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Futur Proche: Informer et penser la transition écologique

Futur Proche: Informer et penser la transition écologique

À l’esthétique léchée et à l’esprit engagé, le jeune magazine web québécois Futur Proche se dédie à l’urgence climatique.

Sa fondatrice, Élisabeth Labelle, est fraichement diplômée de l’Université Concordia. Elle a choisi de mélanger des contenus journalistiques avec diverses créations littéraires afin de multiplier les voix et les façons de penser à des solutions pour l’environnement. Ainsi, à terme, des poèmes, des récits voire même des bandes dessinées produits par des lecteurs côtoieront des portraits et reportages plus longs menés par l’équipe de Futur Proche.

Le média émergent qui souhaite devenir un outil de mobilisation citoyenne s’inscrit avec fierté dans le courant du «slow-journalisme» et revendique ne faire aucune place à la publicité sur sa plateforme. Entrevue.

Élisabeth Labelle. Crédit photo: Ariane Poulin.

Bonjour Élisabeth! Quelle est l’histoire de la création de Futur Proche?

Élisabeth Labelle: À l’automne 2019, j’entrevoyais la fin de mes études en journalisme au printemps avec un peu d’appréhension. Les finissant.es en journalisme sont conscient.es de la crise des médias, nous y sommes plus ou moins préparés durant nos études. À cette appréhension était mêlée une certaine frustration envers un système visiblement dépassé par les nouvelles technologies et toujours aussi enclin à favoriser les actionnaires et les annonceurs, plutôt que les journalistes et les lecteur.rices.

En septembre dernier, j’étais de la marche pour le climat à Montréal, aux côtés de milliers d’autres personnes, et ce que j’y ai vécu m’a profondément interpellée en tant que citoyenne, mais aussi comme journaliste. Suite à la manifestation, pendant des jours, j’avais des dizaines de questions qui me trottaient en tête, des sujets que j’avais envie d’aborder en profondeur, des gens que je voulais rencontrer… C’est comme ça que Futur Proche est né!

«Il y a un consensus sur l’urgence climatique, mais on ne peut pas en dire autant des solutions pour y faire face.»

Illustration: Clémence Langevin pour Futur Proche.

À quels sujets faut-il s’attendre?

E.L.: Ce qui m’a menée en journalisme c’est certainement un amour pour l’écriture, mais aussi une grande curiosité, surtout pour les gens. Futur Proche est donc un webzine qui s’intéresse aux acteur.ices de changement, tant au sein du mouvement étudiant que dans les autres sphères de la société, notamment à travers le portrait, un style d’écriture immersif que j’affectionne particulièrement.

Bien évidemment, un projet de journalisme indépendant dédié à l’urgence climatique ne peut se passer de reportages sur des sujets de société, liés au transport, à la santé, etc. Les changements climatiques ont un impact sur absolument tout de notre civilisation, ce qui en fait un sujet si passionnant et terrifiant à la fois!

Le magazine défend sa formule hybride qui se destine à accueillir autant d’articles rigoureux que de poèmes.

Pourquoi le choix de cette diversité?

E.L.: La ligne éditoriale de Futur Proche peut se résumer ainsi: il y a un consensus sur l’urgence climatique, mais on ne peut pas en dire autant des solutions pour y faire face. Le contenu journalistique et le contenu littéraire, chacun à leur manière, suscitent la réflexion et explorent les choix qui s’offrent à nous devant une menace qui est bien réelle.

En ce qui concerne le contenu littéraire soumis par les lecteur.ices, je dois avouer que le confinement a devancé mes plans d’ajouter cette dimension au webzine! Comme Futur Proche est un projet de journalisme indépendant qui appartient au lectorat, c’était mon intention qu’ils et elles puissent s’y exprimer afin d’enrichir notre démarche de perspectives diversifiées.

«Je crois qu’un journalisme de fond peut très bien cohabiter avec les nouvelles en continu, c’est même nécessaire.»

Vous avez également décidé de créer un magazine web sans aucune publicité. Parlez-moi un peu de ce choix.

E.L.: La raison d’être de Futur Proche n’est pas de s’enrichir ou de rechercher la croissance infinie. À mon avis, le journalisme n’est pas une entreprise capitaliste dans son essence, c’est un service public. Alors, dès le départ, je savais que Futur Proche serait un projet sans but lucratif, sans abonnement et sans publicité.

L’abonnement payant restreint l’accès des moins nantis à l’information. Comme la crise climatique touche toute la société et plus particulièrement les milieux moins privilégiés, c’était d’autant plus important que le webzine puisse être consulté gratuitement.

En ce qui concerne la publicité, il y a quelque chose de profondément illogique dans le fait que le journalisme objectif et balancé dépend d’annonceurs qui cherchent à vendre des produits et services. Par souci d’indépendance, mais aussi pour éviter d’encourager la consommation, il n’y a donc pas de contenu commandité ni de bannières publicitaires sur le site. Les lecteur.ices peuvent aider à financer le projet grâce à des contributions volontaires, à la hauteur de leurs moyens. Chaque dollar est réinvesti dans le webzine. Comme je l’ai dit plus tôt, la raison d’être de Futur Proche n’est pas de s’enrichir: le travail que je fais est 100% bénévole.

Les militants Ève Grenier Houde et Mika Pluviose.
Crédit photo: Kay Milz.
Les militants Ève Grenier Houde et Mika Pluviose.
Crédit photo: Kay Milz.

Futur Proche désire s’inscrire dans une démarche plus lente, mais plus qualitative. Que souhaitez-vous apporter à travers cette approche?

E.L.: Dans la même lignée que le mouvement «slow toute», je dirais que je suis une adepte du «slow journalisme»! [rires] Je pense que l’hégémonie du «clickbait» nuit à l’information de qualité. Bien entendu, il faut des médias d’information qui partagent les nouvelles de dernière heure. Ceci étant dit, je crois qu’un journalisme de fond peut très bien cohabiter avec les nouvelles en continu, c’est même nécessaire.

Sans contrainte de temps ni d’espace, on a toute la place pour analyser un phénomène en profondeur, sur une plus longue période de temps, mener une enquête, compiler des données, etc. Je crois que cette liberté est exaltante pour n’importe quel journaliste! Ça signifie aussi avoir plus de temps pour concevoir des visuels originaux. Au final, je crois que les lecteur.ices apprécient lire un article dans lequel on a mis autant d’efforts.

De quelle façon aimeriez-vous faire évoluer Futur Proche?

E.L.: À court terme, je planifie une campagne de sociofinancement avec l’illustratrice Ariane Cloutier cet été. Nous travaillons présentement sur deux-trois items faits à Montréal qui seront en prévente sur notre site web. C’est à surveiller puisque les quantités seront limitées pour éviter le gaspillage!

À plus long terme, j’aimerais avoir une équipe de journalistes pigistes qui contribuent au webzine de partout au Québec, dans des communautés autochtones et des communautés francophones hors-Québec. J’aimerais aussi développer un podcast et des trousses éducatives sur différents sujets en lien avec la crise climatique, etc. Les idées ne manquent pas!

🌱 Futur Proche

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