Offrir aux consommateurs canadiens un produit sain et naturel qui répond aux valeurs du commerce équitable et qui aide des communautés productrices de quinoa en Bolivie, telle était la mission que s’est donnée Martin Bilodeau en 2004. Aujourd’hui, il mise toujours sur les valeurs éthiques et accepte que son entreprise GoGo Quinoa évolue dans le temps, notamment au profit de la cause environnementale.
Formé en économies et en gestion de l’Université de Sherbrooke et de l’Université de McGill, Martin Bilodeau est parti en sac à dos pour visiter l’Amérique du Sud, l’Europe et l’Afrique.
«J’ai passé beaucoup de temps en Bolivie sur mes 5 mois passés en Amérique du Sud et je suis tombé en amour avec le pays qui était à l’époque le plus pauvre du continent, raconte-t-il. C’est une population à 70% Aymara et Quechua, des gens très proches de la terre. Mon désir a été de voir comment en développement international, je pouvais les aider.»
Après être rentré et avoir épargné, il a pu lancer son entreprise de commerce équitable en 2004.
«C’était un peu difficile parce qu’il y avait très peu de produits certifiés équitables à l’époque. Il y avait le café et le chocolat. La Bolivie avait en plus très peu de choses existantes en termes de produits finis qu’on pouvait vendre ici. L’idée est venue d’offrir du quinoa et des pâtes de quinoa qui, elles, étaient déjà vendues en Allemagne. Je les ai amenées au Canada, je les ai fait certifier à Ottawa. Ma motivation était de faire quelque chose que j’avais personnellement envie de faire», souligne l’entrepreneur.
Le produit nutritif, savoureux et polyvalent est aussi biologique et sans gluten. GoGo Quinoa a été le premier quinoa à recevoir la certification équitable en Amérique du Sud.
«Comme la certification était déjà existante en Europe, il y avait déjà des standards, soutient M. Bilodeau. En l’espace de 3 ou 4 mois, ils ont certifié le produit, alors au niveau administratif, ça n’a pas été si mal. Le plus difficile, c’est comme pour n’importe quel autre entrepreneur en démarrage, c’est arriver à financer une entreprise, développer son marché, avoir une marque de commerce et en vivre.»
Durant ses deux premières années en affaires, il considère avoir passé beaucoup d’énergie et d’argent pour faire connaître le quinoa au grand public.
Devenir manufacturier
Les certifications sont partagées entre le manufacturier et l’entreprise qui fait la commercialisation. Elles sont donc devenues plus contraignantes pour GoGo Quinoa lorsqu’il est devenu manufacturier puisqu’il a dû se doter d’un département de contrôle-qualité, faire des audits et des dépenses ainsi qu’avoir des responsabilités vis-à-vis de Santé Canada.
«Au fur et à mesure que l’intérêt du marché s’est fait ressentir pour le quinoa, on me demandait des produits qui étaient plus complexes à faire et plus frais. Pour répondre à la demande, j’ai dû produire moi-même parce que ce n’était pas possible de le faire en Bolivie. À Laval, on a une usine avec 45 000 pieds carrés et une trentaine d’employés en production qui nous aident à faire les différents produits comme les biscuits, les céréales, les collations, les emballages des pâtes… Les pâtes sont encore importées, mais les autres produits sont manufacturés ici. Faire des pâtes sans gluten, c’est un art, c’est très difficile à faire et ça prend des équipements très performants. Je pense qu’éventuellement on va les faire ici», explique l’entrepreneur.
Repenser ses emballages
GoGo Quinoa dessert aujourd’hui entre 3 000 et 4 000 points de vente. Il travaille à réduire de 70% son utilisation des sacs de plastique.
«Pourquoi mettre des produits biologiques dans un sac de plastique?, questionne Martin Bilodeau. Ça tue sa raison d’être! D’un côté tu dis que tu pollues moins et de l’autre, il y a 11% des sacs de plastique qui sont recyclés au Canada. On a alors utilisé des boîtes de carton qui sont recyclables et recyclées à 89%, en plus d’être biodégradables. On a acheté une machine, et le coût d’emballage a augmenté parce qu’on est moins rapide et que la boîte de carton coûte plus cher. Après on a regardé avec les Fermes Lufa comment on pouvait utiliser le bioplastique, qui est fait à partir de cellulose de bois et qui est également compostable. Il est six fois plus cher que le sac de plastique traditionnel, et on s’est rendu compte qu’à -10 degrés, il cassait comme du verre. Quand tu veux assumer ta mission jusqu’au bout, c’est très difficile parce que l’industrie n’est pas faite pour les grands idéaux, mais pour faire de l’argent. En même temps, il faut être rentable alors il faut trouver l’équilibre et les choix ne sont pas toujours faciles à assumer.»
Il est en train de tester le bioplastique à base d’aluminium biodégradable qui serait plus résistant aux températures négatives.
«Tout le monde voudrait utiliser des sacs de plastique biodégradables. Personne ne le fait parce que personne ne veut payer le prix. L’industrie a besoin de se développer et de créer du volume. Ça prend des gens qui comme nous, essaient, pour qu’elle puisse améliorer leur productivité ou faire plus de recherche et de développement», considère l’entrepreneur.
Miser sur le local
GoGo Quinoa va aussi opter pour un angle plus local, sachant que 40 000 arbres de quinoa poussent au Canada, principalement au Manitoba et en Saskatchewan..
«Ce n’est pas la même chose de donner ton argent à des producteurs de quinoa dans l’Ouest et de le donner à des gens qui en ont plus besoin dans des pays en voie de développement comme la Bolivie, reconnaît M. Bilodeau. Il y a 17 ans, quand j’achetais le quinoa, je le payais 900$ la tonne et les producteurs avaient entre 1 et 2 hectares. Aujourd’hui, elle est rendue à 2 300$ pour 10 à 20 hectares, donc leur situation s’est beaucoup améliorée, et l’intérêt s’est déplacé vers la cause environnementale. Il faut arriver à ce que la nourriture fasse moins de kilomètres.»
Il teste la production nationale et mesure son empreinte carbone, notamment en comparant le transport en bateau et en camion.
🍪 GoGo Quinoa
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