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LVM: Livraisons écologiques à deux roues dans la métropole

LVM: Livraisons écologiques à deux roues dans la métropole

Un tel déferlement de commandes n’était pas prévu. «La première semaine [de confinement], nous avons eu moins d’activité, puis nous en avons eu beaucoup plus!», confie Joffrey Fuzet, fondateur et directeur général de Livraison Vélo Montréal (LVM).

Depuis ce virage ascendant, les roues de ses vélos cargos n’en finissent plus de tourner et son entreprise s’est associée avec des concurrents pour assurer un réseau de service étendu dans la Ville de Montréal. Un entrepreneur dont l’entreprise se développe en support des petits commerçants, tout en s’alliant avec la concurrence et en préservant la planète, c’est le genre d’initiatives bienvenues en période de crise.

Joffrey Fuzet.

Des kilomètres au compteur avec la pandémie

Lorsque nous avons eu Joffrey Fuzet au téléphone, il était en train de gérer la livraison d’un gros colis: 100 kilos de litière pour chat! L’entrepreneur «suroccupé» raconte qu’il a été contraint de modifier son activité à l’arrivée de la pandémie. «Au départ, nous avons pris une grosse claque, car nos clients étaient surtout des torréfacteurs de café, des vendeurs de thé ou des designers de vêtements, et nous faisions nos livraisons dans des bureaux, des boutiques, des restaurants et des cafés. Tout cela a périclité du jour au lendemain», raconte-t-il.

Heureusement, certains clients de l’entreprise se sont vite adaptés en offrant leurs produits aux particuliers, et les livraisons ont alors été plus petites, mais beaucoup plus nombreuses. Si bien que l’équipe de livreurs cyclistes de LVM est passée de 3 à 8 personnes employées. «On m’appelle même aujourd’hui pour faire des franchises!», confie l’entrepreneur.

Le patron de l’entreprise sur roues créée en 2015 s’est rapproché de deux entreprises du secteur, Courant Plus et La Roue Libre, pour accélérer la mise en place d’un projet tout juste ébauché avant la pandémie. «Nous sommes trois entrepreneurs à la tête de compagnies de livraison écologique à Montréal et nous n’étions pas vraiment proches – même si nous sommes français tous les trois – mais nous avons souhaité déployer un service commun», raconte Joffrey Fuzet.

Le Service de livraison urbaine “Livraison Arc-en-ciel” se monte alors très rapidement, avec l’appui des sociétés de développement commercial de Montréal (SDC), des organismes Coop Carbone, Jalon et de la Ville de Montréal. 

Courtoisie LVM.

«On a bien bossé et tout le monde a embarqué!», se réjouit le Français à l’accent ensoleillé d’Arles, heureux des bons retours et de la couverture efficace sur le territoire de Montréal. Il appelle encore plus de commerçants à rejoindre l’aventure en contactant leur SDC.

«Nous travaillons avec des livreurs payés à l’heure et non à la performance et nous sommes capables d’optimiser les choses pour que ce soit rentable. C’est là qu’on excelle.»

Avec la pandémie, l’entrepreneur qui a dû fermer son activité annexe d’atelier pour vélos a mis en place des mesures pour assurer la sécurité sanitaire de ses employés. «Nous nous sommes équipés d’un bon gallon de Purell et de masques que nos livreurs lavent tous les soirs, ainsi que des gants pour se protéger, et bien sûr comme d’habitude un casque».

Tout un protocole est présentement déployé pour une livraison zéro contact et le respect des distances de sécurité entre le livreur et les clients.

Une solution écologique et rapide

L’entrepreneur européen qui s’est installé au Québec il y a 11 ans avec sa conjointe revendique des valeurs saines. «Nous sommes une compagnie locale, écologique, sympa, qui traite bien ses employés, qui a un code de conduite, et tout ça pour un prix raisonnable», clame-t-il.

Courtoisie LVM.
Courtoisie LVM.

Les vélos cargos, qui se faufilent au milieu du trafic, contribuent à diminuer les émissions de gaz à effet de serre générés par le trafic de camions de livraison polluants. Un argument écologique qui a conduit la mairie de Montréal à lancer dès septembre 2019 un projet pilote de livraison urbaine incluant LVM – baptisé Colibri – dans l’arrondissement de Ville-Marie.

Sur le plan humain, l’antithèse de ce que l’entrepreneur souhaite implanter dans son entreprise et ses partenariats tient en un mot qu’il prononce sans sourciller: «l’ubérisation». «Nous travaillons avec des livreurs payés à l’heure et non à la performance et nous sommes capables d’optimiser les choses pour que ce soit rentable. C’est là qu’on excelle», commente celui qui souligne que ses «gens sont bien traités»

À ces valeurs humaines et écologiques, s’ajoute un atout important du vélo par rapport aux modes de livraison traditionnels, en particulier en période de crise: la rapidité.

«À Montréal, en ce moment, on ne peut pas savoir quand on va être livré, car Poste Canada est débordée, constate-t-il. Sur Amazon, les délais annoncés vont de 4 à 6 semaines. Chez Métro, IGA et les autres grandes épiceries en ligne, cela va de 7 à 8 jours». Les petites épiceries de quartier, animaleries, librairies, boutiques zéro déchet et autres commerçants – services locaux essentiels ou contraints de fermer – qui traversent la crise avec les livraisons Arc-en-ciel, peuvent être beaucoup plus rapides en livrant le jour même pour des commandes placées avant midi.

Et l’hiver, comment roule ce commerce écologique? «Nous livrons à l’année longue», répond celui qui avoue s’être autorisé deux jours de fermeture climatique seulement depuis 5 ans, pour cause de pluie verglaçante particulièrement coriace. Avec sa vingtaine de vélos électriques, dont certains peuvent traîner des charges allant jusqu’à 300 kilos, Joffrey Fuzet affirme diriger aujourd’hui la plus grosse compagnie de livraison à vélo au Québec. 

Courtoisie LVM.

Perspectives pour le monde d’après

Avec un réseau commun qui couvre presque toute la ville, l’union fait la force pour LVM et ses partenaires, rejoints depuis par la coopérative Chasseurs Courrier. Joffrey Fuzet souhaiterait faire perdurer l’expérience collaborative après la pandémie. «C’est un projet rentable, mais je ne veux pas que cela dure de cette manière. Ce qu’on fait dans l’urgence à courir comme des lapins de garenne tout le temps, ce n’est pas possible. Physiquement et psychologiquement on ne va pas tenir!», confie-t-il. M. Fuzet souhaite bâtir une association pérenne avec ses partenaires pour continuer à développer ce modèle d’affaires auprès des commerçants locaux. 

«Je n’anticipe pas un retour à la normale rapidement donc il faut qu’on se prépare pour répondre à ce genre de problématiques pendant longtemps, et nous avons encore beaucoup de travail», ajoute-t-il. Les entrepreneurs à deux roues reçoivent également des demandes de restaurants, peut-être une autre voie de développement. Un autre défi? Attirer les grandes enseignes locales. La roue n’a sûrement pas fini de tourner pour LVM et ses partenaires montréalais.

🚲 Livraison Vélo Montréal (LVM)

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