y a des gens comme moi qui font de l’art dans leur coin et qui n’ont pas forcément cette intention de commercialiser.
Où trouves-tu les artistes?
Instagram, c’est vraiment super comme plateforme pour ça. Et puis les artistes connaissent aussi d’autres artistes, donc ils peuvent t’en faire découvrir d’autres. Si je peux faire une comparaison avec la musique, je trouve que les artistes dans l’art visuel sont beaucoup plus accessibles.
Quelle est la réaction des artistes?
J’ai eu zéro «non» depuis que j’ai commencé à approcher des artistes, donc ça me stimule énormément.
Quels sont tes projets?
Ma priorité pour le moment est d’agrandir mon catalogue en dénichant de nouveaux artistes. Je vais aussi davantage commercialiser les œuvres et les artistes, par exemple en faisant des démarches auprès de designers d’intérieur ou en faisant des collaborations avec des artistes dans la musique.