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Des entreprises québécoises se réinventent dans la production de masques de prévention

Des entreprises québécoises se réinventent dans la production de masques de prévention

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La semaine dernière, l’Agence de santé publique du Canada recommandait de porter un masque dans les espaces fermés, à l’épicerie ou encore dans les transports en commun. Des artisans québécois se sont lancés dans la confection de ces produits pour répondre à une demande grandissante et permettre ainsi aux instances gouvernementales de conserver les masques N-95 destinés aux services de santé. Un défi de taille. 

Le port d’un masque non médical, même sans symptômes, est «une mesure supplémentaire que vous pouvez prendre», déclarait récemment en conférence de presse l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, Theresa Tam. 

Avant même cette annonce, plusieurs compagnies québécoises s’étaient déjà lancées dans la production de masques, dont EC3D, une entreprise familiale montréalaise spécialisée dans les vêtements de compression sans couture. «En réalisant l’ampleur de la situation, on a voulu répondre à l’appel du gouvernement qui demandait aux entreprises de fournir des masques médicaux», explique Carine Villeneuve, vice-présidente de EC3D.

Courtoisie EC3D.

Peu après la fermeture des écoles, le 13 mars dernier, l’équipe a commencé à travailler sur un prototype destiné initialement au personnel de la santé. Mais il y a quelques jours, les résultats du test d’efficacité de filtration bactérienne (BFE) sont tombés: les masques sont efficaces à 84,4%, alors que le minimum exigé par le Comité européen de normalisation (CEN) pour qu’il soit considéré comme médical s’établit à 95%. Finalement proposé au grand public, le masque possède une durée d’efficacité d’au moins 50 lavages et est constitué de fibres de cuivre aux propriétés virucides. 

Pour l’entreprise, le défi est de trouver assez de couturier.es afin de répondre à la demande québécoise et canadienne. Au moment de notre entretien téléphonique, plus de 20 000 masques ont été envoyés à des entreprises et particuliers à travers le pays. EC3D peut actuellement produire autour de 25 000 masques par semaine, et pourrait atteindre les 80 000 masques hebdomadaires avec de la main-d’œuvre supplémentaire.

À défaut de distribuer ses produits au réseau de la santé, la compagnie a organisé un concours sur les réseaux sociaux pour leur envoyer 1000 paires de bas aux couleurs de la lutte contre la COVID-19, affublés du fameux slogan «ça va bien aller». «C’était l’idée géniale de notre designer très créative, Michèle Simon, qui est aussi ma mère», souligne Mme Villeneuve. Devant le succès de cette initiative, EC3D a mis en vente ces chaussettes à bas prix sur son site internet.

Chaîne de solidarité

L’entreprise de Matane Mode Ezé Plus conçoit, fabrique et commercialise des vêtements adaptés pour faciliter l’habillement des personnes en perte d’autonomie ou à mobilité réduite. Elle s’est associée avec la compagnie saguenéenne Altitude Conception, spécialisée dans le domaine du rembourrage et de la couture industrielle, pour produire des masques, à la suite d’une mission commerciale en France et en Belgique, à la fin du mois de janvier. Altitude Conception a conçu le modèle et fabrique les masques, tandis que Mode Ézé Plus est responsable des commandes et de la distribution.

Les partenaires de Mode Ézé Plus. France Caron est au milieu.

Les entreprises ont mis au point un produit en polyuréthane, imperméable et constitué en fibre laminée, de sorte qu’aucune gouttelette ne puisse traverser le masque. Toutefois, on n’en connait pas le taux de filtration des bactéries. «Nos masques ne sont pas reconnus par Santé Canada, car les procédures sont très très longues, raconte la propriétaire de Mode Ézé Plus France Caron. Ce sont surtout des produits de prévention.» 

Actuellement, l’entreprise reçoit près de 20 commandes par jour. Ce sont 4000 qui ont été vendus et 3000 sont en précommande. «On livre aussi à 600 pharmacies du réseau McKesson pour son personnel, principalement», précise Mme Caron. 

Crédit: Mode Ézé Plus.

Là encore, il a fallu s’organiser pour répondre à une forte demande alors que les deux compagnies québécoises collaborent également sur la production de 19 000 jaquettes d’hôpital. «Nos couturières du Bas-Saint-Laurent sont débordées donc on a fait appel à d’autres personnes dans le coin de Granby et Montréal», ajoute celle qui cherche toujours de la main d’œuvre. 

Des transporteurs l’ont également approchée dans le but d’aider à distribuer les masques à travers la province. «C’est toute une chaîne d’entraide et de solidarité qui s’est mise en place», s’enthousiasme France Caron. Il faudra cependant continuer à trouver des fournisseurs de tissu, l’un des défis d’une telle production en temps de crise.

Demande du grand public

Message Factory est une marque éthique, locale et écoresponsable québécoise située à Saint-Jean-sur-Richelieu. L’entreprise a commencé la production de masques à la demande de clients qui cherchaient à se couvrir le visage et qui n’avaient pas nécessairement les ressources pour le faire à la maison. 

Crédit: Message Factory.

Leurs masques ne sont pas destinés à un usage médical, mais au grand public, à titre préventif. «Il fallait rapidement concevoir un masque confortable, lavable qui respire bien qui n’est pas trop chaud tout en offrant un maximum de protection», indique Julie Rochefort, présidente de Message Factory. 

Ce sont 1000 masques faits à partir de retailles de tissus récupérés qui sont en confection à l’heure actuelle, dont 800 sont en précommande. «Il sont composés de trois épaisseurs de tissu, la partie intérieure étant tissée, cela permet de filtrer», précise Mme Rochefort.

Le populaire directeur de la santé publique, Dr Horacio Arruda, a toutefois indiqué lors des points de presse quotidiens du gouvernement que l’usage du masque ne doit pas remplacer le lavage des mains et la distanciation physique. 

Même discours du côté de Theresa Tam, qui a ajouté en conférence de presse que cela «ne doit pas entraîner un relâchement dans le respect des directives relatives à l’éloignement social, le lavage fréquent des mains et le confinement à la maison.»

Crédit: Bigarade.

〰️ D’autres entreprises québécoises qui fabriquent des masques…

Bigarade: Cette entreprise de décoration et de linge de maison offre des masques écologiques faits à Montréal dotés de filtres en polypropylène, avec un taux de filtration des bactéries s’élevant à 50% pour les particules expulsées et 73% pour les particules reçues. Ils sont réutilisables 50 fois et doivent être lavés après chaque utilisation. 

Elisa C-Rossow: La marque de mode de cette designer française s’est mise elle aussi à produire des masques en coton biologique doublés du même tissu, biodégradables et faits à Montréal. Elle reverse une partie des bénéfices à Suicide Action Montréal et au Centre canadien de protection de l’enfance. 

Atelier-b: Les masques de cette entreprise sont fabriqués par les deux designers et fondatrices, Anne-Marie et Catherine, dans leur atelier du Mile-End. Le produit est constitué de popeline 100% coton avec doublure 50% coton, 50% polyester.

ByCKL: Cette entreprise de Montréal qui fabrique des vêtements pour les cyclistes propose des masques coupe-vent, imperméable et traités au Chito Santé, un nouveau traitement écologique fabriqué à partir d’une biomasse naturelle appelée Chitosan, qui possède des propriétés antibactériennes.

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