Une nature de plastique, des corps unis qui se séparent, le vide sous la matière. L’obsession de la chorégraphe Camille Lacelle-Wisley pour les contrastes s’incarne pleinement dans Come a Bit Closer, projet de danse interdisciplinaire, présenté par Tangente, premier diffuseur en danse au Québec, à l’Espace Orange, du 23 au 26 septembre prochain.
«La jungle luxuriante et les territoires hyper pollués du Mexique sont des images qui me hantaient lorsque je suis revenue d’un voyage au Mexique en 2015. J’ai eu envie de mettre en scène ces oppositions, de les explorer», explique la chorégraphe.
Un processus de création tout en lenteur
Come a Bit Closer devait d’abord être présenté l’année dernière, mais, pandémie oblige, il a été reporté. «C’est un processus de création qui s’est étalé sur plusieurs années et c’est parfait ainsi, affirme la chorégraphe. Un dialogue s’est installé entre le projet et l’équipe que j’ai réunie: quatre interprètes, une conceptrice musicale qui interprète la musique en live, une artiste en art visuel pour la conception de la scène et un concepteur lumière. Ça a mûri lentement et, à quelque part, ça résonne avec ce dont ma création parle: la vitesse parfois aveuglante de notre époque, le mouvement, la lenteur…».
Cette lenteur, elle est nécessaire, pour Camille Lacelle-Wisley, car s’intéresser aux oppositions, c’est aussi s’attarder à ce qui les unit. «Comment un état se transforme-t-il en son opposé? Quelles sont les nuances qui les relient? C’est mouvant, là-dedans, et pour voir cette mouvance, il faut s’y attarder, prendre son temps.» S’approcher a bit closer de l’autre, de la nature, de la matière. S’y lier et s’en défaire aussi.
«Dans la première version, le rapport à la nature et au matériel s’est incarné, sur scène, par l’intégration de morceaux de plastique, souligne Camille Lacelle-Wisley. Plus tard, suite à ma résidence en création avec La Serre – arts vivants, dans le cadre de l’OFFTA en 2016, je me suis attardée à la relation de l’individu au groupe. Comment se relie-t-on les uns aux autres? Qu’est-ce qui nous tient ensemble? Qu’est-ce qui nous sépare?»
Dans la version présentée, les quatre interprètes, nus, sont entourés, pour ne pas dire envahis, de nappes de plastique vertes de différentes teintes pour mettre en exergue l’idée du mouvement et des nuances qui se trouvent partout, même au cœur de ce qui semble fixe. «Il y a, dans ce que je présente, le désir de rendre compte de la transformation qui s’opère entre une chose et son contraire», explique la chorégraphe. D’ailleurs, la matière même du plastique est malléable, mobile!»

Un caractère unique à chacune des représentations
Le résultat final? «Il n’y a pas de résultat final. D’abord parce que, chaque soir, c’est une atmosphère différente, une interprétation différente de cette installation que je propose, précise Camille Lacelle-Wisley. Également, la dernière section en est une d’improvisation. Je donne quelques consignes aux interprètes, par exemple, ils doivent interagir avec chaque élément scénique et établir des liens entre ces éléments, et ils partent avec ça. C’est souvent la zone où émerge le plus le sentiment de l’absurdité.»
À l’absurde s’ajoutent le rire et la joie, mais aussi la tristesse et la mélancolie, qui sont davantage explorés grâce à la musique live d’Eugénie Jobin. «J’aime permettre aux spectateurs de passer à travers plusieurs émotions, leur faire vivre la multitude des contrastes qui peuvent être vécus, le beau, mais aussi le laid», souligne la chorégraphe. Parce que c’est cela, être humain.
Ainsi, telle une fable qui raconterait l’histoire de la Genèse à aujourd’hui, Come a Bit Closer illustre cette idée selon laquelle au cœur même de la beauté humaine, qui s’incarne entre autres dans la relation de l’Homme avec la nature, séjourne la puissance de destruction de l’Homme. Il s’agit alors, pour Camille Lacelle-Wisley, d’explorer le chemin qui mène de l’une à l’autre pour espérer, peut-être, faire le choix de notre humanité.

Come a Bit Closer sera mis en scène du 23 au 26 septembre à l’Espace Orange de l’Édifice Wilder, au Quartier des spectacles. Pour plus d’information et réserver votre billet, rendez-vous sur la page de l’événement.
Tangente
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*Image de couverture : Camille Lacelle-Wilsey. Crédit photo : David Alonso Morillo.