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Philippe Laperrière, PDG et fondateur de Fuga

Philippe Laperrière, PDG et fondateur de Fuga

Fuga est une jeune entreprise québécoise qui produit du cannabis médical cultivé en petits lots pour soulager les maux et faciliter le bien-être. La compagnie ne serait probablement jamais née si son fondateur n’avait pas été forcé de prendre un temps de recul suite à un accident. Rencontré il y a un mois; voici l’histoire du fondateur.

Bonjour Philippe! Parlez-nous de votre parcours et de l’histoire derrière Fuga.

J’ai un parcours plutôt atypique: je suis une espèce de touche à tout, curieux, qui a une soif d’apprendre insatiable. Plus il y a de défis, mieux je me sens! J’ai oeuvré dans le milieu de la culture comme metteur en scène et directeur artistique pendant plus d’une dizaine d’années pour ensuite, sans trop m’en rendre compte, me diriger vers l’événementiel et les spectacles à grand déploiement. Ensuite, j’ai dévié vers le milieu touristique pour le Groupe le Massif, dans Charlevoix. 4 ans après, on m’a proposé de devenir directeur général de la Baie de Beauport à Québec pour travailler à sa valorisation et son repositionnement. Pendant ces 3 années, j’ai réintroduit la baignade dans le Saint-Laurent et avec mon équipe nous avons réussi à positionner la baie de Beauport comme un incontournable dans la région.

Suite à ce mandat, ma blonde et moi avons décidé de larguer les amarres et partir en voilier avec nos deux jeunes filles. Nous avons pratiquement tout vendu pour faire un superbe voyage en voilier qui nous a menés entre autres aux Bahamas, aux Iles Turquoises, en République dominicaine, en Colombie et enfin au Panama. Dans ce genre de voyage, où l’on passe la majeure partie de son temps en famille, on remet en question plusieurs habitudes de vie. Qu’allais-je devenir au retour? Comment joindre mes désirs et objectifs de vie et la réalité?

Et c’est la vie qui s’en est chargée. En septembre 2018, de retour de voyage, j’ai subi une violente commotion cérébrale suite à une chute à vélo de montagne. J’ai dû cesser mon travail, mes activités sociales, etc. Il fallait se mettre au repos. Mais pour un gars comme moi, qui carbure aux défis et à l’apprentissage ce fut difficile. Je souffrais de violentes migraines, d’insomnie, la vie n’était pas à son meilleur et les ibuprofènes, aspirines et acétaminophènes étaient proscrits pour me soulager.

Pendant cet arrêt forcé, je me suis mis à lire sur le cannabis, la légalisation s’en venait, le 18 octobre 2018. Et au fil de mes lectures, je suis tombé sur des articles parlant du CBD. N’étant pas amateur de cannabis à cette époque, le CBD ne me disait strictement rien, mais semblait être un «remède» efficace pour soulager plusieurs maux, dont les commotions cérébrales.

Le 20 octobre, je me suis donc rendu à la SQDC pour acheter du CBD et essayer, je n’avais rien à perdre. Le résultat fut immédiat, exit les maux de tête, et je n’avais pas d’effet psychoactif! J’ai donc poussé mes recherches sur le cannabis médical et tout un monde s’est ouvert à moi. C’est incroyable tout ce qu’on a à apprendre sur cette plante. Et ce qui me fascine le plus, c’est toute la désinformation faite à son sujet et la manière dont elle a été diabolisée. Entendons-nous, je ne suis pas pour la consommation chez les jeunes, mais je crois que nous devons rester ouverts face aux découvertes qui sont faites et nous empresser d’éduquer les gens à son sujet.

J’ai vu qu’il y avait un congrès sur le sujet à Las Vegas en novembre 2018, j’ai donc acheté un billet et m’y suis rendu pour en apprendre davantage. C’était fascinant de voir à quel point cette industrie était en effervescence. Dans ce congrès j’ai rassemblé toutes les données nécessaires pour monter un plan d’affaire à mon retour.  Donc c’est sans trop m’en rendre compte, encore une fois, que mon parcours a bifurqué vers cette nouvelle industrie et que j’ai créé Fuga, qui veut dire envol en latin.

Fuga est un producteur de cannabis médical en petits lots. J’aurais pu monter une grosse entreprise de production, mais je voulais avoir une entreprise à échelle humaine où le produit et le bien-être allaient être au centre de nos réflexions, mais surtout de nos actions. C’est pourquoi nous avons créé un lieu de travail magnifique pour que l’équipe s’y sente bien et nous avons décidé de remettre 1% de nos revenus à la communauté dans laquelle nous nous installons. Je crois qu’en 2020, une entreprise se doit d’être un citoyen corporatif actif et exemplaire dans son milieu. Donc ce programme de financement servira à aider soit des causes sociales comme la prévention de la consommation auprès des jeunes ou encore des causes environnementales.

Après plus de 12 mois de travail à lever le financement requis – il faut savoir que le financement traditionnel ne finance pas l’industrie du cannabis – notre première installation de production est terminée depuis la fin février et nous sommes en attente de nos licences de production.

«C’est incroyable tout ce qu’on a à apprendre sur cette plante. Et ce qui me fascine le plus, c’est toute la désinformation faite à son sujet et la manière dont elle a été diabolisée.»

