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Atelier Hotel Motel : unir savoir-faire et slow fashion

Atelier Hotel Motel : unir savoir-faire et slow fashion

Le même profil, la même passion pour la chaussure. Après des études en cuir et en maroquinerie, Corinne Bourget et Niki Jessup partent à l’étranger: stages pour l’une en Australie, maîtrise à Londres dans la chaussure expérimentale pour l’autre. Elles se rencontrent au Centre des métiers du cuir de Montréal autour d’un cours sur les sneakers, un modèle de chaussures idéal selon les deux femmes pour lancer une entreprise de fabrication artisanale de souliers qui resteraient abordables. Rencontre avec la cofondatrice d’Atelier Hotel Motel, Corinne Bourget. 

Tout est dans le nom, contradiction inhérente à la marque d’accessoires et de chaussures montréalaises, née il y a seulement quelques années en 2017, qui dit explorer la dualité entre luxe exclusif et humanité inclusive.

«Hôtel, c’est la fabrication d’accessoires haut de gamme avec les plus beaux cuirs qu’on puisse trouver, qui viennent d’une tannerie française dont les cuirs se retrouvent chez Hermès», explique Corinne Bourget. «Motel, c’est notre côté populaire avec le modèle de chaussures, les sneakers, que tout le monde porte. On fait du très haut de gamme mais on veut être le plus humain et le plus peaufinable possible.»

Atelier Hotel Motel : personnel et perfectible
Corinne Bourget dans l’atelier. Crédit : Josée Lecompte.

Les deux créatrices – ils étaient trois au départ avec Andrew Doiron – échangent beaucoup avec leur clientèle et cultivent cet aspect personnel qu’on ne retrouve pas dans les grandes enseignes. La marque unisexe et slow fashion espère reconnecter le client à ses chaussures.

«On ne veut pas industrialiser chaque étape de fabrication. Il y a quelqu’un quelque part qui est passé par toutes les étapes. Les produits ne se promènent pas sur un tapis comme dans les émissions de jouets», ajoute Corinne Bourget qui déplore ce lien perdu avec le produit, l’une des raisons pour lesquelles on s’en lasse aussi rapidement.

Chez Atelier Hotel Motel, les gens peuvent choisir la couleur, les lacets. «Quand on a commencé, les gens voyaient les chaussures et pensaient qu’on commandait les chaussures quelque part, qu’on mettait les lacets et qu’on disait qu’on les avait faites. Les souliers étaient tellement beaux que les gens ne nous croyaient pas.»

Atelier Hotel Motel : personnel et perfectible
Atelier. Crédit : Josée Lecompte.

Corinne chapeaute la partie accessoires et Niki, la partie chaussures. Une fabrication à quatre mains dans leur local du Mile-End: voilà comment les fondatrices créent les chaussures, du début à la fin, avec à la clé 150 étapes de fabrication par paires. Parmi les étapes principales, couper les pièces dans le cuir, amincir certaines parties du cuir, assembler les parties, construire la tige (partie en cuir avant d’être moulée), monter la tige sur le moule, la clouer et la coller sur la semelle, mouler, remplir l’intérieur, coudre la semelle, ajouter les lacets et la semelle de confort.

Déjà à l’origine d’une compagnie d’accessoires, Corinne Bourget entame l’aventure avec une collection de portefeuilles et une base entrepreneuriale. «Quand on fabrique des chaussures, peu importe le modèle, le plus important est la série de moules de base.» Chaque modèle a son moule sur lequel la chaussure est fabriquée afin de prendre la bonne forme. «Il nous fallait des moules pour commencer le prototypage et le développement de la chaussure, mais ces moules ne sont pas fabriqués au Canada.» Avec des contacts en Italie, le duo va y chercher ses éléments de base et développe son modèle à l’atelier à partir de ces moules.

En parallèle se préparent la collection de sacs, de portefeuilles, le branding et les photos. «Ça a décollé d’un coup, mais on est assez prudents. On veut grossir mais très organiquement, donc on va lentement. On aime mieux réinvestir ce qu’on fait dans l’entreprise. C’est une progression lente mais moins stressante, on préfère ne pas perdre le contact avec la clientèle.»

Atelier Hotel Motel : personnel et perfectible
Sneakers. Crédit : Richmond Lam.

Au vu de la rareté des fabricants de cuir au Canada et de leurs besoins en cuir de grande qualité, réalisé de façon éthique, Atelier Hotel Motel fait affaire avec une tannerie française. «Ici, les cuirs proviennent surtout de la chasse ou des Premières Nations comme du cuir de chevreuil ou d’orignal.» L’un de leurs fournisseurs ici importe d’Italie un autre cuir au tannage végétal. «Au lieu d’utiliser des produits chimiques pour transformer les peaux en cuir, il utilise les mélanges d’écorce et des produits naturels pour rendre la peau imputrescible (qui ne peut pas pourrir).»

L’avantage d’une fabrication artisanale permet à Atelier Hotel Motel une liberté comme celle de pouvoir produire uniquement cinq paires ou collaborer avec des artistes locaux, comme c’est le cas une ou deux fois par an. «On se prépare pour une collaboration avec une artiste tatoueuse qui s’appelle Fanny Jane. On va s’amuser avec du caoutchouc liquide en faisant des expérimentations sur le cuir et voir ce que ça peut donner», précise la cofondatrice.

«Ça nous permet de s’encourager mutuellement et créer des projets, pas toujours portables mais qui peuvent aussi être des pièces d’exposition. On a d’ailleurs déjà exposé à la Guilde des métiers d’art de Montréal», révèle-t-elle avec fierté.

👟Atelier Hotel Motel

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Image en couverte – Niki Jessup à gauche, Corinne Bourget à droite. Crédit : Micheal Beaulieu.

Pour d’autres articles, consultez notre dossier Vitrine sur la relève.

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