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Dans l’atelier de Marin Blanc: Quand la musique devient une inspiration à la création visuelle

Dans l’atelier de Marin Blanc: Quand la musique devient une inspiration à la création visuelle

Depuis 2014, Marin Blanc réalise de nombreux collages minimalistes et poétiques qui ne laissent pas son public indifférent. Mélomane avertie, l’artiste visuelle montréalaise façonne également de nombreux visuels pour l’industrie de la musique locale, mais s’expose aussi à travers la ville et confectionne un calendrier original à chaque fin d’année. C’est avec fébrilité, quelques jours avant son prochain vernissage, que Marin Blanc nous a accordé un peu de son temps pour nous parler de son enfance, de son parcours d’artiste, et de sa philosophie de pigiste.

Plus jeune, Marin Blanc rêvait d’être designer de mode, mais c’est sa mère qui lui a rappelé qu’elle avait toujours été passionnée par le graphisme. «Je me suis dit, c’est vrai, dans tous mes projets à l’école, c’est moi qui faisais le graphisme. C’est toujours moi qui voulais faire la mise en page, se souvient-elle. J’aimais ça.»

De l’art dès l’enfance

Ses parents, qui travaillent dans le milieu de la télévision, ont toujours encouragé sa sœur et elle à poursuivre une carrière artistique. «Chez nous, c’était vraiment multicolore, on avait plein de choses pour faire du bricolage. Il restait seulement à savoir ce que j’allais faire dans les arts.» D’ailleurs, sa mère lui fait souvent parvenir des photographies de ses créations lorsqu’elle était enfant. Sa dernière trouvaille: une bande dessinée faite en collage! «C’est surtout chez mes grands-parents que je faisais ça. Ma grand-mère avait des boites de ”découpettes” qu’elle préparait pour nous. À partir d’un mélange de dessin et de collage, on faisait de bonnes histoires!»

Preuve à l’appui, le collage est un médium qu’elle connait depuis bien longtemps, mais c’est seulement des années plus tard qu’elle présente ses œuvres au public suivant la suggestion d’un ami. D’abord réticente, elle se lance finalement en 2014 en se créant une page Facebook. C’est à ce moment-là que s’officialise son nom d’artiste.

La musique comme inspiration

Mais il n’y a pas que le collage qui l’intéressait toute jeune. Bien qu’elle ne soit ni chanteuse ni musicienne, la musique a toujours eu une grande importance dans sa vie. Au primaire, elle était en concentration musique, au secondaire, elle étudiait dans une école de musique. «Je faisais de l’art plastique tout en me trouvant dans un bassin musical», indique-t-elle.

L’événement qui marie concerts et exposition de ses collages Une toune, un collage, présenté pour la deuxième année consécutive à Coup de coeur francophone, témoigne de cette fusion passionnée. «Quand j’essaie de trouver d’où me vient cet intérêt, je sais que mon père a travaillé dans le milieu musical et que mes deux parents s’intéressaient beaucoup à la musique québécoise, confie-t-elle. La culture québécoise francophone en général a toujours pris une place dans ma vie, sans que ce soit forcé. J’ai vraiment suivi les traces de mes parents.»

En plus de ce spectacle concept, elle a entre autres réalisé la pochette d’album de Patrice Michaud en 2017, de Mathieu Bérubé et de Marcie en 2016, les couvertures de la revue littéraire Moebius et les affiches des Francofolies de 2016 à 2018, pour ne citer que quelques projets.

Créer comme profession

Son tout premier emploi était en graphisme. Pendant deux ans, elle avait pour tâche de créer le catalogue du Magasin des Commerçants, fournisseur de produits et d’équipements pour différents types de commerces. Ce travail était exigeant, selon la créatrice, puisque ce projet lui semblait énorme pour une seule et même personne, elle qui étudiait encore au cégep à ce moment. «Après [cette expérience], tout ce qui arrive devient moins stressant, moins épeurant. Je me dis que j’ai été capable de le faire, que le catalogue est sorti même s’il n’était pas parfait!», relativise-t-elle.

