La Ville de Montréal a acquis le site de l’ensemble conventuel des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. Le bâtiment est sous-utilisé, donc elle sollicite Entremise pour développer et mettre en place une stratégie d’occupation transitoire. Mêlant l’architecture durable, la conservation du patrimoine bâti et les valeurs de justice sociale, l’entreprise d’économie sociale et solidaire veut connecter des personnes sans espaces à des espaces sans personnes.
Le concours de concept urbain Morph.o.polis en février 2016, puis le dépôt le mois suivant d’un mémoire pour la consultation de l’Office de consultation publique de Montréal sur les énergies fossiles ont été les prémisses d’Entremise qui a vu le jour en mai de la même année. Elle est devenue une entreprise d’économie sociale et solidaire avec pour mission de transformer des espaces vacants et sous-utilisés en actifs communs pour des villes plus justes, durables et résilientes. Ses valeurs sont la préservation du patrimoine, la durabilité écologique, l’inclusion et la diversité. Pour ce faire, elle mise sur l’occupation transitoire.
«Pour Entremise, l’occupation transitoire est une occupation agile et rapide de l’espace, dans un objectif de pouvoir éventuellement pérenniser le projet, explique la directrice générale adjointe, Marie-Josée Vaillancourt. Il y a des stratégies qui existent comme l’occupation transitoire sur deux ans dans un espace vacant avec, par exemple, une promesse d’achat, donc le temps de monter son modèle d’affaires, de tester le projet immobilier, puis de décider ou non de l’acquisition. Si l’acquisition n’est pas possible, il y a une transition qui peut se faire au niveau du déplacement des locataires.»
Le choix des bâtiments
Les bâtiments vacants le sont généralement depuis plusieurs années comme la Bibliothèque Saint-Sulpice et les bâtiments sous-utilisés concernent ceux qui sont utilisés en partie comme la Cité des Hospitalières. Entremise vise alors une occupation dans les 3 mois.
«Le défi est de convaincre les propriétaires que d’avoir des projets dans leur espace vacant est une bonne chose par rapport à leur interprétation du risque lorsque l’espace est occupé. Cela dépend d’un bâtiment à l’autre et des propriétaires, parfois, il y a une question de valeurs foncières. Il y a aussi le fait de gérer des locataires de façon temporaire, c’est parfois perçu comme étant un enjeu, savoir si le loyer sera bien payé, si l’endroit sera maintenu en état…», rapporte la directrice générale adjointe.
Les projets transitoires sont souvent avec des tarifs de loyers abordables, puis lorsqu’ils atteignent la pérennité, la tarification s’ajuste aux prix du marché.
«En 2017, on pouvait estimer environ 1 000 bâtiments vacants sur l’île de Montréal, annonce Mme Vaillancourt. Aujourd’hui, à cause de la COVID-19, les données sont un peu brouillées. C’est extrêmement difficile d’avoir les bons chiffres parce que ce ne sont pas des données nécessairement disponibles. Celles qu’on peut avoir, ce sont les données de Ville-Marie pour les bâtiments résidentiels vacants de 2016, parfois les arrondissements demandent un certain montant d’argent avant d’en donner l’accès… Il y a le Groupe Altus qui fait des études pour Montréal centre-ville, qui est la SDC et qui a le taux de vacance des bureaux. On est actuellement en discussions avec le Laboratoire d’innovation urbaine pour voir si certaines données peuvent être libérées pour le grand public.»
L’immobilier résidentiel ne correspond présentement pas aux besoins d’Entremise, car cela touche moins la collectivité et que c’est plus complexe à gérer. Une expertise dans ce domaine est toutefois envisagée à moyen voire long terme.
Plusieurs acteurs
«L’acteur avec qui on collabore du début jusqu’à la fin, c’est la Ville de Montréal parce que c’est la gestionnaire de la ville où justement il y a des bâtiments qui sont vacants, parfois ça lui appartient, parfois non. Tout ce qui est au niveau des politiques publiques, la façon dont on agit sur les bâtiments vacants, que ce soit commerciaux, patrimoniaux… C’est vraiment une interlocutrice de prédilection», souligne la directrice générale adjointe.
Les partenariats sont classés par projet et les premiers partenaires sont les propriétaires, puis les partenaires de développement ou les partenaires financiers. Entremise répond aux besoins de son client tout en prenant en considération le contexte d’insertion: l’écosystème social environnant, le territoire, les spécificités du bâtiment ainsi que les partenaires et les synergies potentielles.
Le processus débute par une analyse préliminaire, étude de faisabilité et développement d’un concept transitoire. Il y a ensuite un accompagnement des propriétaires dans la mise en œuvre du projet, qui va de la planification à l’occupation. L’étape suivante est l’occupation: gestion du bâtiment et du site, des occupants et de la programmation. S’ensuit la pérennisation avec des conseils et un accompagnement des propriétaires.
Depuis sa création, l’entreprise d’économie sociale et solidaire a réalisé trois mémoires, une dizaine d’études de faisabilité, un projet-pilote d’occupation transitoire intitulé Projet Young ainsi que deux espaces transitoires qui sont actuellement en développement ou en opération: Espace ville autrement et Courtepointe. À l’avenir, Entremise souhaite faire des conférences publiques sur la pratique du transitoire, ou encore partager son expertise transitoire dans les artères commerciales montréalaises et à l’échelle du Québec.
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