Par Marion Ghibaudo

La marque Hub1916 est lancée par Alexie Gemme-Piacente il y a cinq ans aux côtés de son père et d’un partenaire financier dans l’objectif de créer des uniformes en polyester à partir de bouteilles en plastique recyclées. Rencontre avec le fondateur à propos de ce projet fort bien accueilli par les consommateurs ayant à cœur l’environnement.

1 milliard. C’est le nombre de bouteilles en plastique à usage unique consommées au Québec, sur une année, selon les chiffres de Recyc-Québec. Et si, sur cette somme, une partie est recyclée, force est de constater que les chiffres ne sont pas encourageants sur leur recyclage. Toujours selon Recyc-Québec, puisqu’une large majorité est utilisée hors foyer, 60% environ finissent dans des poubelles ou dans l’environnement, sans recyclage.

Pour aider à changer les choses, Alexie Gemme-Piacente a donc créé des polyesters à partir de bouteilles plastiques recyclées. Pour commencer, il s’est positionné sur le marché des uniformes professionnels, puis scolaires, première entreprise canadienne à se lancer sur ce segment. Plus récemment, une gamme de vêtements de sport a été développée. «On travaille même sur des uniformes médicaux depuis six mois, qui vont sortir prochainement», a confié l’entrepreneur à Baron Mag.

Si la famille d’Alexie Gemme-Piacente s’est fondée dans la création d’uniformes scolaires pendant une trentaine d’années, le fondateur d’Hub1916 a lui commencé sa carrière dans la finance, avant de revenir au Québec pour se lancer dans l’entrepreneuriat. «Avec le passé et les connaissances de ma famille dans les uniformes, ça semblait quelque chose d’assez logique de continuer sur cette voie, mais je voulais aussi faire quelque chose de vraiment différent, surtout au niveau des tissus et des produits qu’on allait vendre», détaille l’entrepreneur.

Même si cela peut sembler une goutte d’eau dans l’océan, les fondateurs d’Hub1916 sont fiers de souligner que, selon leurs calculs, plus de 1,2 million de bouteilles ont été recyclées en polyester depuis leurs débuts pour ensuite devenir des uniformes corporatifs, portés au sein de Club Med, Melia Hotels, etc. Une belle réussite pour une jeune entreprise qui «habille plus de 10 000 employés à travers 6 pays différents», selon leurs calculs, et utilise environ 14 bouteilles par uniforme.

«À la base, le polyester est un type de plastique, c’est sa caractéristique principale. Il y a déjà tellement de plastique à usage unique dans l’environnement, c’est impensable de devoir en créer davantage pour approvisionner l’industrie du textile», explique Alexie Gemme-Piacente de ce qui l’a motivé à lancer Hub1916. Travaillant avec des entreprises spécialisées dans le recyclage plastique, Hub1916 «prend ensuite ce plastique pour le transformer en fil pour fabriquer les tissus, puis les uniformes. C’est juste une question d’utiliser des palettes de plastique recyclées plutôt que non recyclées», souligne l’entrepreneur.

Quant à la technologie, «elle existait depuis une vingtaine d’années», pointe Alexie Gemme-Piacente, mais les coûts de production associés ont pu freiner le développement de ce marché pour des entreprises déjà installées dans le paysage. «Nous, nous avons intégré dès le départ ces coûts», pointe l’entrepreneur. Si la facture devient donc plus chère à l’achat, Alexie Gemme-Piacente l’assure, «nos produits ont été très bien reçus dès le départ, car les entreprises et les écoles qui nous approchent ont déjà des programmes environnementaux en place, de recyclage, etc., et ont intégré ces démarches».

Quant au succès de son entreprise, l’entrepreneur pense qu’elle s’explique, en partie, à un changement de mentalité chez les consommateurs. «Il y a encore 10 ans, je ne pense pas qu’on aurait eu le même accueil». Une réussite sur laquelle Alexie Gemme-Piacente ne compte pas se reposer: «Je veux développer notre entreprise au Québec et au Canada, car je pense que les gens ne savent pas assez que nous existons et que nous proposons une alternative au polyester». Par ailleurs, certains de leurs vêtements sont aussi tissés avec des tissus organiques. «Ce sont des retailles de coton, donc ces démarches sont aussi déjà existantes chez nous», s’est félicité l’entrepreneur. Démarches qu’il compte bien accentuer au fil des années.

Hub1916

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