À ces débuts en tant que collagiste, ses clients étaient d’abord des amis proches, puis des amis d’amis et, de bouche à oreille, elle obtient des contrats provenant de personnes en dehors de son réseau. Elle se revendique être une artiste qui ne force pas les choses. Tout en douceur, elle laisse les contacts se faire d’eux-mêmes, car elle n’aime pas brusquer ni courir après les contrats. «Les affaires finissent par se faire au bon moment», lâche-t-elle en toute simplicité.

Si elle affirme vivre de son art, Marin Blanc émet toutefois une précision: «Même s’il s’agit du même milieu, je considère qu’il est plus facile de vivre comme graphiste que comme artiste visuelle».

Ce qui l’enchante le moins en tant qu’entrepreneure, ce sont les tâches autour de l’administration et de la gestion. «Ce que je n’aime pas vraiment, c’est quand vient inévitablement le temps de la négociation salariale.» Cependant, malgré ces aspects moins séduisants de la vie de pigiste, elle admet qu’être son propre patron et travailler selon ses heures sont des éléments non négligeables. En fait, l’instabilité de l’horaire et des contrats ne sont guère des éléments qui l’angoissent. «L’espèce d’inconnu, le fait de travailler tout le temps et jamais, de ne pas savoir avec qui je vais travailler, j’aime ça.»

Du projet solitaire au rassemblement d’artistes

Mais où déniche-t-elle ses idées? C’est avec un sourire en coin que Marin Blanc déclare en toute modestie qu’elle n’a malheureusement pas de réponse à cette question. «En collage, la création dépend des photos. Je privilégie les formes organiques, les corps, les portraits, parce qu’ils sont synonymes de mouvement. Parfois, je choisis une image que je trouve belle, puis je la découpe et il arrive qu’elle devienne soudainement laide. Des fois, ça fonctionne, des fois pas du tout. C’est pour cette raison que ma table de travail est recouverte de retailles de toutes sortes d’images. Je me dis qu’un moment donné, il y en a bien une qui sera la bonne.»

Ce dont elle est néanmoins certaine, c’est qu’elle préfère la solitude lorsqu’il est question de laisser aller ses élans. L’artiste visuelle préfère travailler la nuit, quand tout est calme. «J’ai besoin de concentration et partager un atelier avec quelqu’un deviendrait une source de stress», déclare-t-elle.

«Une toune un collage», affiche 2018.

Créatrice solitaire la plupart du temps, Une toune, un collage est toutefois né de son désir de faire des expositions et de collaborer. Cet événement a pour but d’exposer ses créations visuelles inspirées par des pièces musicales qu’elle apprécie et qui seront interprétées sur place par des musiciens et chanteurs québécois.

«C’est un espace où tout est abouti, où je peux rencontrer du monde malgré que je sois gênée. Je souhaitais y ajouter une formule différente afin d’intéresser les gens, de les faire se déplacer, explique-t-elle. Je me disais: je vais faire un show de musique! J’ai ensuite décidé de faire des collages en fonction des tounes et j’ai eu envie qu’il y ait du monde pour les chanter ces tounes! Au départ, les titres de mes collages étaient des paroles de chansons traduites, dans l’idée de faire du collage encore une fois: couper un bout de chanson et transformer le sens. En faisant par exemple des traductions littérales, les résultats sont à la fois comiques et inspirants!»

Émotive, Marin Blanc se dit fière d’organiser ce «vernissage-mise-en-musique-célébration-éphémère» et que Coup de cœur francophone ait décidé d’y collaborer pour une seconde année. Cet événement multidisciplinaire qui mérite le détour par sa singularité accueillera de nombreux artistes de la scène musicale locale tels que La Bronze, Mara Tremblay, Daniel Boucher, Mon Doux Saigneur et d’autres le 7 novembre prochain.

En attendant, elle travaille encore une fois cette année sur son projet personnel de calendrier. L’automne est une période exigeante de création puisque ce dernier doit être fin prêt pour la nouvelle année. Avec «Two Thousand Sexteen», «Deux mille dissèque» et «Deux mille vis vite», il s’agira officiellement de son quatrième calendrier que nous attendons avec impatience.

✂ Marin Blanc

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