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«J’aime le rituel de la cuisine. Ça nourrit l’âme.» – L’irrévérencieuse entrevue bouffe avec Jacques Kuba Séguin

«J’aime le rituel de la cuisine. Ça nourrit l’âme.» – L’irrévérencieuse entrevue bouffe avec Jacques Kuba Séguin

L’un des trompettistes les plus talentueux du Québec a lancé un cinquième album en carrière, Migrations, en compagnie de musiciens de haut calibre. Avant son départ en tournée européenne, il partage avec Baron les dessous de sa cuisine en famille.

Depuis qu’il s’est mérité le prix Révélation Radio-Canada en 2012, Séguin est devenu un pilier de la scène canadienne jazz. ​Le musicien a enregistré l’entièreté de sa discographie à titre de leader-compositeur sous l’étiquette de disque coopérative de musique instrumentale ODD SOUND qu’il a fondée et dirigée. Il s’est produit à travers le monde, mais principalement au Canada et en Pologne. En amont de son passage dans l’Ouest canadien et en Europe, il sera en concert avec Papagroove le 25 juillet prochain aux Rythmes de Tremblant. Connu pour avoir le sens du spectacle, Séguin compose des portées à la fois mélodiques, explosives et accessibles, bien à l’image de ses recettes préférées. 

Qui es-tu et quel est ton parcours?

Je m’appelle Jacques Kuba Séguin, Kuba c’est le diminutif de Jacques en polonais. Je suis québécois par mon père et polonais par ma mère, mais je suis 100% montréalais!  Je suis un enfant du Mile-End et y ai vécu pratiquement toute ma vie. J’ai tout récemment déménagé dans Villeray.

J’ai eu une bourse pour aller étudier à Toronto au Humber College, puis à McGill. Je suis compositeur et trompettiste jazz. Je joue et je compose depuis pour les divers projets de mes ensembles jazz avec lesquels je tourne régulièrement en Europe, spécialement en Pologne.

Comment a démarré votre aventure dans la musique?

J’ai découvert la trompette et le jazz au secondaire à l’école FACE. Mon père aimait Louis Armstrong, donc j’ai choisi la trompette comme instrument. Puis, je suis tombé dans le jazz comme Obélix dans la marmite du druide, et je n’ai jamais arrêté depuis. 

Ma première grosse «gig» a été la tournée Jean Leloup Big Band pour qui j’avais réalisé les arrangements. J’étais un enfant, j’avais 25 ans. Les tournées, les Métropolis pleins, gagner sa vie en jouant de la trompette: je vivais le rêve!  Après cela, je suis parti avec le Cirque du Soleil, sur la production Delirium, avec qui j’ai tourné près de deux ans dans 150 villes à travers le monde. Puis, j’ai voulu revenir à mes propres projets. Cinq albums plus tard, c’est ce que j’aime toujours faire.

Quelle est ta relation avec la nourriture?

J’adore cuisiner et manger! C’est viscéral. J’aime goûter et essayer une foule de choses, mais j’ai un petit côté puriste. Il faut que ce soit vrai. Ne me parle pas de vagues culinaires à la mode, je déteste cela!  En fait, durant toute mon enfance et mon adolescence, mes parents et leur couple d’amis cuisinaient tous les samedis soirs des soupers incroyables. Ma mère et son amie cuisinaient de tout divinement bien. J’ai donc beaucoup mangé, mais on partageait surtout un repas ensemble. C’était une tradition. J’aime le rituel de la cuisine et comment un repas réunit les gens même quand on se connait peu. Ça nourrit l’âme.

Par exemple, je me rappelle une fois en tournée avec mon ensemble à Berlin, on avait 45 minutes avant le test de son et le concert. On avait déjà joué en après-midi, en plus d’avoir fait la route de Cracovie le matin même. Après une si grosse journée, il nous manquait de «fuel» pour continuer. On s’est trouvé un petit restaurant de quartier contenant 12 places, italien. On leur a dit qu’on était pressé. On s’est assis au bar, on a mangé de sublimes pâtes et on a donné un bon spectacle avec de l’âme. 

Préfères-tu élaborer des recettes ou préfères-tu découvrir des restaurants?

Je préfère de loin élaborer des recettes. Tu ne veux pas venir au restaurant avec moi, je suis terrible. Je ne dis rien, je reste poli, mais je n’en pense pas moins.

Qu’est-ce que tu écoutes comme musique lorsque tu cuisines?

Je cuisine beaucoup avec mes filles, donc je n’ai pas toujours le contrôle de ce qui joue. Ma plus jeune de 8 ans adore Renaud et les Vulgaires Machins, mais le plus souvent, en cuisinant, on invente des «tounes» dans une langue inventée: un genre de k-pop jazzé aux accents métal. L’album, c’est pour bientôt!

Quelle est la première recette que tu aies appris à faire?

Comme un bon polonais, du bigos, ou en français, de la choucroute.

Quels sont les aliments dont tu ne pourrais jamais te passer et pourquoi?

J’hésite entre la pomme de terre et le chou. On peut tout faire avec ces deux légumes!

Quel est le pire repas que l’on t’ait servi?

On recevait un ami français en visite à la maison – salut Nicolas! – et ma blonde avait cuisiné ce qu’elle appelle «des pâtes sauce rustique». C’était des pennes au chou-fleur avec des raisins secs, le tout faussement gratiné. Épouvantable! Une chance qu’il y a avait du vin!

Et le pire repas que tu aies servi?

Je trouve que je sers de la mauvaise bouffe chaque fois que je suis un peu «off», distrait et hop! j’échappe un truc. C’est un peu comme la musique il fait être sur son «x», écouter, goûter et être ouvert.

Si je t’invite à souper, qu’est-ce que je devrais cuisiner et passer comme musique pour t’impressionner?

Je suis difficile, mais facilement impressionnable. Surtout reconnaissant. Juste que l’on prenne le temps de penser au repas, de le cuisiner, de passer un moment, je suis content. Musicalement, pour m’impressionner, c’est me faire découvrir ce qui vous plaît.

Ton dernier repas et la dernière musique que tu écouterais… Si tu devais mourir demain?!

Tant qu’à mourir, allons-y grandiose: le Requiem de Mozart. Ce serait le repas de Noël selon la tradition polonaise, cuisiné par mes enfants. On sert 12 mets, tous sans viande, c’est DÉLICIEUX!   

Quels sont tes endroits préférés pour manger à Montréal?

J’aime bien aller au Bishop and Bagg. Le menu est copieux et original. Je suis aussi allé quelques fois au restaurant Les Fillettes. L’établissement sert des produits bien frais faits selon la tradition avec une twist. J’aime le café de mon bon ami Guillaume, le café Larue sur Jarry. On y a perdu un excellent saxophoniste, mais gagné un fantastique barista. Et puis je suis fatigant sur le café!   

Quels sont tes projets futurs?

J’en ai plein ! J’aimerais écrire pour le format grand ensemble. Je compose toujours dans plusieurs styles. Ces jours-ci, j’ai un buzz «early jazz»! Plus sérieusement, je démarre un festival de musique instrumentale – jazz, musique classique, électro – en Pologne, cet automne. J’espère pouvoir greffer sous peu un équivalent au Québec. Et mon projet principal: jouer du jazz, longtemps encore, puis continuer de faire découvrir le jazz aux gens pendant plus longtemps que deux semaines par année. 

🎺 Jacques Kuba Séguin

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