Dans quelle ville êtes-vous basés?

Stoneham, une jolie petite ville montagneuse près de Québec.

Un mot pour définir quel type de travailleur vous êtes…

Curieuxdéterminéetcréatif, tout collé, ça compte pour un mot?!

Qu’est-ce qui rend Fuga unique?

L’aspect conscient de son environnement et de son impact.

Quelle est la taille de votre compagnie?

C’est une très petite entreprise. Nous serons 7 employés pour la première microproduction, mais on compte en avoir plusieurs au Québec dans les prochaines années si tout va bien.

 

Quels outils sont essentiels à votre vie?

Mon tapis de méditation. Je suis loin d’être quelqu’un d’ésotérique, mais étant curieux, je suis allé essayer la méditation à l’été 2018 et j’ai découvert là un moyen incroyable de se ressourcer.

À quoi ressemble votre espace de bureau?

Épuré, il faut laisser de la place pour les idées et la spontanéité.

 

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ENFIN UN VISAGE!! On vous présente Philippe Laperrière, alias Phil. Fuga, c’est beaucoup son idée. D’où la fierté qu’il affiche devant le chantier de Stoneham, au nord de Québec, où nous ferons bientôt pousser nos premiers plants d’un cannabis médical de qualité exceptionnelle. Restez à l’affût. Le meilleur s’en vient. / Meet Philippe Laperrière aka Phil. He’s Fuga’s mastermind and, as this picture shows, he is quite proud to see our building rising from the ground. It is there, in Stoneham, Quebec, that we will soon grow exceptional medical cannabis. Stay tuned! #fuga #groupefuga #grownwithcare #inprogress #prouddad #cannabis #cannabisculture

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Avez­-vous une façon d’organiser vos journées afin d’optimiser votre travail?

Absolument. Quand je suis au bureau avec l’équipe, je suis dévoué à celle-ci, je suis à leur service. Ma gang est beaucoup plus compétente que moi dans leurs domaines respectifs, moi j’agis en tant que guide, pas spirituel, mais plutôt comme un guide de montagne. Je surveille les écueils, les défis et je m’assure que tous se rendent à bon port, en santé et dans le plaisir.

«Je crois qu’en 2020, une entreprise se doit d’être un citoyen corporatif actif et exemplaire dans son milieu.»

Quelles astuces conseilleriez­-vous pour améliorer la productivité?

Se permettre de passer du bon temps en équipe, ne pas toujours parler de travail et permettre aux membres de l’équipe de perdre son temps. Je travaille aux objectifs et non aux heures passées au bureau. On est à Stoneham, près de la station de ski; en après-midi, s’il y a un belle drop de neige, je suis le premier à proposer à la gang d’aller rider et de profiter des bonnes conditions de ski. Au final, on est tous gagnants.

Vous êtes meilleur que vos collègues de travail pour…

Faudrait leur demander. J’ai une tendance à vouloir tout faire trop vite et je commence à la savoir. Donc je travaille sur la croissance en gardant près de moi des gens expérimentés qui pourront me guider et m’aiguiller. Apprenons à marcher avant de courir et restons humbles dans l’apprentissage.

Crédit Unsplash.

À propos du design, qu’est-ce que votre marque reflète?

Le milieu du cannabis n’est pas un milieu où le design a toujours fait partie des priorités. Disons que les couleurs de la Jamaïque, la feuille de pot et l’image de Bob Marley ont été usées à la corde! Pour Fuga, je voulais quelque chose de raffiné, mais d’accessible, une image de marque qui inspire confiance sans être dans l’impersonnel du milieu pharmaceutique. C’est avec LG2 que nous avons travaillé le branding et j’en suis très fier.

«Sers-toi du stress comme d’un tremplin et non comme d’une enclume qui te cloue au sol et te mène à l’immobilisme.»

Qu’est-ce qui vous inspire et vous motive à aller au travail chaque jour?

Savoir que le cannabis peut aider, faire du bien, ça me motive énormément. Auparavant j’étais dans la culture et la villégiature, mon travail était de permettre aux gens de se créer des souvenirs, de passer du bon temps. Aujourd’hui, j’ai l’impression de travailler à soulager ceux qui l’ont plus difficile, que ce soit avec la maladie mentale ou les maladies physiques. Ça me motive énormément. Et tout l’aspect éducation quant à ce nouveau produit m’attire particulièrement.

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?

Laisse tes antennes allumées, écoute, observe…

Quelle est votre stratégie en ligne?

Nous en sommes à la définir, le milieu du cannabis en est un très réglementé, donc nous apprivoisons les paramètres imposés par le gouvernement. On apprend, on observe…

Quels ont été vos plus grands défis en tant qu’entrepreneur?

Apprendre à ralentir, un travail de tous les jours et croyez-moi, ce n’est pas acquis!

Quels seraient les conseils que vous donneriez à quelqu’un qui souhaite démarrer son entreprise?

Sois dans l’action, ne pense pas trop, mais pense bien et go, fonce. Fais-toi confiance, car il y aura toujours des détracteurs pour te dire que tu es dans le champ. Sers-toi du stress comme d’un tremplin et non comme d’une enclume qui te cloue au sol et te mène à l’immobilisme.

Note: Fuga est en attente de sa licence de production de la part de Santé Canada

🌱 Fuga

 

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