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Entrevue avec les gérants de la Brasserie des Sagnes

Entrevue avec les gérants de la Brasserie des Sagnes

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?

FG: Fabien Guillou, 29 ans. Avant de me lancer dans la brasserie artisanale, j’ai suivi une formation de géologue puis de géotechnicien. Je me suis ensuite reconverti dans la brasserie artisanale pour reprendre la petite fabrique familiale après avoir suivi un DU d’opérateur en brasserie à La Rochelle.

EB: Étienne Bertrand, 30 ans. Diplômé d’un master en logistique industrielle, j’ai connu une période de chômage durant laquelle j’allais fréquemment aider Fabien dans la brasserie de son père. En octobre 2015, Fabien m’a proposé qu’on s’associe pour développer la brasserie, chose que j’ai rapidement acceptée.

Vos emplois et titres actuels?

FG: Je suis actuellement cogérant de la brasserie avec Étienne. Je suis responsable de la production tout en restant polyvalent.

EB: Gérant associé à la brasserie, plus en charge du côté gestion.

Dans quelle ville?

Menat, une petite ville en Auvergne à 45 minutes au nord de Clermont-Ferrand.

Un mot pour définir le type de travailleurs que vous êtes…

FG: Passionné. J’ai toujours eu de l’intérêt pour cette boisson populaire qui a des possibilités organoleptiques infinies. Je fais ce métier avec beaucoup de plaisir surtout quand il faut goûter une nouveauté que l’on attend depuis longtemps.

EB: Passionné, je ne me cantonne pas à la gestion de la brasserie, la bière est un produit que j’aime déguster et inventer, il m’arrive donc assez souvent d’élaborer de nouvelles recettes qui, pour certaines, seront ensuite commercialisées.

«Pouvoir échanger avec le consommateur final est quelque chose qui nous tient à cœur.»

D’où vient votre intérêt pour la microbrasserie?

FG: Je suis un peu tombé dedans quand j’étais plus jeune. Mon père avait créé la brasserie en 1999 et, à l’époque, je l’aidais pendant mes vacances pour brasser les bières et ensuite les vendre sur les marchés locaux.

EB: Mon intérêt pour la microbrasserie vient en partie du fait que la bière est un produit que j’apprécie. Le fait d’avoir assisté Fabien pendant plusieurs mois dans la brasserie de son père a renforcé cet intérêt.

Qu’est-ce qui rend votre bière unique?

Comme chaque brasserie, nos bières sont uniques, car elles sont brassées selon nos propres conditions et notre environnement (eau, matériel…). Après, le but est qu’elle soit unique et bonne. Bientôt nous allons brasser nos recettes «classiques» avec notre propre orge qui a poussé sur la ferme familiale. Elle sera maltée à la malterie des volcans en Auvergne. Bientôt, ces bières auront donc encore plus une attache de terroir, ce qui les rendra encore plus uniques.

Quelle est la taille de la brasserie?

Nous brassons par batch de 10 HL et avons produit 550 hectolitres en 2018.

À quoi ressemble votre espace de bureau?

FG: Je ne me retrouve pas souvent dans un bureau. Je suis responsable de la production au sein de la brasserie. Mon bureau se situe donc au milieu des cuves et des tuyaux, les pieds dans l’eau.

EB: Des cartons empilés de gobelets, étiquettes, capsules… Car tout ne tient pas dans la brasserie. Un bureau avec un PC et une étagère de dossiers, je pense être plutôt bien organisé. Et un lit pour les copains qui ont un peu trop dégusté.

Avez­-vous une façon d’organiser vos journées afin d’optimiser votre travail?

Non, on fonctionne plus à la semaine. Un voire deux jours consacrés au conditionnement. Un jour de livraison chacun, généralement le jeudi pour Étienne et le vendredi pour Fabien. Les deux jours restants, c’est au feeling selon les besoins pour Étienne, et 1 ou 2 jours de brassage pour Fabien… Pour certaines recettes les rôles peuvent s’inverser, mais cela reste très rare.

Quels «trucs» conseilleriez­-vous pour améliorer la productivité?

FG: Avoir une bonne organisation. Prendre son temps pour brasser et bien dimensionner son outil de conditionnement. Nous faisons beaucoup de bouteilles et avons gagné énormément en productivité/qualité depuis que nous avons investi dans une nouvelle ligne d’embouteillage (novembre 2018).

EB: Il y en a tellement et dans plein de domaines… L’organisation logique d’une tournée de livraison, le rangement «intelligent» d’un stock, l’ordre des tâches dans un processus de production, etc. Je pense qu’il faut anticiper au maximum les choses.

