Faire du chocolat végétalien et écoresponsable est l’objectif premier de Léa Audet qui a choisi de faire de sa passion un métier. Choco de Léa offre des produits chocolatés de qualité et s’assure que l’approvisionnement en fèves de cacao se fasse de façon équitable, de manière transparente et dans le respect de l’environnement.
Léa Audet se penche sur sa première année en affaires avec sa chocolaterie végane. Elle nous parle de son parcours éclectique, de ses rencontres inspirantes ainsi que d’un diagnostic qui ne l’a pas empêchée de réaliser ce projet qui lui trottait dans la tête depuis l’adolescence.
Bonjour Léa! Pouvez-vous nous résumer un peu votre parcours et nous dire comment en êtes-vous venue à créer Choco de Léa?
Mon parcours est un peu sinueux! J’ai fait un Bacc en Histoire, Culture et Société à l’UQAM. Puis, j’ai commencé une Maîtrise en sociologie. J’ai hésité entre la sociologie et l’anthropologie; ce qui m’intéressait, c’était d’étudier la relation entre la nourriture et les sociétés. Finalement, je n’ai pas fait la maîtrise parce que l’université, ce n’était pas pour moi! En plus, j’ai découvert que j’avais un TDAH, ce qui a ajouté sûrement aux difficultés.
Le chocolat a toujours été là, quelque part dans ma tête. Depuis la secondaire, je disais, à la blague, que j’allais faire des études et que si ça ne fonctionnait pas, je deviendrai chocolatière. Puis, un jour, je me suis dit: pourquoi pas!
Je ne me suis pas lancée comme ça! Après avoir passé trois années à l’étranger, j’ai pris un cours à l’ITHQ, car il y avait un volet sur le chocolat. Au Québec, il n’y a pas vraiment de formation complète en chocolaterie. Après cela, j’ai commencé à beaucoup m’intéresser à la cuisine moléculaire et végétalienne. Pour faire de bons produits végétaliens, il faut bien comprendre les molécules et les aliments. Je suis devenue pâtissière spécialisée dans les produits véganes. J’ai fait ça quelques années, mais il y avait toujours un vide. Je me disais: me semble que ce serait le fun de faire du chocolat!
J’ai donc essayé de trouver une chocolaterie végane pour qui je pourrais travailler. Je cherchais et je ne trouvais pas. Ça n’existait pas à ce moment-là. C’est alors que l’idée de Choco de Léa est apparue. S’il n’y en a pas, je vais en créer une!
Une phrase pour résumer les débuts de Choco de Léa?
Oh! je pourrais dire que les débuts étaient assez tumultueux et remplis d’apprentissage!
Depuis sa création, comment votre projet a-t-elle évolué?
L’idée de Choco de Léa est techniquement apparue en 2015, mais jusqu’à tout récemment, j’étais en quelque sorte en prédémarrage. Là, il s’agit de ma première année incorporée.
Au tout début, mon principal objectif était de créer un bon produit. C’était difficile de trouver l’information pour comprendre comment en faire. Des chocolats véganes, il y en avait vraiment peu sur le marché. J’avais trouvé une compagnie aux États-Unis, une en Angleterre et quelques autres ailleurs. Je n’avais donc pas vraiment de modèles à suivre. Après ça, rajoute toutes les étapes de démarrage d’une entreprise quand tu n’as pas de background d’entrepreneure et de connaissances sur le sujet. C’était beaucoup d’apprentissage!
Je sais maintenant que mes produits sont de qualité, car j’ai pu aller chercher de l’information auprès de professionnels partout dans le monde, poser mes questions, faire des tests. Faire des erreurs, de nombreuses erreurs! (rire)
Après cela, même si mes produits sont bons, il fallait trouver le moyen de les faire connaitre. Je voulais un bon modèle d’affaires. Je voulais bien faire les choses, c’est pour ça que mon prédémarrage a été long. En avril dernier, j’ai lancé officiellement ma boutique en ligne. La réaction était assez incroyable: en 36 heures, j’avais déjà tout vendu. J’étais d’abord seule dans une pièce chez moi et maintenant j’ai un atelier, des employés, une belle équipe!
Quelle est la chose la plus importante que vous ayez apprise pendant la première année?
C’est cliché, mais je dirais que j’ai appris à bien m’entourer. Je n’aurais pas pu répondre à la demande sans mon équipe!
Est-ce que vos expériences professionnelles passées vous ont été utiles afin de bien diriger votre projet?
Même si mon Bacc peut sembler éloigné de mon domaine actuellement, tout le côté éthique je ne l’aurais pas autant approfondi si je n’avais pas fait ces études-là. C’est ce qui fait la force de mon entreprise, je veux démocratiser le chocolat, que les gens sachent comment il est fait et tout le travail derrière la palette de chocolat – la pousse des arbres, la récolte, la fermentation… Il y a un gros travail qu’il faut mettre au grand jour. La démocratisation est importante pour, entre autres, contrer l’esclavagisme et prendre conscience de l’impact que nous avons sur l’environnement.
Quel a été votre plus grand défi jusqu’à présent?
La gestion du temps! C’est relié au TDAH. Sinon, accepter que tout ne puisse pas être parfait.
Comment appréhendez-vous votre rôle d’employeuse ou de cheffe d’équipe?
Le rôle de la cheffe d’équipe, je l’ai toujours eu en moi, mais j’ai longtemps repoussé l’idée que j’étais une leader, que je ne pouvais avoir cette force. Avec l’entreprise, j’ai évidemment accepté cette responsabilité et je m’y sens vraiment à l’aise. Quand j’y repense, j’ai toujours assumé des petits rôles de gestionnaire dans tous mes emplois passés.
Qu’est-ce qui vous motive à aller au travail chaque jour?
J’ai l’impression avec cette entreprise que je peux avoir un impact positif important à plusieurs niveaux. Par exemple, les coopératives auprès de qui j’achète les fèves de cacao ont tellement de belles répercussions sur leur société; elles construisent des routes, des écoles, etc.
Quel conseil auriez-vous aimé recevoir juste avant de développer Choco de Léa?
D’avoir une semaine avant de commencer! Sans blague, c’est un conseil que j’essaie encore d’appliquer: prendre soin de soi. Je suis TDAH, très H, – j’ai été d’ailleurs diagnostiquée il y a seulement trois ans –, j’ai beaucoup d’énergie et j’ai tendance à exagérer. Si je ne mets pas des limites, un timer, je vais travailler des 17h par jour. Mais, au début, j’avoue que ce conseil je ne l’aurais probablement pas écouté!
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut lancer sa propre compagnie?
De bien s’entourer. Ce n’est pas seulement d’avoir de bon employés, c’est aussi avoir un bon cercle avec qui on peut parler de son projet. J’ai eu la chance d’avoir des ami.es, un copain, une famille qui me soutenaient dans mes idées et qui croyaient en moi.