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De la créativité en superposition : une immersion dans l’univers de l’artiste visuel Charles-Étienne Brochu

De la créativité en superposition : une immersion dans l’univers de l’artiste visuel Charles-Étienne Brochu

Dessinateur dans l’âme, Charles-Étienne Brochu partage son temps entre l’illustration numérique, la modélisation 3D et la découpe de papier. C’est avec une très grande minutie et patience que les œuvres de l’illustrateur se façonnent bien souvent à l’aide de la superposition, offrant douceur, complexité et immersion à celui ou celle qui les regarde.

Découvrez l’univers du créateur visuel vivant à Québec.

Quelles ont été vos influences artistiques à vos débuts et quelles sont celles d’aujourd’hui?

C’est sûr que les influences artistiques évoluent pas mal tout au long d’une carrière. À mes départs, en partie à cause de mes études en art, j’étais influencé pas des œuvres plus classiques provenant d’artistes tels que Bruegel, Bosch et d’autres peintres néerlandais du 14e siècle. Maintenant, je dirais que mes influences sont très vastes, mais il va de soit que je porte un intérêt très vif à tous mes collègues illustrateurs.rices au Québec.

Courtoisie: Charles-Étienne Brochu.

Comment organisez-vous votre horaire? Comment planifiez-vous le temps de cerveau disponible à la création et celui accordé à la gestion plus technique de votre entreprise?

Mon horaire est très routinier à la base: de 8h30 le matin jusqu’à 16h30 le soir, en semaine. À l’intérieur de cette plage horaire, c’est moins routinier par contre. Le métier d’illustrateur que je fais est assez imprévisible, donc il peut arriver que j’aie beaucoup de temps pour réaliser des projets personnels, des recherches ou d’autres idées de plus longue haleine. Il peut aussi arriver tout le contraire et que je sois pris dans une spirale infinie de contrats qui s’enchaînent sans me laisser le temps de souffler.

J’essaye de condenser la gestion par bloc. Je laisse s’accumuler quelques jours de gestion à la fois et quand je me rends compte que j’ai pas mal de factures, courriels et expéditions à faire, je les fais à la chaîne. Évidemment, parfois c’est difficile et il faut répondre rapidement et faire une gestion ponctuelle. Cela dit, quand j’ai des échéanciers serrés, je suis généralement capable de me concentrer sur la création grâce à une organisation assez correcte de mon agenda. L’idée est de planifier le plus à l’avance possible pour minimiser les surprises.

Quels sont vos meilleurs trucs pour mousser votre créativité?

De commencer à travailler! Quand je n’ai pas d’inspiration, je commence à dessiner n’importe quoi: une tasse, un ordinateur, un arbre, etc. Le dessin est un médium qui demande du temps. Chaque trait de crayon en appelle un autre et généralement je peux compter sur le fait qu’une petite histoire, aussi mince soit-elle, apparaît après un peu de temps. Par exemple, si je dessine une tasse, peut-être est-elle utilisée par quelqu’un? Peut-être que cette personne est dans une maison? À quoi pourrait ressembler l’intérieur de la maison? De fil en aiguille, l’histoire finit généralement par s’étoffer et mener vers une piste.

Quels sont les outils indispensables pour passer une journée productive?

Des écouteurs et de la bonne musique. Quelques cafés judicieusement espacés. Une bonne nuit de sommeil la veille.

Courtoisie: Charles-Étienne Brochu.

Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez pu faire face en tant qu’artiste lors de vos débuts?

Il n’y a pas vraiment de formation ou de chemin particulièrement bien tracé qui mène vers l’emploi. Il faut être très persévérant et patient au début. Chaque contrat est souvent difficile à obtenir et ne tombe pas du ciel. La plus grande difficulté à mon avis est d’être assez têtu pour continuer à collectionner les petits contrats, les participations à des salons, les expositions dans des cafés jusqu’à ce que ce soit plus facile.

Dans mon cas et heureusement pour moi, je suis très (très) entêté et j’ai une attitude positive, donc même si j’ai parfois passé par des périodes plus creuses, je me suis relevé les manches, j’ai diversifiés mes projets et mes sources de revenus et j’ai continué.

Ce processus a duré plusieurs années dans mon cas et bien que ma carrière soit sur une belle trajectoire depuis maintenant quelques années, il n’y a jamais vraiment d’acquis en béton.

Quels sont vos principaux défis aujourd’hui et comment arrivez-vous à les surmonter?

Ces temps-ci, j’avoue que la gestion du temps est un enjeu. J’ai beaucoup de projets, et c’est parfois complexe de balancer mon temps pour offrir à chaque projet le temps qu’il mérite. Je suis un travailleur autonome stéréotypé: j’ai pas mal de difficulté à dire non à un projet, surtout dans le contexte incertain de cette année. Ça devient donc parfois un peu exigeant de tout faire même temps!

Quelles ont été les personnes marquantes dans votre parcours professionnel?

La première reconnaissance de mes pairs a été au Salon Nouveau Genre à Québec. C’est l’organisateur, Oliver Bhérer-Vidal, qui a vu une des cartes postales que j’avais laissée à quelque part et il m’avait invité à participer au salon. J’ai eu une très bonne réponse à ma première année à ce salon et ça m’a donné confiance.

Quelle œuvre avez-vous réalisée dont vous êtes le plus fier et pourquoi?

Mon dernier projet est généralement celui dont je suis le plus fier. Ces temps-ci, je dirais donc l’œuvre «Sommet de la montagne» que j’ai faite dans le cadre des Passages Insolites, devant l’Assemblée nationale. C’était un projet un peu effrayant comme je n’ai pas l’habitude des grands formats et encore moins des œuvres d’art public. Au final, ça bien été et je suis très content du résultat.

«Sommet de la montagne» de Charles-Étienne Brochu. 2020

Quel est le pire ennemi et le meilleur allié d’un artiste?

Le meilleur allié pour moi, c’est la rigueur. J’essaye toujours de faire chaque projet avec intensité et je me force pour être critique de mon propre travail même si le client pourrait se satisfaire de moins. L’idée est que je puisse ajouter chaque projet à mon portfolio et que j’en sois fier.

Que changeriez-vous, si vous aviez la chance de revenir en arrière?

Pas tant de choses, mais évidemment, j’aurais aimé faire moins de bévues dans certaines premières expériences. Je me rappelle mes premiers salons un peu croche, des premières interactions avec des clients quand j’étais plus maladroit que je ne le suis maintenant, etc. Cela dit, c’est un peu en faisant des erreurs qu’on s’améliore.

Quel est le meilleur conseil qu’un artiste vous a partagé?

Il faut avoir confiance.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite vivre de son art?

Faire des projets en premier parce qu’on les aime. Le métier d’illustrateur est difficile, et il ne faut pas oublier que la raison qui nous pousse à le choisir est généralement la passion. Échanger cette passion au profit de mandats temporairement plus payants me semble un mauvais calcul à long terme.

Charles-Étienne Brochu

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