Au milieu du rythme effréné de nos vies, il nous est facile de croire que l’on a tous le même accès à la culture et au savoir du moment que la volonté y est. Mais qu’en est-il des individus les plus vulnérables de notre société, des personnes marginalisées d’une façon ou d’une autre? C’est exactement sur cette question que l’organisme Exeko, fondé par François-Xavier Michaux et Nadia Duguay, se penche à chaque jour depuis bientôt 15 ans.
En parlant au cofondateur, on comprend bien que, même si deux personnes sont à l’origine de ce projet d’impact, l’organisme fleurit grâce à l’apport de tous ses intervenants.
Éliminer les frontières pour une plus grande égalité
«Le but premier d’Exeko, c’est de promouvoir l’inclusion sociale par la créativité, les arts, la culture, mais aussi la philosophie […] on essaie vraiment d’aider les individus marginalisés à penser le monde qui les entoure», explique François-Xavier. Pour l’équipe d’Exeko, la pensée est un droit fondamental qu’on doit déhiérarchiser pour arriver à une société réellement égalitaire.
«Mais il ne faut surtout pas confondre inclusion sociale et intégration sociale», poursuit-il. Si on prend l’école par exemple, l’institution telle qu’elle est fonctionne pour une grande partie de la population, mais elle exclut ceux pour qui le système ne fonctionne pas. Au lieu d’essayer d’intégrer les gens à ce qui existe déjà, il faut adapter les espaces pour qu’ils soient confortables et sécuritaires pour tous.»
«Ce qu’on fait est basé sur l’idée de la présomption de l’égalité des intelligences, à partir de là on reconnaît le potentiel de chacun et on essaie de suspendre les préjugés». Pour Francois-Xavier, nourrir l’esprit est tout aussi important que de nourrir le corps. «La pensée nous permet de reconnecter avec le monde auquel on appartient, de mieux le comprendre.»
Des chantiers multiples
Il n’y a pas de moyens uniques pour encourager la pensée et nourrir l’esprit, Exeko œuvre donc de diverses façons. Des programmes de participation citoyenne sous forme d’ateliers dans des refuges et centres de jour, à une caravane philosophique et culturelle en passant par des programmes de médiation culturelle, d’activités et de pratiques artistiques, l’esprit et la pensée reste la priorité.
«En créant des lieux de création et d’échange, on permet à chaque participant de s’épanouir et de montrer son potentiel». Les méthodes sont aussi variées que les programmes de l’organisme: il est question de discussions, de distribution de livres, mais aussi de matériel artistique, de kits d’écriture, de lunettes de vue, etc.
«On fait nos activités selon les demandes de notre clientèle. Par exemple, avec notre idAction mobile, qui est une camionnette utilisée pour distribuer des livres, les gens nous demandaient comment ils pourraient nous rendre les livres. On a donc créé Biblio-libre pour offrir des endroits où rapporter les livres.» Biblio-libre offre donc 14 microbibliothèques fixes dans des refuges et centres de jour, et deux autres qui sont mobiles dans les rues de Montréal pour répondre aux demandes de lectures des populations desservies.
Fonctionner en temps de pandémie
«On a dû interrompre plusieurs projets avec la pandémie, entre autres ceux qu’on faisait auprès des communautés autochtones qui étaient plus vulnérables avec la COVID. La fracture numérique avec les communautés marginalisées est devenue vraiment plus apparente». Si les projets sont tombés d’un coté, l’urgence en a créé de nouveaux : «On s’est embarqués dans des actions d’urgence avec des haltes répits et aussi une halte chaleur pour les itinérants autochtones du Plateau Mont-Royal».
L’organisme a ensuite redémarré certaines de ses activités à la demande de sa clientèle tout en respectant les normes sanitaires. «On a reporté des activités, on en a numérisé d’autres, puis on a fait du présentiel quand c’était possible en écoutant la santé publique», nous précise-t-il.
Pour le cofondateur, la pandémie a réellement jeté une lumière sur les besoins des personnes vulnérables. «On a vu une hausse de l’itinérance accompagnée d’une diminution des services avec les mesures sanitaires. Puis, il y a eu tous les mouvements sociaux de la dernière année qui ont été difficiles à ignorer. On pense autant au mouvement Black Lives Matter après la mort de George Floyd aux États-Unis et Justice for Joyce, chez nous.»
L’ancien étudiant en ingénierie, qui a vu la nécessité d’un tel organisme il y a 15 ans, voit tout le travail qui a été fait et ce qui reste encore à faire. Une chose est certaine, la passion fait avancer l’organisme ainsi que l’amour du partage avec l’autre, celui de pouvoir tendre la main pour discuter d’enjeux variés avec des gens qui ont perdu l’habitude de voir cette main tournée vers eux.
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Image en couverture – Courtoisie: Exeko – Facebook