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Cîme et Forêt : pour des huiles essentielles pures et d’ici

Cîme et Forêt : pour des huiles essentielles pures et d’ici

C’est en duo, depuis décembre 2017, que Gladys Liard et son frère Florian ont créé Cîme et Forêt, une boutique en ligne mettant à l’honneur les conifères québécois. Dans leur distillerie située à Inverness, Florian confectionne des huiles essentielles certifiées biologiques, réalisées à partir de branches coupées pour d’autres usages. La fratrie valorise ainsi les résidus verts et inscrit sa démarche dans un système d’économie circulaire respectueux de l’environnement.

Au commencement, il y a Florian, un «gars de bois» comme le nomme sa sœur. Il multiplie les expériences, immergé dans la nature, entre cultures biologiques, sapins de Noël ou comme guide de chiens de traîneau. Il rêve aussi depuis toujours d’avoir son entreprise, et c’est d’ailleurs une rencontre au hasard qui lui permet d’exaucer son souhait. Alors qu’il fait du recyclage dans un festival, il rencontre un habitant de la région qui cherche une relève pour sa distillerie. Ce dernier lui propose le rachat de ses équipements et en prime, une formation à la production d’huiles essentielles.

Courtoisie: Cîme et Forêt

«Gérald Chartrand cherchait quelqu’un qui partagerait ses valeurs: faire un produit qui est utilisable en aromathérapie, dans le respect de l’environnement, qui a une vision de faire quelque chose de bon et pas juste une machine à argent. Ça répondait vraiment beaucoup aux valeurs de Florian dans le sens où, dans la famille, on est proche de la nature, et tout ce qui est médecine douce et alternative, ça nous parle beaucoup», souligne Mme Liard.

Florian commence alors sa formation et au bout de six mois, Cîme et Forêt devient une entreprise familiale. Puis, Gladys rejoint l’aventure. Après différentes propositions à son frère, il choisit sans hésitation qu’elle prenne part aux décisions et que l’entreprise appartienne aux deux. Nourri de bienveillance, le projet rapproche aussi la fratrie. «Le bien-être de mon frère et de la relation est tout aussi important, voire plus important que la santé financière de l’entreprise, donc ça influence sur la façon dont on aborde les questions. Ça les rend plus humaines», confie-t-elle.

Côté répartition, Florian œuvre à temps plein comme saisonnier et Gladys gère ses missions sur son temps libre. «On a réussi avec les années à trouver une façon de travailler ensemble. On est chacun responsable de sphères complètement différentes». La production, trouver la branche et faire sa logistique reviennent à Florian, tandis que Gladys gère la comptabilité, le marketing et le côté plus administratif. «Florian, c’est la forêt, moi je suis la cîme», plaisante-t-elle.

Courtoisie: Cîme et Forêt

Le projet a été soutenu par la MRC et est élu coup de cœur du jury régional au concours OSEntreprendre en 2018. Il repose avant tout sur une décision environnementale: ne pas couper de branches pour produire mais les ramasser. Pour Gladys, ingénieure en environnement, faire de la déforestation afin de produire de l’huile essentielle apparaît comme un non-sens. «Pour nous, c’était une évidence qu’il fallait valoriser une matière perdue de toute façon. C’était la base de la réflexion», explique l’entrepreneure.

L’économie circulaire repense les sources d’approvisionnement et leur donne une nouvelle vie. C’est sur ce principe que fonctionne l’entreprise: «On récupère les branches des arbres qui sont coupées pour faire de la place dans les érablières.[…] On nettoie un peu la forêt». En résulte une matière première grandement nécessaire pour la production des huiles. Notez qu’une fiole de 15ml nécessite un peu plus de deux kilos de branches de sapins baumier. Quant à l’épinette, plus gourmande, elle en demande cinq et demi. Un rendement qui fait entre autres varier le prix.

La logistique, le coût et l’aspect écologique amènent aussi les entrepreneurs à restreindre la zone de ramassage à quarante-cinq kilomètres autour de la distillerie. «On travaille vraiment de bouche à oreille: on va poster sur Facebook, on va mettre des affiches pour dire qu’on récupère la branche. On travaille vraiment avec ce qui est disponible dans la région».

Courtoisie: Cîme et Forêt

«On a fait le choix de ne vendre que des huiles que nous produisons. C’est pour ça que, pour l’instant, on a seulement 8 essences. Ce qui est important pour nous, c’est le terroir québécois et valoriser les propriétés de la forêt boréale, un lieu où il y a une multitude de ressources insoupçonnées, peu connues mais de plus en plus, avec tous les produits forestiers non ligneux». Un environnement où l’on tient aussi facilement la distance en temps de pandémie, qui au final n’a que peu impacté l’entreprise.

Cîme et Forêt propose différents formats adaptés à chaque clientèle: du 15 ml au baril en passant par le 500ml ou encore le litre. Particuliers, artisans et revendeurs se partagent la production. La distillation est réalisée à basse pression et suffisamment longtemps pour extraire les molécules responsables des propriétés thérapeutiques des plantes. «On se donne ce niveau d’exigence pour faire une huile qui a une valeur médicinale».

À l’avenir, outre le rêve de cultiver d’autres plantes pour ajouter de nouvelles huiles essentielles au catalogue, l’entreprise espère pousser ses analyses. «On veut faire des chromatographies dans la prochaine année, des analyses pour voir le profil de molécules qu’il y a dans les huiles, et permettre de rassurer les aromathérapeutes ou les artisans qui veulent utiliser les propriétés», conclut l’entrepreneure.

🌲Cîme et Forêt

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