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Ce que 2016 garde dans sa poche arrière en design, architecture, affaires, gastronomie et culture

Ce que 2016 garde dans sa poche arrière en design, architecture, affaires, gastronomie et culture

À Baron, on n’est pas futurologue, mais on a la chance de couvrir des sujets qui nous passionnent et de côtoyer des intervenants inspirants. On a donc demandé à quelques-uns d’entre eux de nous livrer leurs impressions sur les tendances 2016 dans leur domaine respectif. De quoi mettre dans votre baluchon pour les vacances pour vous inspirer, vous aussi, pour la nouvelle année qui vient.

→ Pour plus de prédictions, voyez notre capsule vidéo avec Marc-André Mongrain de Sors-tu.ca, Noah Redler de la maison Notman, Marc-Olivier Goulet-Lanthier de Wink Stratégies et Milan Tanedjikov du Collège LaSalle.
→ Voyez également notre retour sur la journée Tendances marketing 2016 d’Infopresse.

Design

Crédit photo: Jean-Michael Seminaro

Pour le design de vêtements, nous avons pensé à Atelier b, qui a dévoilé cet automne sa nouvelle identité. Ses fondatrices Anne-Marie Laflamme et Catherine Métivier nous livrent leurs impressions sur les tendances de la mode, empreintes d’authenticité.
« En 2016, les consommateurs rechercheront, et ce encore plus qu’en 2015, l’authenticité derrière l’expérience d’achat. Il y a un écoeurement général des stratégies publicitaires douteuses et des communications fake. Au niveau du produit, c’est la durabilité (tant au niveau de la qualité que du design) qui est tendance. Fini les vêtements jetables! »

Crédit photo: L’abricot

L’abricot, studio de design et d’impression composé de Catherine Ouellet-Cummings et Julien Boisseau dont on parle souvent, et qui se cache derrière le magazine bilingue pour enfants Grilled Cheese, s’est impliqué dans le numéro 9 de Cousins de personne, lancé cette semaine. Le duo nous livre ses prédictions.
« Alors que nous sommes dans une époque fortement marquée par le numérique, nous sentons un intérêt grandissant pour l’expérimentation en impression, qui pousse davantage les projets imprimés et leur donne une chaleur et une singularité qui leur permet de se démarquer. L’impression artisanale, qui fait le bonheur des projets indépendants depuis plusieurs années, semble se déployer davantage et être utilisée pour des projets à visée plus large. Il y a quelque chose d’authentique et de créatif dans le choix des papiers, des formats, des couleurs, des textures… Comme un désir de revenir à quelque chose de plus intentionnel dans le processus. En 2016, on n’imprime plus systématiquement les projets, alors quand on le fait, on peut se permettre de prendre le temps de le faire de façon particulière. »

Crédit photo: Adrien Baudet

Marie-Maude Brunet, joaillière derrière Marmod8, dont on vous présentait le travail à travers son histoire de bureau plus tôt cette année, nous livre sa vision des tendances dans le design de bijoux.
« Ce sont des questions qu’on se pose tout le temps parce qu’on aimerait ça que nos créations tombent justement dans les tendances, mais c’est toujours une surprise… Si j’avais à donner une époque, je dirais les années 90, si je devais donner une couleur, je dirais le blanc. Pour les joailliers, je dirais que ce qui fonctionne de plus en plus ce sont les formes minimales simples et les bijoux assez délicats, mais encore là, tout ça reste assez large et flou! »

Crédit photo: Cindy Boyce

Architecture

Nous avons découvert la firme L. McComber lorsque son fondateur, Laurent McComber, a présenté son travail à Solstice en mars dernier. La boulangerie Guillaume, dont l’aménagement est signé par L. McComber et l’Atelier Chinotto, s’est vue décerner depuis un prix Frédéric-Metz dans le cadre des Prix Commerce Design Montréal. L’équipe nous livre, après de longs débats, les tendances lourdes pour 2016 et les années à venir, inspirantes au possible!

« Intégrer la tradition — interprétation libre de traditions ou concepts vernaculaires et autres grands classiques!
Liberté de style — assumer l’imparfait, le chaotique ou encore l’éclectique!
L’anti-standard — matériaux bruts, non transformés, locaux, inusités ou spéciaux!
De la lumière — Du soleil, de la translucidité et des ouvertures sur le paysage!
Bilan de carbone neutre — économies d’énergie et performances optimisées grâce à un travail multi-disciplinaire (architecte, ingénieur, entrepreneur, sous-traitants, manufacturiers & client)!
Technologie légères — applications économiques au grand potentiel et autres solutions wifi sur mesure!
Création avant tout — des idées originales et de l’amour s’il-vous-plaît!
»

Affaires

La Remise, première bibliothèque d’outils à Montréal, a suscité un intérêt tel que l’article où on présentait le projet a été le plus lu de 2015 sur Baron (et de loin!). Question de bien représenter les valeurs qui animent l’équipe (dont la photo est en en-tête), voici sa réponse collective.