Quel est votre plan de match afin de contrôler la croissance de votre microbrasserie?

Nous n’avons jamais ou quasi jamais démarché. Nous vendons tout ce que nous produisons. Nous avons déménagé la brasserie en 2017 afin de produire davantage. Depuis, il est rare de devoir mettre de potentiels clients en attente. Chaque année nous augmentons la production tout en restant prudents, on ne veut pas se lancer dans des investissements astronomiques et avoir la corde au cou, nous voulons rester maîtres de notre brasserie.

Quelle est votre stratégie afin de faire connaitre votre bière?

Notre stratégie a longtemps été d’utiliser nos différents réseaux (amis, familles…). Les deux premières années, nous avons également fait beaucoup de marchés pour développer la distribution locale. Aujourd’hui, nous sommes ainsi très présents localement. On aimerait pouvoir diffuser nos bières à une échelle nationale, c’est pourquoi nous participons à plusieurs salons un peu partout en France et même bientôt à l’étranger. Ces salons nous permettent d’allier travail et plaisir, puisque nous avons tous les deux un certain goût pour les voyages.

Depuis août 2018, nous avons aussi ouvert une taproom accolée à la brasserie, cela nous permet d’avoir un retour direct sur de nouvelles bières, et de vendre davantage en direct, pouvoir échanger avec le consommateur final est quelque chose qui nous tient à cœur.

À propos du design, qu’est-ce que votre marque souhaite refléter?

Les Sagnes signifient les sources, dans le patois local. La brasserie a été créée au lieu dit Les Sagnes et plus précisément à la ferme des Sagnes, d’où le nom. Elle est donc liée à notre territoire.

Notre logo est simple: une bouteille et des épis d’orge. L’idée est venue un peu toute seule. Je crois que l’on a juste trouvé ça joli et depuis, c’est resté notre logo. Les épis d’orge sur le logo, c’est assez logique, étant donné que nous nous lançons dans la production de nos propres céréales.

Comment et par qui ce design a-t-il été conçu?

La bouteille et les épis sur le logo de la brasserie ont été créés par un ami. Étant lié à une ferme, il semblait logique de mettre en avant les matières premières et donc ici l’orge. Mais maintenant c’est Étienne qui réalise les nouveaux visuels (étiquettes, autocollants, affiches…). De son côté, Fabien remet en état d’anciens skateboards sur lesquels il appose le logo de la brasserie, nous en mettons un peu partout (sur nos stands en salons, chez nos clients, dans notre taproom…) et c’est plutôt original.

Qu’est-ce qui vous inspire et vous motive à aller au travail chaque jour?

FG: Améliorer nos produits ou réaliser de nouvelles bières qui pourront toujours plus nous plaire et plaire à notre clientèle.

EB: Aucune journée ne se ressemble, c’est ça qui est passionnant. On peut avoir des bonnes comme de mauvaises surprises chaque jour, peu importe, le tout est de savoir profiter et rebondir quand il le faut.

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?

FG: Toujours se perfectionner, ne pas rester sur ces acquis. Et toujours faire ses propres expériences, la théorie est bonne à connaître, mais quand on fabrique un produit vivant on ne peut se fier qu’à ses propres expériences

EB: De temps en temps, décroche! En effet, je suis passionné par mon métier, mais prendre un peu de recul parfois aide à mieux avancer ensuite et à voir certains dysfonctionnements ou axes d’amélioration qu’on ne peut pas voir quand on a constamment la tête dans le guidon.

Avez-vous des nouveautés à venir?

Nous avons sans cesse des nouveautés, c’est l’essence même des «One Shot Series», qui sont des éditions limitées. On se permet de jouer sur de nouveaux styles de bière qui nous font envie (sour, bière de garde, session IPA). Nous allons bientôt sortir une Berliner Weiss ainsi qu’une brut IPA. Nous attendons aussi des barriques de Cognac afin d’essayer le vieillissement en barriques.

À la fin d’une journée, quelle sorte de bière buvez-vous pour vous détendre?

FG: Plus des bières légères vu la saison, mais assez houblonnée… Comme une session IPA, une neipa ou simplement une bonne pale ale. Des bières faciles à boire avec un bon goût de houblon, je suis un grand amateur de bières généreusement dry hoppées.

EB: Tout dépend de l’humeur, de la saison. En été, ce sera généralement quelque chose de léger comme une session IPA. Mais je reste un grand amateur de stout, en hiver c’est l’idéal en regardant tomber la neige.

🍻🇫🇷 Brasserie des Sagnes

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