Pauline Loctin, alias Miss Cloudy, est une artiste du pliage de papier. Armée de ses feuilles colorées et de ses doigts agiles, elle crée des univers tout en relief et explore l’origami sous toutes ses facettes pour exprimer sa créativité sans bornes.
Jeune Française arrivée au Québec il y a 11 ans, Pauline Loctin est, à la base, une musicienne classique. Même si ses longues études musicales la destinaient à une carrière de violoniste professionnelle, elle a longtemps su que la vie la mènerait ailleurs. À la suite de ses études en maîtrise où elle se spécialise en musiques afro-américaines, elle entreprend un D.É.S.S. en gestions d’organismes culturels à HEC Montréal avec le but précis de devenir une travailleuse de la culture.
Elle travaille ensuite pour différents labels de musique, pour lesquels elle a dû développer ses talents en marketing et en communications. Pauline Loctin s’est prise au jeu du marketing; elle décide de tout lâcher pour devenir travailleuse autonome comme stratège web durant cinq ans. Or, elle n’est pas complètement satisfaite: «À un moment donné, je me suis dit il manque quelque chose dans ma vie».
Changement de cap
Elle profite alors de ses temps libres pour faire de l’artisanat, expérimenter, pour le plaisir de créer. «Crafteuse» en série, ses amis lui posent des questions, à savoir comment elle a fabriqué certaines œuvres qui ornent sa maison. Elle décide alors de donner des ateliers créatifs, pour rendre accessible l’artisanat. Tous les deux ou trois mois, elle réunit des néophytes et les initie à de nouvelles disciplines. «Un coup on faisait du tricot, la fois d’ensuite on faisait des bijoux. C’est en partie ainsi qu’est née Miss Cloudy».
Miss Cloudy part aussi d’un blogue où elle y publiait des recettes de cuisine et d’autres astuces et coups de coeur. Elle travaille à ce moment-là avec une photographe pour habiller son blogue et constate, en préparant des mises en place pour ses séances photo, qu’elle prend un réel plaisir à imaginer la composition des images, la mise en place des objets, le visuel.
Lors de son anniversaire, elle reçoit un cadeau qui change tout: «Il y a trois ans, un ami m’a offert un livre sur le pliage pour mes trente ans, et je ne sais pas ce qui s’est passé, c’est parti à 360 dans ma tête, raconte Pauline Loctin. Depuis, je n’ai jamais arrêté.»
Travailler le papier, créer inlassablement
Grâce à une murale d’origami réalisée pour le mariage d’une amie, Miss Cloudy se fait connaître d’abord par le biais d’Instagram. Peu après, elle est contactée par le Musée des Beaux-Arts de Montréal, qui lui commande la même murale pour un bal. Elle fait quelques projets en pro bono, qui lui offrent une visibilité accrue et se fait connaître auprès du public et du milieu corporatif.
Entièrement autodidacte, elle expérimente les méthodes, les matières, les papiers, les textures. En janvier 2019, cela fera deux ans qu’elle vit du pliage. La première année, Pauline Loctin agissait toujours en tant que stratège web, et depuis l’an dernier, elle ne vit que de son art.
Les projets varient et abondent pour la créatrice. «C’est impossible pour moi de m’ennuyer», confie-t-elle en souriant. Elle réalise des installations, des «expériences de papier» pour les galeries, les musées, invente des visuels pour des compagnies en plus de poursuivre en parallèle ses projets personnels.
Dernièrement, elle a façonné, avec la photographe montréalaise Melika Dez, le projet original PLI.É. Miss Cloudy a habillé de pliages et d’origami des danseurs classiques, un défi logistique et artistique comme elle n’en avait jamais eu auparavant. Melika Dez a ensuite photographié ces protagonistes au sein de plusieurs endroits à travers le monde. Ce mélange de supports artistiques a donné lieu à une exposition à l’automne passé au Ausgang Plaza.
Un bagage riche
«Étudier la musique classique m’a offert une grande discipline et une éthique de travail, souligne Pauline Loctin. Travailler dans le marketing m’a également apporté beaucoup d’outils». Ses valeurs entrepreneuriales l’ont d’ailleurs menée à être signée par une agence, Folio, qui lui apporte une visibilité non négligeable ainsi que de nouveaux contrats. Les vitrines des magasins Simons sont aussi ornées, pour le temps des fêtes, de lampes faites une à une par Miss Cloudy et son équipe de plieurs. On retrouve aussi ses œuvres dans les publicités de Noël de DeSerres.
Elle poursuit en parallèle des ateliers au sein de son studio ou dans les domaines corporatifs, en plus de vendre ses œuvres encadrées. Si elle se diversifie et ne manque pas d’idées neuves, elle reste fidèle à sa passion: «L’origami restera ma marque de fabrique, relate Pauline Loctin. Car c’est ce qui m’a fait connaître et c’est ce qui me fait tripper, parce que je peux tout faire à la main. C’est ma passion.» Une vocation qu’elle a su transformer en profession.
Miss Cloudy
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