Charlotte Bergere a fondé l’entreprise familiale O’lou en 2016 à Montréal. Les habits unisexes majoritairement pour enfants sont sa marque de fabrique, en commençant par les pantalons. La fabrication locale et le respect de l’environnement sont des valeurs qu’elle développe, entourée de travailleuses autonomes.
Après un Bachelier en art graphique, la Française arrive au Québec et met ses talents à profit dans le domaine de la restauration. Elle décrit son parcours entrepreneurial comme venu d’un pur hasard.
« Je suis tombée enceinte de mon premier enfant qui a aujourd’hui 5 ans et demi, puis j’ai commencé à faire des couches lavables pour une compagnie québécoise qui a depuis fermé, raconte Charlotte Bergere. Tranquillement, j’ai commencé à faire des vêtements pour mon fils parce que je ne trouvais rien sur le marché qui n’était pas genré, cela ne correspondait ni à nos valeurs ni à nos goûts vestimentaires. J’ai commencé à faire des pantalons et des amis m’en ont demandé pour leurs enfants, pour des cadeaux de shower… »
Elle a appris la couture sur le tas, mais pour O’lou, elle a rapidement décidé de faire appel à des couturières professionnelles. Elle s’occupe quant à elle du design, de la ligne graphique et artistique, des patrons.
« Je ne travaille pas avec des ateliers de confection parce que je préfère le contact de un à un. Les couturières avec qui je fais affaire sont des [travailleuses autonomes] en qui j’ai une confiance aveugle.
« Ça fait trois ans que je travaille avec elles, sachant qu’elles sont deux ou trois selon les périodes. On se voit régulièrement, peut-être une fois par semaine, pour voir si tout va bien, si elles ont des questions… Je n’avais pas les moyens de les payer plus de 15$/heure et là, elles sont payées à la pièce. C’est elles qui évaluent les prix, donc tout le monde y gagne. S’il y a des mois où il y a moins de production, elles ont d’autres entreprises, donc pas de baisse de revenus », assure l’entrepreneure.
Si on lui a conseillé d’exporter sa production pour avoir de plus grands bénéfices, elle fait le choix de rester local et de livrer ses couturières à vélo.
Habits unisexes
« Je pars du principe qu’un enfant, qu’il soit garçon ou fille, reste un enfant, insiste la Montréalaise. Il a besoin de confort et de flexibilité dans ses mouvements. Je trouve qu’un garçon peut autant porter du rose que du bleu, et inversement. Au final, ça reste des vêtements.»
Les matières premières sont le coton biologique, le chanvre et un peu de bambou. Certains tissus ne sont pas suffisamment extensibles pour ses créations, donc elle utilise du polyester, mais s’assure qu’il soit recyclé.
« L’industrie de la mode est l’une des industries les plus polluantes et je n’avais pas envie de participer à ça.
« C’est sûr que ça crée une niche, les vêtements sont plus chers. […] C’est avec cette même idée qu’on a créé les lingettes réutilisables. On utilise les chutes de tissu de nos collections pour les faire. Elles sont doublées en chanvre qui est un tissu qui s’adoucit et s’affine au fil des lavages », souligne Charlotte Bergere.
Elle s’assure que le tissu restant de la précédente collection s’incorpore à la nouvelle ou elle choisit de garder quelques items sur plusieurs saisons, comme le swagger Billy.
Elle travaille avec la même illustratrice depuis quatre ans, Magali Robidaire du Bocal de Mag. Cet été, elle s’est lancée dans des dessins sérigraphiés à Montréal, grâce à Iris Sautier de la Bourgeoise Sérigraphe.
« Avec Magali, on cherche chacune de notre côté les tendances, sans trop pousser non plus parce qu’on y va à l’inspiration, explique l’entrepreneure. Pour la collection d’été, je voulais qu’on soit sur le naturel, sur le jeu et le côté communauté de l’enfant. Magali m’a parlé d’une bande de singes et m’a envoyé des croquis, on a validé ensemble les tissus et on a vérifié que cela fonctionne avec les coloris. […] Je voulais une seule couleur parce que ça donne un côté très graphique, hyper punché, et on peut l’imprimer sur n’importe quelle couleur. Je pense que ça va être notre marque de fabrique : noir avec des traits fins. »
La collaboration se poursuivra cet automne.
Défis entrepreneuriaux
« Être entrepreneure est un défi quotidien, au niveau financier et au niveau de la solitude aussi parce que, même si je collabore avec beaucoup de monde, je suis toute seule dans mes prises de décisions. Parfois, j’ai pris de mauvaises décisions comme l’année dernière pour la collection d’hiver, je ne pouvais m’occuper de rien comme j’étais très enceinte, j’avais pas mal délégué à un atelier de confection et finalement, ça ne s’est vraiment pas bien passé, il y a eu de grosses erreurs de confection et on a livré en retard à Noël. Ça a été tout un défi de rebondir là-dessus », regrette Charlotte Bergere.
Elle ajoute aussi avoir eu de la difficulté à trouver un équilibre travail-famille, d’autant plus que son conjoint, Sylvain Clep, participe notamment aux shooting photo, à la création de logos et aux traductions.
Lors de la pandémie, les ventes estivales ont explosé.
« L’atelier de coupe a fermé, donc il a fallu que je rapatrie les tissus chez moi, rigole la Montréalaise. J’ai coupé quasiment 400 morceaux de vêtements, sur ma table de cuisine, la nuit. On a fait un système où une fois par semaine, j’allais chez les couturières leur déposer les tissus et récupérer les commandes faites. »
Elle a aussi décroché une place dans trois boutiques québécoises, donc elle s’est restructurée pour s’habituer à de plus grosses quantités de production, ce qui au final lui permet d’être plus stable. Elle travaille présentement sur un prototype de pantalon pour adultes, sur le même modèle que celui des enfants. Elle prévoit l’hiver prochain élargir sa gamme de vêtements pour enfants, avec des hoodies et des vestes.
Vous cherchez des produits éthiques pour vos enfants? Lisez notre article sur Raplapla!