Jeune entreprise montréalaise, Gallea favorise les talents locaux depuis maintenant un an et demi. Elle permet aux artistes d’exposer leurs œuvres dans des cafés, des bars et des restaurants et crée un véritable pont entre le public, les entreprises et les artistes. Désireuse de rendre l’art accessible à tous, Gallea s’inscrit dans une démarche technologique, locale et créative. Rencontre avec son président et cofondateur, Guillaume Parent.
En quelques mots, Gallea, c’est quoi et comment ça fonctionne?
C’est une galerie d’art en ligne et un réseau d’art urbain. Nous facilitons tout le processus d’exposition; de l’appel de candidatures jusqu’à l’achat. En fait, les artistes s’inscrivent et créent leur portfolio numérique directement sur le site. Ensuite, ils peuvent appliquer à des lieux de diffusion (hôtels, bars, cafés…). Les établissements, de leur côté, s’enregistrent et ajoutent les caractéristiques des œuvres dont ils ont besoin (grandeur, genre, couleurs…). De notre côté, on fait la mise en relation, la prise de rendez-vous entre l’établissement et l’artiste.
«Je me suis demandé comment la technologie pourrait améliorer la vie des artistes. Comment simplifier leur travail pour qu’ils passent plus de temps à créer?»
Et pour le public, à quoi sert Gallea?
Les amateurs d’art, ou les curieux, peuvent trouver une œuvre directement sur leur téléphone puis savoir où elle se situe en ville. Ils peuvent aller la voir, l’acheter et quitter directement avec l’œuvre s’ils le désirent.
Comment vous est venue l’idée d’une telle entreprise?
Je suis diplômé en génie de la production automatisée et je trouvais qu’il y avait peu de créativité dans ce milieu. J’avais davantage d’ambition et j’avais le goût de relever de nouveaux défis, d’innover dans une nouvelle industrie. Je viens d’une famille d’artistes, ma grand-mère enseignait l’art et c’est une voie souvent difficile. Certains artistes ne sont pas bons en marketing. Je me suis demandé comment la technologie pourrait améliorer la vie des artistes. Comment simplifier leur travail pour qu’ils passent plus de temps à créer? Puis quand je vois un mur vide, dans un café ou un bar, je me dis que c’est une opportunité manquée, tant au niveau économique que culturel.
Quel a été l’élément déclencheur pour se lancer en tant qu’entrepreneur?
Pendant mes études, j’ai eu des cours en entrepreneuriat et depuis tout jeune, je voulais me lancer en affaires. Lors de l’été 2016, un de mes amis m’a invité à visiter son café près de l’université Concordia. C’est en voyant les grands murs blancs de l’endroit que l’idée est venue. Depuis maintenant plus d’un an et demi, notre équipe affiche des œuvres d’artistes locaux dans le quotidien des acheteurs potentiels.
«On était tous aux études quand on a décidé de commencer Gallea alors ça a été difficile de tout gérer.»
Et comment fonctionne l’entreprise?
On est trois cofondateurs et sept personnes au total dans l’équipe. C’est sûr qu’au début, c’est avec nos mises de fonds personnels qu’on a fonctionné. Puis, petit à petit, on a participé à plusieurs programmes d’accompagnement, notamment le Centech, Novae, Quartier de l’Innovation, le Coopérathon et aujourd’hui le MT Lab qui nous accompagne avec des ateliers et un réseau de dix partenaires, dont notamment Air Transat, Loto Québec, l’ITHQ… Cela aide à trouver des formes d’échanges et de collaboration avec de grandes entreprises. Ça permet d’avoir accès aux personnes clefs, de faire de belles rencontres et d’avoir une présence au sein d’un réseau. Récemment, on a également obtenu une bourse du ministère de l’Économie et de l’Innovation alors ça nous aide beaucoup.
Quel genre de profils se retrouvent au sein de Gallea?
On travaille avec des gens qui viennent du milieu du marketing, des arts ou encore de la psychologie. Samuel Bellerose est l’un des cofondateurs, c’est un ancien étudiant à l’ÉTS avec plusieurs années d’expérience en développement d’architecture web et mobile. Linzi Shang est une femme d’affaires qui a étudié en psychologie et administration et qui a travaillé en vente. C’est aussi une artiste. C’est important pour nous d’avoir des artistes dans l’équipe. Grâce à ces profils divers, on cherche à développer une approche différente.
Quel défi avez-vous surmonté en tant qu’entrepreneur?
Je pense que le fait de partir en affaires est un défi en soi. On était tous aux études quand on a décidé de commencer Gallea alors ça a été difficile de tout gérer. Parfois, il fallait faire un choix entre aller à un examen et faire une rencontre importante pour Gallea. Les études ont un peu écopé [rires]! Sinon, aujourd’hui, notre défi, c’est de diversifier le modèle de revenus.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment pour développer Gallea?
D’ici quelques mois, on aimerait doubler notre réseau d’expositions. Aujourd’hui, on a une cinquantaine de lieux d’exposition, principalement situés dans le Grand Montréal. On voudrait chercher des commerces en région et s’étendre à l’ensemble du Québec. On compte déjà 500 artistes du Québec et 3 000 œuvres originales et on souhaite continuer à avoir de nouveaux membres. Aussi, on travaille sur une carte interactive qui permettrait de voir les œuvres affichées autour de nous, et de pouvoir faire une sorte de parcours artistique, une route des arts. On veut aussi pouvoir proposer une carte des œuvres, comme un menu de restaurant qui permettrait d’avoir toutes les informations sur les créations. Enfin, on cherche aussi à développer un dispositif de vente automatisé: on pourrait voir une œuvre, l’acheter et partir directement avec.
Et enfin, quels sont vos projets futurs?
Gallea peut très bien adapter sa solution à l’international. Beaucoup de personnes nous ont déjà approchés, notamment en Europe où il y a un fort intérêt. Une collaboration serait possible pour exposer des artistes québécois en France, et vice versa par exemple. On est très ouverts à l’idée!