Mandaté par la Fondation Émergence et publié en 2017, un rapport de recherche effectuée par Léger souhaitait rendre compte de la perception des Canadien.nes concernant la transphobie. Parmi les résultats obtenus, l’on constate que 77% des répondant.es du Québec ont répondu «oui» à la question suivante: «Croyez-vous que les personnes trans subissent de la discrimination par les employeurs?». Même si les perceptions et les mesures ont évolué depuis les dernières décennies en matière d’inclusion, d’autres chemins restent encore à parcourir afin d’offrir un milieu de travail sain pour les personnes trans et, plus largement, l’ensemble de la communauté LGBTQ+.
Olivia Baker, chargée de programmes et des communications de la Fondation Émergence, considère que l’intention est bonne chez les entreprises, mais que rien n’est encore gagné. L’un des principaux défis qu’elle soulève est la visibilisation des allié.es et des personnes LGBTQ+ en entreprise.
«On retrouve un pourcentage de 10-12% de personnes LGBTQ+ au Québec, ce pourcentage-là devrait donc figurer dans les employé.es. Si ces personnes ne se retrouvent pas dans le milieu du travail, c’est qu’il y a un problème à l’embauche ou au sein de la culture organisationnelle faisant en sorte qu’elles ne sentent pas à l’aise», souligne-t-elle.
Fondée en 2000, la Fondation Émergence, organisme à but non lucratif qui a pour mission d’informer, d’éduquer ainsi que de sensibiliser les personnes à propos des enjeux de la diversité sexuelle et de genre, offre plusieurs programmes, dont celui appelé Proallié qui est destiné au milieu de travail et dans lequel nous retrouvons de la formation ainsi que du matériel de sensibilisation pour les entreprises.
La Ville de Montréal et le gouvernement fédéral sont parmi les grands noms qui ont sollicité l’expertise de la Fondation à travers ce programme, qui a vu le jour en 2016.
«Ce qui est intéressant avec Proallié, c’est qu’on peut aider différents milieux, allant de la petite librairie à la Banque du Canada», précise-t-elle.
Le guide Intégrer les personnes trans en milieu de travail offert par la Fondation en partenariat avec ATQ (Aide aux trans du Québec) est accessible en ligne et gratuit. Il offre de l’information utile et suggère quelques gestes à poser lorsque l’on est un employeur ou une employeuse. Favoriser les toilettes neutres et des uniformes non genrés ou encore souligner la Journée internationale contre l’homophobie ou la transphobie sont des exemples de mesures à suivre.
Plusieurs actions doivent être posées par l’employeur ou l’employeuse afin de s’assurer que l’entreprise soit ouverte à la diversité, qu’elle ait ou non une personne trans dans son équipe. «Il existe déjà plusieurs barrières qui rendent le parcours de l’emploi difficile aux personnes trans avant même qu’elles aient un travail. Elles hésiteront à postuler pour un poste si, par exemple, l’entreprise ne se présente pas comme inclusive.»
Selon Mme Baker, lorsqu’un.e employé.e affirme sa transidentité, l’employeur ou l’employeuse doit suivre quelques étapes. «Il importe d’abord d’avoir une réelle discussion avec la personne trans, d’établir avec elle le pronom à utiliser et lui demander où elle en est dans sa transition afin de, par exemple, modifier au moment opportun le nom et la mention du genre dans tous les dossiers. Il faut aussi lui demander comment elle souhaite communiquer sa transition auprès de ses collègues. Le plus important, en fait, c’est de respecter le rythme de la personne, demeurer disponible et être à l’écoute», souligne-t-elle parmi les premières actions à poser dans cette situation.
Olivia Baker conseille alors que l’entreprise suive une formation afin que les employeurs et employeuses ainsi que les employé.es soient informé.es adéquatement. «Ce n’est pas à la personne trans d’avoir ce poids sur les épaules, celui de former tout le monde», précise la chargée de programmes et des communications qui croit entre autres au principe du lead by exemple. Si le ou la superviseur.euse veut que son équipe soit dans l’acceptation de cet.te employé.e, il faut agir en exemple en respectant son identité de genre, par exemple, à travers l’utilisation du bon pronom ou en rectifiant les personnes qui font usage du mauvais.
Étant donné qu’il existe dans chaque entreprise un roulement, la formation peut s’offrir à plusieurs reprises afin que l’information concernant la diversité sexuelle et de genre soit connue de tout le monde au travail. Bien que cette formation puisse être personnalisée, elle est généralement d’une durée de 1h30 et comporte le témoignage d’une personne trans qui a effectué sa transition en milieu de travail.
Pour plus de détails concernant le programme, consultez le site de la Fondation Émergence.