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Les Fées sorcières : des tisanes pour valoriser les plantes sauvages de notre région

Les Fées sorcières : des tisanes pour valoriser les plantes sauvages de notre région

Découvrez les histoires qui se cachent derrière les plantes sauvages, apprenez leurs noms scientifiques et leurs bienfaits. C’est l’aventure que proposent une mère et sa fille de L’Ascension aux amateurs de tisanes. Sous l’appellation Les Fées Sorcières, Dominique et Rosalie Nadeau partagent leur amour de la nature mis en couleur par l’illustratrice québécoise Marie-Ève Turgeon.

Dominique Nadeau est herboriste, tout comme sa grand-mère l’était et sa fille Rosalie l’est aujourd’hui. Elle a suivi le cours Lancement d’entreprise il y a 12 ans environ, mais c’est S’entreprendre de la Fondation Lise Watier qui l’a incitée à franchir le cap. Ses tisanes faites de façon artisanale depuis 2014 sont devenues une entreprise en mai 2019.

«Lancement d’entreprise, c’est plus basé sur le plan d’affaires tandis que S’entreprendre, c’est axé sur l’entrepreneuriat féminin: nos forces, nos faiblesses, rapporte Mme Nadeau. Au début, c’est beaucoup plus sur nous et nos motivations. Avant, on avait un peu peur, surtout au niveau financier, parce que si tu n’as pas un autre emploi, ça représente ton seul revenu. Mais si tu mets beaucoup de temps dans cet autre travail, tu es limité pour ton entreprise.»

Dominique et Rosalie ont travaillé pendant 9 mois dans un Walmart pour mettre des sous de côté et finalement vivre de leur passion avec Les Fées sorcières. Elles se complètent chacune avec leurs forces. La mère fabrique les tisanes et les met en sachet. Quant à la fille, elle s’occupe de tout ce qui a trait à l’informatique, aux réseaux sociaux ou encore au graphisme des étiquettes. Elles se retrouvent aussi sur certaines tâches comme la cueillette et l’élaboration de recettes.

Les fondatrices, Rosalie et Dominique Nadeau. Crédit photo: Les Fées Sorcières

Célébrer la nature et le passage des saisons

«Quand j’ai suivi mon cours en herboristerie, les plantes du Québec, on ne les voyait pas. Même au niveau médicinal, si on va dans les marchés, on voit beaucoup de plantes qui ne sont pas d’ici. Je voulais honorer ma grand-mère qui soignait le village et les animaux avec les plantes qu’elle trouvait dans la nature. C’était donc important pour moi de valoriser les richesses de nos forêts. Et il n’y a pas que l’échinacée», souligne l’entrepreneure.

L’immortelle, par exemple, est une petite plante blanche qui pousse dans les forêts boréales. Elle contient de la curcumine, qui est l’agent actif présent dans le curcuma et sert d’anti-inflammatoire. Elle est appelée La smudge des femmes par les Amérindiens, car elle est utilisée lors des menstruations. Infusée en tisane, elle va colorer l’eau qui deviendra alors jaune.

Par sa démarche, Dominique Nadeau ajoute vouloir célébrer le passage des saisons. «On est un peu des païennes modernes, considère-t-elle. Quand j’ai eu des enfants, je ne voulais pas embarquer dans les fêtes commerciales et j’avais plus le goût de célébrer les transformations des saisons. Par exemple, l’hiver, on va ralentir, faire une introspection. C’est amener les gens à se réapproprier un cycle qui est plus en harmonie avec la nature.»

La poussière de fée se boit glacée comme un gatorade naturel. La sorcière des bois avec du sapin, du thuya et de l’ortie se prête bien au rhume ou à la grippe, donc répond bien à la période hivernale.

Femmes mises à l’honneur

«La cause féministe nous tient à cœur, donc c’est aussi un hommage à toutes ces femmes qui ont été oppressées, traitées de gitane, de sorcière… Ma grand-mère est décédée quand j’avais 16 ans. Elle a beaucoup changé qui j’étais, comment je pensais. Elle a divorcé à une époque où on ne divorçait pas. C’était une force tranquille, la sorcière du village. C’est ce que je transmets à mes enfants, donc pour moi c’est une continuité de son œuvre», se réjouit la mère.

Le nom Les Fées Sorcières vient du fait que sa grand-mère qui regardait Ma sorcière bien-aimée appelait Dominique sa Tabatha, car elle considérait qu’elle avait son don. Et parce qu’elle se surnomme Fée des bois du fait qu’elle se sente dans son élément lorsqu’elle est en forêt.

C’est d’ailleurs les deux caractères qui se retrouvent dans les produits.

«Pour ma grand-mère, les plantes ne s’appelaient pas l’Achillée millefeuille, mais plutôt l’herbe à Bon Dieu, rapporte l’entrepreneure. Elle ne connaissait pas les noms scientifiques parce que l’herboristerie est plus une tradition orale. Je suis allée chercher le côté scientifique, j’avais besoin de cette partie-là.»

Courtoisie: Les Fées Sorcières

Les étiquettes sont conçues par l’illustratrice québécoise Marie-Ève Turgeon.

«On voulait un côté féerique pour nos idées et on voulait se démarquer parce qu’il y en a partout des tisanes. Je ne bois pas d’alcool, mais mon conjoint, oui, et quand je lui achète de la bière de microbrasserie, je ne choisis pas la bière, mais l’image. L’autre inspiration, c’est la Savonnerie des Diligences, on a tout de suite associé l’image de marque avec eux», explique Mme Nadeau.

Démarche écoresponsable

Dominique habite à L’Ascension et son jardin est en partie une forêt où elle peut faire sa cueillette. Sa famille dispose en plus d’un terrain en Abitibi. Elle va aussi dans les parcs publics et certains propriétaires lui permettent de se rendre sur leurs terres.

«Ils savent qu’on fait attention, affirme-t-elle. On n’utilise pas de bourgeons de sapin dans nos tisanes parce que ce sont les branches en devenir. On prend les branches plus basses qui vont de toute manière mourir parce qu’elles manquent de lumière. Parfois, des gens doivent couper un sapin alors ils nous appellent pour nous donner les aiguilles. Pour le thé du Labrador, nos feuilles ne sont pas les plus belles. Les nouvelles feuilles poussent en haut et celles d’en dessous vont tomber dans l’année. Ce sont les vieilles que nous prenons, celles un peu brunes, imparfaites, mais tout aussi savoureuses. On ne va jamais épuiser la ressource.»

Crédit photo: Les Fées Sorcières

Elle prend d’ailleurs des photos avant et après la cueillette pour montrer son travail. Le répertoire d’entreprises écoresponsables Les pages vertes lui a d’ailleurs octroyé une cote d’excellence.

«Nos sacs sont compostables. Notre matière première, sauf le thé du Labrador qu’on cueille en Abitibi, est cueillie à pied chez nous, donc on n’a pas de transport ni d’emballage reliés à ça. On fait du compost. Notre atelier a été fait avec des matériaux recyclés ou des objets que les gens allaient jeter. Il y a l’aspect aussi plus humain: certaines personnes viennent nous aider et en échange, on leur offre des connaissances, des plantes…», insiste Dominique Nadeau.

Depuis son lancement, Les Fées Sorcières se sont fait une place dans 11 points de vente et avec la pandémie, ses ventes en ligne ont vite augmenté. Alors qu’elles ont le vent dans les voiles, les deux femmes auront besoin, dans un avenir proche, de mains supplémentaires destinées à la cueillette pour combler la demande qui ne cesse de grandir.

🧙‍♀️Les Fées Sorcières

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