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«Passer du temps sans ordinateur me permet d’explorer différemment la création» : Rencontre avec Amélie Tourangeau

«Passer du temps sans ordinateur me permet d’explorer différemment la création» : Rencontre avec Amélie Tourangeau

Une inspiration à la risographie et une palette de couleurs restreinte caractérisent le travail de l’artiste montréalaise Amélie Tourangeau. Avec Samuel Jacques, elle est cofondatrice du studio Conifère qui se spécialise en direction artistique, illustration, motion design et design graphique.

Entrevue avec celle qui détient plusieurs techniques et astuces pour avoir une journée des plus productives.

Qui êtes-vous, quel est votre médium de prédilection et pourquoi?

Je m’appelle Amélie Tourangeau et je suis illustratrice, animatrice et cofondatrice du studio Conifère. Depuis 10 ans, mon travail s’anime au travers de projets tant commerciaux, éditoriaux et documentaires qu’expérimentaux.

Je travaille avec Photoshop et After Effects. Mon processus créatif est grandement inspiré par celui de la risographie et la préconisation d’une palette de couleurs restreinte.

Quelles ont été vos influences artistiques à vos débuts et quelles sont celles d’aujourd’hui?

C’est initialement la risographie qui a eu un grand impact sur ma technique de travail. Avec un parcours en design graphique et en animation, le mouvement est souvent un élément important dans le choix de mes compositions et poses. C’est aussi une façon de pouvoir raconter des récits en plusieurs temps et créer une connexion avec le/la spectateur.rice.

Comment organisez-vous votre horaire? Comment planifiez-vous le temps de cerveau disponible à la création et celui accordé à la gestion plus technique de votre entreprise?

En matinée, j’ai habituellement une rencontre téléphonique avec Samuel Jacques, l’autre 50% créatif de studio Conifère! Cet appel nous permet de planifier les projets et la gestion de la journée. Dépendamment des projets, c’est lui ou moi qui prend le lead, mais une grande partie des mandats sont travaillés ensemble, de l’idéation à la réalisation.

Quels sont vos meilleurs trucs pour mousser votre créativité?

Je suis avide de conférences, de podcasts et de lecture. J’aime découvrir une panoplie de sujets variés et trouve toujours inspirant de découvrir d’autres univers que le mien!

Depuis septembre dernier, j’ai aussi commencé la céramique. Passer du temps sans ordinateur me permet d’explorer différemment la création et de résoudre autrement des défis de création.

Quels sont les outils indispensables pour passer une journée productive?

D’emblée, m’être équipée d’un bureau assis debout et d’une chaise ergonomique (la fameuse Capisco) a fait une grosse différence pour ma posture et mon flux de travail. Mon dos me remercie!

Crédit photo: Amelie Tourangeau

Du côté méthodologie, j’ai un petit agenda papier Muji qui me sert d’aperçu pour les tâches journalières, mais aussi celles à plus long terme. Je travaille ainsi de façon concentrée pour une période de 45 à 60 minutes, suivie d’une pause de 15 minutes. Cette tactique me permet d’éviter de perdre trop de temps en scrollage sur internet! Le livre Deep Work et les sessions de travail Caveday ont été de bonnes inspirations pour travailler plus assidûment, mais sur de plus courtes périodes.

Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez fait face en tant qu’artiste lors de vos débuts?

Avoir des mandats en début de carrière est toujours un défi. Éventuellement, ce sera à nouveau possible post-Covid, mais rencontrer des gens dans des événements (conférences, 5@7 ou portfolios night) pour se faire des contacts et se présenter est primordial! À mes débuts, j’ai été pigiste, puis j’ai eu un poste en agence grâce à une soirée de présentation de portfolios.

Quels sont vos principaux défis aujourd’hui et comment arrivez-vous à les surmonter?

Avec le temps, je trouve important de continuer à faire évoluer mon style. Ça passe par l’apprentissage de nouvelles techniques comme l’animation 3D, l’essai de nouveaux médiums comme la céramique ou encore le travail en grand format pour une murale!

Crédit photo: Amelie Tourangeau

Quelles ont été les personnes marquantes dans votre parcours professionnel?

Samuel Jacques, que j’ai rencontré lors de mes études en graphisme et avec qui je travaille depuis plus de 13 ans! En 2015, on a décidé de fonder ensemble Conifère, notre studio spécialisé en direction artistique, illustration et motion design.

Sinon, quand j’étais encore aux études à l’UQAM, Philippe Lamarre m’a donné l’opportunité de travailler sur un projet vraiment le fun chez Urbania, ce qui m’a permis de gagner en confiance et de développer rapidement de nouvelles compétences.

Quelle œuvre avez-vous réalisée dont vous êtes la plus fière et pourquoi?

L’animation pour Les journées de la culture 2020. Le défi était de représenter une multiplicité de disciplines artistiques et de montrer que la créativité s’adresse aussi au grand public, pas seulement aux artistes. Pour la réalisation, le zoom infini a été privilégié afin de permettre au spectateur de s’imprégner de l’atmosphère de chaque événement artistique et de l’unicité de ces différents univers.

Le projet a été réalisé grâce à différentes techniques: animation 3D et animation image par image. Au final, le résultat inspiré du look risographié et accompagné du sound design de Sacha Ratcliffe est vraiment envoûtant.

Quel regard posez-vous sur votre secteur d’activité au Québec par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde?

Il y a énormément de talents au Québec! Dans le milieu de l’illustration, Illustration Québec permet de beaux échanges entre illustrateurs.rices grâce à son groupe, ses conférences et ses événements. Je trouve que naviguer dans un petit milieu comme celui du Québec permet plus de proximité et de partages.

Aussi, avec l’arrivée du nouveau réseau social Clubhouse, je suis curieuse de voir comment la multiplicité d’échanges dans notre milieu du design et de l’illustration se fera, tant localement qu’à l’international! Déjà, je vois quelques initiatives québécoises pour favoriser les discussions et l’entraide.

Au-delà de tout ça, c’est certain qu’avec Instagram, notre travail n’est plus confiné au Québec. Difficile de se démarquer, mais c’est aussi intéressant d’avoir de la visibilité et l’opportunité de mandats à l’international.

Quel est le pire ennemi et le meilleur allié d’un artiste?

L’internet.

Que faut-il avoir pour atteindre votre point d’équilibre personnel?

Je privilégie passer du temps sur mes projets personnels, ce qui mènent parfois à des projets professionnels. Sinon, j’adore les projets collaboratifs parce que j’aime faire partie d’une équipe créative, et ça me permet de tester de nouvelles avenues.

Crédit photo: Amelie Tourangeau

Que changeriez-vous, si vous aviez la chance de revenir en arrière?

Me mettre plus tôt à l’apprentissage de la 3D! Cela dit, je crois qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre de nouvelles techniques.

Quel est le meilleur conseil qu’un artiste vous ait partagé?

Toujours demander en amont au client quel est son budget! Ça permet d’éviter de perdre beaucoup de temps et/ou de mieux évaluer le projet!

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite vivre de son art?

C’est entièrement valide de débuter à temps partiel, prendre des mandats par-ci par-là pour se bâtir un réseau de contacts, et avoir un emploi en même temps avant de sauter à pieds joints dedans!

🎨Amélie Tourangeau

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