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Ça pousse ! Un projet autour de la sécurité alimentaire

Ça pousse ! Un projet autour de la sécurité alimentaire

Au Dépôt, le centre communautaire d’alimentation de NDG à Montréal, les réflexions autour de l’alimentation et la question de la sécurité alimentaire sont centrales à leurs actions. Dernier projet en date pour répondre à ces interrogations: Ça pousse! Entretien avec Carole-Anne Lapierre, responsable du projet.

L’agriculture urbaine, Carole-Anne Lapierre y croit dur comme fer. «C’est un bon moyen d’amener de la sécurité alimentaire dans les grandes villes». Pour cette agronome de formation passionnée par son sujet, l’agriculture urbaine est multifonctionnelle, et a un fort impact sur le territoire environnant, notamment en verdissant des villes bien trop bétonnées et «en contribuant à régler les problèmes du système alimentaire, parce qu’il y a un travail sur les lieux de production (NDLR Les jardins partagés, entre autres), les chaînes et méthodes de production qui sont plus courtes et la valorisation des déchets». Il y a donc, selon la responsable de projet, la création d’un système plus sain et plus qualitatif.

Ça pousse ! Un projet autour de la sécurité alimentaire
Courtoisie: Ça pousse! – Facebook

Parmi les initiatives du projet, l’on retrouve la distribution de semis gratuits, des ateliers grand public pour expliquer l’agriculture urbaine et ses nombreuses ramifications au monde actuel. Plus récemment, des ateliers virtuels, crise sanitaire oblige. Si la pandémie a mis un coup de frein aux activités physiques développées par le projet, elle a aussi eu un côté positif en poussant l’équipe à se réinventer dans le monde d’Internet, avec la création d’un site qui développe les projets en ligne.

Et surprise, si 2020 et ses confinements successifs ont été une année difficile pour Ça pousse!, car construire des projets prend du temps, et se projeter, pour les institutions, est compliqué; en 2021, «tout repart», se réjouit la responsable de projet. «Nous avons beaucoup de demandes, la pandémie a focalisé l’attention sur l’autonomie alimentaire», décrit Carole-Anne Lapierre.

Selon le site Cultive ta ville, qui tient des statistiques sur les initiatives qui se créent en agriculture urbaine, sur l’ensemble du Québec, 66 producteurs se revendiquent de ce mode de production, que ce soit dans des champignonnières, des fermes sur toits (14), des fermes périurbaines ou des fermes urbaines (37). Ce carrefour d’information recense près de 1 334 initiatives, qu’elles soient collectives, individuelles, communautaires, etc. En agriculture conventionnelle, près de 28 000 exploitations, toutes productions agricoles confondues, ont été recensées, selon le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement.

Ça pousse ! Un projet autour de la sécurité alimentaire
Courtoisie: Ça pousse! – Facebook

Une initiative qui grandit doucement

Un peu comme les graines qui mettent du temps à voir le jour et s’épanouir au soleil, Ça pousse! naît en 2014, comme une initiative d’économie sociale d’Action Communiterre. D’ailleurs, tous les revenus générés par ce projet sont réinvestis dans les programmes de sécurité alimentaire du Dépôt centre communautaire d’alimentation.

En 2015, le Dépôt (une banque alimentaire), Boîte à Lunch (organisation plutôt positionnée sur l’alimentaire) et Action Communiterre (organisme plutôt engagé dans l’agriculture urbaine) fusionnent pour donner naissance au Dépôt, et le projet Ça pousse! trouve sa place dans cette nouvelle formule, à la croisée des chemins entre servir la communauté et l’alimentation.

«Avec ces trois pôles, on arrive à couvrir plusieurs aspects du système alimentaire (NDLR Production, transformation et valorisation des déchets), on va plus loin que simplement donner des paniers d’urgence», détaille Carole-Anne Lapierre. Parallèlement, des institutions comme des écoles et des maisons de retraite, en majorité, approchent l’organisme, intéressées par ce projet d’agriculture urbaine, que ce soit pour des finalités pédagogiques ou donner une alimentation plus locale à leurs patients.

Pour répondre à ces demandes, «qui demandent d’aller sur le territoire, créer des jardins et faire de l’animation», selon Carole-Anne Lapierre, le Dépôt décide de demander une subvention, et pour ce faire, de créer une microentreprise: d’où la naissance de Ça pousse!. «Depuis les débuts, les animations avec les écoles sont devenues le cœur de ce que l’on fait», souligne la responsable de projet. Ceci a permis de construire des jardins de A à Z.

Mais l’équipe n’a pas l’intention de se reposer sur ses lauriers, et a décidé de créer un projet autour d’un «horticulteur social» dès le printemps 2021. «Avec le recul, nous nous sommes aperçus que nous avions un souci pour que les jardins, notamment scolaires, soient entretenus l’été, et pérenniser les projets». En effet, l’école est fermée, les classes inactives, les familles et les instituteurs en vacances, le jardin périclite: «Car un jardin, ça s’entretient. Et du coup, il y avait des pertes de légumes et de ressources, on trouvait ça dommage».

Ça pousse ! Un projet autour de la sécurité alimentaire
Courtoisie: Ça pousse! – Facebook

Un autre problème avait aussi vu le jour au sein du Dépôt: le gros du travail se faisant entre le printemps et l’automne, l’équipe de Ça pousse! passait beaucoup de temps à embaucher, former des gens pour cette période, et recommencer le cycle l’année d’après.

Le projet, pour régler à la fois les problèmes d’embauche et de conservation des jardins, va donc courir sur trois ans. «Notre fil rouge, c’est que cet horticulteur va faire le lien entre le jardin et la communauté», nous dit Carole-Anne Lapierre. En détail, un horticulteur sera embauché par quartier pour animer des ateliers dans les écoles, s’occuper des jardins l’été, animer des ateliers grand public, et «créer des ponts avec la communauté, car l’horticulteur sera là à l’année». Et enfin, il sera aussi un lien avec les associations communautaires du quartier pour répondre aux besoins alimentaires et sociaux des gens.

«Je vois les jardins comme des lieux où on peut venir jardiner bien sûr, conclut Carole-Anne Lapierre, mais surtout comme des lieux de socialisation, un endroit où on peut trouver des ressources et respirer».

🌾Ça pousse !

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