La place publique et le parvis de l’église ont toujours constitué l’espace central des villages et même des quartiers que nous habitons. La disparition ou l’abandon de ces derniers crée un manque dans les milieux de vie que Maxim Bragoli et Jérôme Glad ont voulu combler avec La Pépinière | Espaces collectifs en proposant des places publiques nouveaux genres à l’image de nos communautés modernes.
C’est ce que Jérôme explique d’emblée quand on lui demande de parler de l’origine du projet: «On trouvait qu’il y avait vraiment un vide dans les quartiers, et nous n’étions pas les seuls. On s’est beaucoup inspirés d’organismes aux États-Unis et ailleurs qui ont des projets similaires comme Bryant Park à New York, qui est un super exemple».
Créer des cœurs de quartier
Contrairement au festival ou à une installation éphémère, les places de La Pépinière sont pensées pour durer. «Quand on arrive avec une nouvelle place, on crée une petite entreprise d’économie sociale pour que l’espace puisse vivre de lui-même». En offrant des espaces de marché pour assurer une sécurité alimentaire dans les quartiers ou des espaces buvettes et café pour offrir des lieux de rassemblement agréable, on bonifie les milieux de vie en recréant un cœur de quartier.
«Les usages multiples sont pensés pour le service de la communauté où nous intervenons». Pour Jérôme, il est important de créer des espaces qui serviront au dynamisme culturel, commercial et communautaire des quartiers. En créant des espaces pour tous, il est possible de toucher différents enjeux sociaux — l’isolement, l’exclusion, la sédentarité, la dévitalisation, etc. — pour raviver les communautés et créer un plus grand sentiment d’appartenance. En améliorant la vie de proximité dans un cadre convivial, le tissu social et le vivre ensemble sont favorisés.
Une méthodologie simple pour des espaces vivants
«Quand on pense une place publique, on la voit vraiment en trois temporalités pour répondre à différents besoins», explique le cofondateur. Les lieux que La Pépinière imagine sont faits pour être utilisés en tout temps, en tenant compte de la mixité des populations et de leurs différents besoins. Les places sont donc réfléchies pour des usages quotidiens, hebdomadaires et saisonniers. «Qu’on pense à de grands projets comme le Village au Pied-du-Courant ou bien le carré NDV, il faut absolument penser l’espace pour le citoyen qui va l’utiliser et à quel moment». Ainsi, l’usage d’un espace ne sera pas le même par exemple un soir de semaine qu’un vendredi en fin de journée ou un samedi matin.
Si les temporalités permettent de donner de la vie au site en tout temps, d’autres facteurs sont importants. En effet, les aménagements doivent être multi-usages pour que tous puissent y trouver quelque chose à faire et aussi réduire les coûts de déploiement. Un organisme de gestion est aussi nécessaire pour permettre une gouvernance claire et la résilience du projet. Finalement, on doit trouver un cadre légal propice, avec des ententes de co-gestions et de l’aide des municipalités pour l’obtention des permis.
Les places publiques en temps de pandémie
«Avec l’arrivée de la pandémie, on a dû mettre les projets sur la glace, mais les citoyens ont vite demandé que certains projets reviennent», précise Jérôme Glad, codirecteur général. Il est clair que la pandémie a encouragé la création d’espaces publics sécuritaires. En créant des places sur mesure, il est possible de répondre aux besoins grandissants de lieux de rassemblements extérieurs tout en offrant un cadre sûr qui répond aux normes de la santé publique.
C’est justement ce qui est arrivé à l’été 2020 avec le Village au Pied-du-Courant. «Ce sont les citoyens qui ont demandé que l’espace soit renouvelé malgré la pandémie, et ça a été un réel succès», nous signale-t-il. Les besoins d’espaces extérieurs ont tellement grandi que La Pépinière n’a pas eu d’autre choix que d’en refuser certains, faute de main-d’œuvre disponible pour les mettre sur pied.
À l’aube d’un nouvel été rempli de projets qui seront annoncés sous peu, Jérôme Glad voit l’avenir d’un bon œil et croit qu’on verra apparaître de plus en plus autour de nous des cœurs de vie dans les villages et les quartiers. Des projets comme le carré NDV dans l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve ou bien le Jardin Gamelin au centre-ville de Montréal sont voués à perdurer afin de créer des liens avec nos communautés.
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