« Déconsommation, collaboration et micro-production
Moins consommer est l’attitude de consommation écoresponsable qui a le plus de vent dans les voiles selon le Baromètre de la consommation responsable du Québec. On recherche des entreprises qui peuvent nous faire moins gaspiller et moins consommer. Si elles peuvent le faire en augmentant la richesse accessible par ses clients, elles auront mis le doigt sur une vraie solution écologique (enfin!). Dans l’esprit de couper dans le gras, les groupes d’achats, les groupes d’échange et les entreprises soutenues par la communauté auront la cote si elles peuvent réduire les intermédiaires et ouvrir de nouvelles possibilités pour répondre aux défis sociaux et environnementaux, ou simplement couper les prix. En 2016, on se met aussi à produire localement, à très petite échelle. On troque notre fromage pour des marinades. On tricote des bas et on fabrique nos meubles.Professionnellement ou pas, on est tous artisans à temps partiel et on échange nos productions avec notre communauté.
»

Gastronomie

Une surprise dans le somme toute petit monde de l’imprimé gastronomique nous est venue de Moncton cette année: Bouffe offre un contenu de qualité, à la facture visuelle à la fois léchée et éclatée, qu’on vous présentait dans une chronique Le Kiosque à journaux. Le rédacteur en chef Patrick Thibeault nous livre les tendances pour 2016.

« Au-delà du fétichisme des photos de bouffe trop peaufinées qui semblent toujours captiver l’imagination des masses, je crois que l’année 2016 verra la continuation croissante d’un intérêt pour la provenance de nos aliments. La gang d’Équiterre travaille avec un regroupement national pour emporter de la bouffe fraiche et locale dans les cafétérias des écoles de nos petits. Des agriculteurs innovateurs comme Jean-Martin Fortier deviennent de plus en plus des stars internationales. Des organismes comme Société-Orignal promeuvent un système agroalimentaire sensé et branché au terroir de façon holistique. Bref, je pense que nous arrivons finalement à une époque où les gens pensent de façon concrète à ce qu’ils se fourrent dans le trou de face au lieu de simplement se livrer corps et âme à des produits transformés qui se retrouvent à deux atomes du plastique. »

Musique

Pour parler des tendances en musique, on a voulu donner la parole à Label for rent, entreprise dédiée à accélérer les particules musicales indépendantes, qui est devenue en cours d’année notre coloc de bureau. Voici la réponse d’Alexandre Alonso, qui en avait long à dire!

« Un simple coup d’œil au site internet de Musicaction dans la section « Projets Acceptés 2015-2016 » ainsi que à l’Agendadisq de la bien nommée ADISQ permet à tout à un chacun de se faire une bonne idée des sorties et lancements à venir en 2016. Pas tant de mystère donc, « Et les indépendants ? Ils ne sont ni Musicaction, ni ADISQ pour la plupart » me direz-vous. Bien sûr, et à en juger par le récent succès du GAMIQ, les coupes budgétaires dans la culture ainsi qu’au significatif ralentissement de nouvelles signatures en maison de disques, je peux avancer sans crainte que le nombre d’artistes indépendants ira croissant l’année prochaine.

Côté industrie et consommation à présent, l’année prochaine sera encore celle d’une remise en question avec des turbulences symptomatiques à prévoir. Nous assisterons probablement à une tragédie grecque mettant en scène la progression fulgurante de la consommation de la musique par lecture continue face à la déception colérique des artistes et producteurs pris dans un modèle économique invivable. Rappelez-moi ce qui ce passe à la fin d’une tragédie grecque? Sans aller aussi loin, la lecture de la musique en continu va également brasser les cartes dans l’univers de la radio musicale. Observons les radios numériques et satellite prendre de la hauteur et les FM se chercher un nouveau format entre tout parlé et tout musique ou tout autre chose. Nous verrons aussi probablement les fournisseurs d’accès internet ou téléphonique entrer dans l’arène et devenir, par le truchement de partenariats, fusions-acquisitions ou innovations de services, de nouveaux joueurs majeurs dans la diffusion de la musique.

On peut également espérer un mouvement opposé au numérique caractérisé par une relocalisation et rematérialisation de la consommation musicale, car ce que le numérique met à distance ou virtualise, nous allons le rechercher proche et tangible: vinyles, disques-objets, spectacles locaux seront là pour y répondre. Une tendance lourde qui s’affirmera probablement en 2016 est celle de vendre tout sauf des disques: vendre des produits dérivés, de la musique de publicité, des participations commanditées, des spectacles à la tonne, des accès à des informations et expériences exclusives, de la création de contenu, etc. En somme 2016 sera l’année de la diversification de l’industrie du disque. »

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