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Cadre bâti : parler de la ville de manière informelle

Cadre bâti : parler de la ville de manière informelle

Chaque deux semaines, les cofondateurs du podcast Cadre bâti, Guillaume Ethier et Émile Forest, convient un invité à leur table, puis publient leurs échanges sur différents sujets relatifs à la ville et aux phénomènes urbains. Récemment, le nouveau titulaire de la Chaire UNESCO, Shin Koseki, s’est exprimé sur le thème de l’éthique, des pôles urbains et des autres polarisations.

«Sur ces questions urbaines, j’avais l’impression qu’un large public s’y intéresse, mais qu’on en parle peu dans le débat public ou de manière très utilitariste: on parle des projets, des coûts, des dépassements de coûts… Il y a quelque chose de plus riche à en dire. Ça interpelle des enjeux qui sont très vastes et c’est aussi très concret, ça fait partie de la vie des gens. Si on parle d’un espace de vie, des quartiers, même des espaces résidentiels, c’est quelque chose qui vient nous toucher très directement dans notre vie», affirme Guillaume Ethier, qui est également batteur professionnel et professeur en études urbaines et touristiques à l’UQAM..

Cadre bâti est né d’une discussion avec le cofondateur Émile Forest, qui a abouti à un enregistrement, avec une approche DIY. Avec la COVID-19, le professeur donnant cours à distance s’était notamment équipé d’un micro et d’une carte de son. Pour faciliter les démarches, il a choisi d’engager une personne responsable de l’édition et du montage. C’est l’une des dépenses assumées grâce aux 5 000$ reçus du réseau Villes Régions Monde.

Cadre bâti : parler de la ville de manière informelle
Courtoisie: Cadre bâti

«C’était les frais de départ, explique M. Ethier. On voulait qu’il y ait une belle signature visuelle et que l’audio sonne d’une certaine façon. J’adore les podcasts, j’en écoute beaucoup, je les ai vraiment intégrés dans ma vie. Je voulais qu’il y ait un son d’ambiance, donc on a des micros à condensateur qui nous permettent d’entendre aussi la pièce. Notre idée était d’avoir une vraie coprésence humaine plutôt que de le faire à distance. On voulait vraiment que les gens aient l’impression d’être assis à une table avec nous.»

La première saison de Cadre bâti sera composée de 12 épisodes enregistrés dans les bureaux de Microclimat architecture, situés à Montréal.

«’Cadre bâti’ est un terme qu’on utilise assez couramment en urbanisme pour parler de l’univers qu’on crée: les édifices, les places publiques… J’aimais l’idée de ‘cadre’, parce qu’au fond, ça voulait dire qu’à tout moment, on pouvait choisir de s’intéresser à un objet, quel qu’en soit la taille: ça peut être l’espace le plus petit, c’est-à-dire la maison; un sujet transversal comme la vie sociale; ou quelque chose de plus intangible comme la gentrification. Un cadre qui peut être très petit, mais qui peut parler de l’échelle territoriale la plus vaste. Ça donne une sorte de liberté», affirme le cofondateur.

Une demande de subventions sera faite pour une seconde saison.

Les libertés du podcast

«Notre objectif est de rencontrer tout un ensemble de personnes qui nous intéressent et qui s’intéressent à la ville, de près ou de loin, précise le professeur. Ce sont des chercheurs, des architectes, des urbanistes, des artistes… Ce qui nous a surpris, c’est qu’on a beaucoup de téléchargements à chaque fois. On ne s’attendait littéralement à rien, dans le sens où on n’était pas du tout dans une perspective de croissance.»

La musique utilisée est extraite de Nouvelle joie nouvelle interprétée par Feu doux, avec Stéphane Lafleur et Christophe Lamarche-Ledoux, ainsi que la collaboration de Grosse boîte.

«Je trouve le podcast fascinant en ce moment, car il casse un peu toutes les règles standards. Il n’y a pas de limites de temps, par exemple. Nous, c’est à peu près 1h30. Et comme les gens le consomment en faisant autre chose que ce soit en faisant la vaisselle ou en prenant une marche, ça devient une sorte d’accompagnement qui, dans mon cas, va alterner avec la musique», raconte Guillaume Ethier.

Le savoir autour d’une conversation

En plus de donner des bribes d’information et de l’inspiration, les cofondateurs affichent une bibliographie.

«Je ne veux pas que ce soit de la vulgarisation non plus, soutient le cofondateur. J’écoute des podcasts où il peut y avoir des invités qui parlent d’un sujet super précis, souvent que je ne connais pas du tout, comme des astrophysiciens. Effectivement, il y a des moments où je m’y perds un peu, je n’arrive pas à suivre complètement, mais j’ai l’impression que les publics sont capables d’écouter des sujets avec des niveaux de difficulté très variés. Comme tout le monde, dans mes années d’études jusqu’au doctorat, j’ai lu des livres que je comprenais à peine, mais j’avais l’impression d’en retirer quelque chose à la fin. »

Cadre bâti : parler de la ville de manière informelle
Courtoisie: Cadre bâti

Présentée sous forme de conversation, l’information se veut aussi plus facilement compréhensible par le grand public.

«On expose le public à une pensée qui est en train de se faire, on se trompe, on réfléchit à voix haute. C’est aussi le propre de la conversation: ce n’est pas quelque chose qui est coulé dans le béton, où on est sûr de notre coup. On est plutôt dans l’incertitude, on co-construit quelque chose par l’échange. Il y a vraiment une valeur ajoutée à la conversation. On le fait dans la vie de tous les jours, mais quand on parle de connaissances, souvent on se limite à exposer les choses, le plus précisément et succinctement possible. Je pense qu’il y a d’autres façons d’évoluer là-dedans», assure le professeur.

Il essaye de garder un maximum de matière lors du montage pour chercher des moments riches. Il veut garder un droit à l’erreur, pas trop léché, même si une plus grande structure pourrait être instaurée. D’ici la fin de l’année, quelques invités connus médiatiquement devraient s’ajouter à la liste de Cadre bâti qui souhaite aussi présenter des noms plus méconnus.

🏠Cadre bâti

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Image en couverture – Dans l’ordre: Hélène Bélanger (invité), Guillaume Ethier et Emile Forest. Crédit photo: Maude Cournoyer (réalisatrice).

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