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Le Cinéma Public, au-delà de la toile

Le Cinéma Public, au-delà de la toile

Depuis le 1er avril 2021, une plateforme québécoise de contenus cinématographiques a vu le jour sous le nom de Cinéma Public. Une offre en marge des circuits commerciaux qui se démarque par la diversité de ses propositions: de la webdiffusion, des projections extérieures en été, puis plus tard, une salle de projection. Un projet en mutation imaginé par l’équipe sortante du Cinéma Moderne autour d’un désir: créer un espace de rencontres entre œuvres, cinéphiles et cinéastes.

Entrevue avec les deux codirectrices: Roxanne Sayegh et Aude Renaud-Lorrain.

Au commencement, il y a une passion, le septième art auquel Aude dédie ses études avec l’envie de travailler dans un cinéma. En 2019, le songe devient réalité lorsqu’elle commence la direction par intérim du Cinéma Moderne. Roxanne, de son côté, se souvient d’un éveil qui surgit lors de l’adolescence.

«Je me rappelle de découvrir toutes ces filmographies du monde, tous ces films sous-titrés dans toutes sortes de langues de cinéastes que je ne connaissais pas, qu’on ne retrouvait jamais ni à la télévision ni dans les salles commerciales, ç’a été comme une illumination», confie-t-elle.

Le Cinéma Public, au-delà de la toile
Amélie Saffré, Béatrice Langlois Bettez, Anne-Julie Lalande, Roxanne Sayegh et Aude Renaud-Lorrain
Crédit photo: Cinéma Public

De fil en aiguille, la cinéphile rejoint le festival Ambulante au Mexique, puis devient directrice générale des RIDM. Vient ensuite le temps du Cinéma Moderne où Aude et Roxanne se forgent ensemble une réputation de programmatrices. Deux ans plus tard, conscientes du potentiel qu’offre une salle décentrée inscrite dans un quartier mais aussi de la place à développer ce réseau de salles, elles créent le Cinéma Public, un OBNL mettant à l’honneur les filmographies de l’ombre. Au programme, fiction, animation, documentaire, courts-métrages et rétrospectives…

«L’idée derrière le Cinéma Public, c’est une continuité de ce travail qu’on a entamé ces dernières années, celui d’encourager et de promouvoir les films à différentes échelles, à une échelle qui est locale, mais à la fois avec une programmation qui met de l’avant le local et l’international», raconte Aude.

Le Cinéma Public, au-delà de la toile
Cavebirds, documentaire d’Emily Gan.
Courtoisie: Cinéma Public

Avec la pandémie et malgré un virage accéléré en ligne, les billetteries de cinéma ne font pas exception à la crise du milieu culturel. «Les films sont restés plus classiques, mais le milieu de la diffusion a complètement éclaté en 2020», indique Mme Sayegh.

C’est ce moment que l’équipe a choisi pour promouvoir la première phase du projet et son volet en ligne. «On trouvait intéressant de positionner cette nouvelle marque dès le début et de ne pas attendre d’avoir un lieu permanent avant d’offrir des films», souligne Roxanne.

«Mais si on n’est que dans le numérique, on perd ce contact avec les individus, c’est pour ça qu’on a envie de faire des projections en extérieur à l’été. Tant mieux si le numérique nous aide à faire une discussion avec un réalisateur qui est à l’étranger et puis mettre en contact les gens de cette façon ou prolonger la vie d’un film, après quelques projections sur grand écran», précise Mme Aude Renaud-Lorrain.

Occuper l’espace public et virtuel permet également de rejoindre les Canadiens dans tout le pays. Les propositions pour la version estivale ne manquent pas. Des projets auxquels travaille toute l’équipe composée d’Anne-Julie Lalande, responsable des communications, Béatrice Langlois-Bettez, responsable technique et Amélie Saffré, qui travaille au développement philanthropique. Un volet soutenu grâce à l’aide du Conseil des arts de Montréal.

«Chaque membre de l’équipe porte certains de ces projets mais en impliquant certains autres membres de l’équipe. C’est très stimulant parce qu’on est une petite équipe, mais il y a quand même beaucoup de choses qui se passent en parallèle», ajoute Aude.

Le Cinéma Public, au-delà de la toile
La cabane aux oiseaux de Célia Rivière.
Courtoisie: Cinéma Public

Les partenariats mis en place avec le Cinéma Moderne se perpétuent à travers le Cinéma Public. Le premier mois a mis à l’honneur une collaboration avec Stop Motion Montreal, le festival Vues D’Afrique et a prévu la diffusion de certaines œuvres gratuites. «Quand on présente du contenu en ligne, c’est l’occasion de faire des collaborations. Ce sont des modèles de financement différents quand on offre un film gratuit et quand on offre un film payant et, comme on est une structure très flexible, on est capable de passer d’un modèle à l’autre», souligne Aude Renaud-Lorrain.

Quant au nombre de films disponibles chaque mois, l’équipe mise sur la qualité et l’accompagnement d’une œuvre plus que sur la quantité. «L’idée, c’est vraiment d’aller choisir ces films, prendre le temps de les promouvoir, prendre le temps aussi d’organiser des évènements en parallèle. Notre rythme, ce serait approximativement l’idée de mettre un film par semaine et d’avoir à chaque semaine une nouveauté qui arrive».

Des annonces quant aux projets de l’été devraient survenir prochainement. L’équipe espère aussi trouver un lieu dans un quartier où il sera possible de tisser des liens avec la communauté, un lieu qui donne place à l’interdisciplinarité. Le public répond présent, les films également, seuls manquent à l’équation des lieux de diffusion. «Créer des conditions favorables pour l’émergence de nouvelles salles à Montréal serait peut-être mon souhait le plus cher. Et que le Cinéma Public s’inscrive là-dedans», conclut Roxanne Sayegh.

📽️Cinéma Public

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