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«J’invente beaucoup de mélodies en cuisinant» : Entrevue musico-bouffe avec Jérôme Casabon

«J’invente beaucoup de mélodies en cuisinant» : Entrevue musico-bouffe avec Jérôme Casabon

Jérôme Casabon sort sa première chanson en collaboration avec l’artiste Pierre-Hervé Goulet, «Piscine», dont le vidéoclip a été réalisé par Edgar Fritz. Elle est tirée de son album Le Savoir Aquatique qui sortira cet automne. L’artiste de Québec y évoque un syndrome de stress post-traumatique à l’approche d’un tremplin et d’un mystérieux sensei aquatique qui l’a aidé à affronter ses démons.

Au bord de la piscine, Jérôme Casabon confie à Baron son parcours musical et culinaire.

Comment es-tu arrivé à faire de la musique?

J’ai commencé à faire des spectacles d’humour vers l’âge de 11 ans. Avec quelques amis, nous montions un spectacle par année et nous invitions le voisinage à venir voir. Nous passions le chapeau à la fin afin de rembourser l’achat de nos déguisements. Pour la troisième édition, j’ai écrit un texte de chanson dans le style des Denis Drolet et je le chantais a cappella. Mon oncle Martin m’a appris les deux accords nécessaires ainsi que le picking pour jouer ma chanson en m’accompagnant à la guitare. J’ai acheté ma première guitare acoustique à 14 ans au chanteur du Rêve du diable, Gervais Lessard. J’ai appris 2-3 autres accords et j’ai composé des dizaines de chansons avant même d’apprendre des reprises. Ça valait ce que ça valait, mais il fallait commencer quelque part. J’ai d’ailleurs sorti un album de 15 chansons à 15 ans qui s’appelait un Grain de Bonheur. Salutations aux 160 personnes qui l’ont acheté et qui l’ont peut-être encore! Su’l coup je me croyais vraiment bon, haha! Ça m’a permis d’avancer et déjà là, c’était clair pour moi que j’allais faire ça dans la vie. Plus j’ai appris et plus l’humilité a embarqué.

Comment décrirais-tu ton univers musical?

Une chose est sûre, je crée des chansons plutôt concises grâce à un stylo, un papier, une guit’ et ma voix. À partir de là, c’est pas mal lousse! J’ai touché au Western, au folk, à la pop, au rock et j’ai écrit des textes humoristiques, des textes plus poétiques. Je continue d’explorer et je ne mets pas trop de limites, sauf celles de faire des chansons que je peux assumer en formule guitare-voix-public. Chaque chanson a son propre univers et je crois réussir à amener le spectateur là où il ne croyait pas aller, ce qui peut causer des rires en coin. Je les vois parfois se dire «Ah ben Câline!».

Quelles sont tes références musicales?

Mes parents ainsi qu’un excellent professeur du nom de Vincent Létourneau (3e, 4e, 5e année) m’ont fait découvrir la culture québécoise. Ils m’ont initié à Francine Raymond, Beau dommage, Plume Latraverse, Le Rêve du Diable et Luce Dufault avec sa chanson «Soirs de Scotch». D’ailleurs, je ne savais pas c’était quoi du scotch. Pareil pour les Colocs et leur chanson «Tassez-Vous de d’là», je pensais qu’il disait: «J’en ai plein mon casque, mais c’pas encore mon verre d’ôsse». Je me disais que c’était un patois pour dire «c’pas encore mon verre d’eau», mais pourquoi il n’allait pas se l’chercher lui-même son verre d’eau?!

Là, j’ai 31 ans et si on parle de ma fin d’adolescence, je donne la médaille au Secteur-Haute-Ville de Québec, à la rue Cartier et aux projets réalisés au 1036. C’est là qu’il s’est brassé de la grosse belle musique. Salut à Accrophone, CEA, Karim Ouellet, Les 2 Toms, Movezerbe et Alaclair Ensemble. Même si je ne fais pas de hip-hop, c’est grâce à eux que j’ai développé un style de chanteur à débit rapide tout en étant mélodieux.

J’écoute plein d’affaires, mais j’aime surtout le folk, le rock pas cocky, le reggae, l’électro-pop. Je dirais que je suis plus Malajube que Karkwa et plus Beau Dommage qu’Harmonium. Maude Audet, je la trouve ben bonne.

Pas le choix de parler du pote Pépé, celui qui m’incite à garder la voie et me donne envie de toujours développer mon côté chansonnier afin d’être solide en formule guitare-voix.

Je ne serai pas original, mais mon idole est Jean Leloup, de son album Le Dôme à aujourd’hui. Jean Leloup est important pour moi. Quand je me trouve plate, je regarde ses entrevues, des bouts de shows, et je suis reparti. C’est grâce à lui que je vais dans les parcs et que je gratte pendant deux heures à la recherche d’un riff le fun. Mon album préféré à vie est la Vallée des réputations (2001). On est loin d’avoir le même tempérament, je suis pas mal plus calme, mais je me reconnais dans plusieurs de ses réflexions. J’ai hâte qu’il y ait une vraie bio qui sorte sur lui. En attendant, l’ouvrage de Nadia Murray est super intéressant.

Pourquoi l’album se nomme-t-il Le Savoir Aquatique?

Lorsque la pandémie est tombée, je venais à peine de sortir un mini-album qui se nomme Le plus Heureux des Hommes. Quand j’ai compris que je n’allais pas pouvoir partir en tournée avec celui-ci, j’ai décidé de m’embarquer dans la création d’un album complet à partir d’une trentaine d’idées que j’avais en tête. La création s’est majoritairement passée dans mon appart’ fait sur le long, penchant vers l’ouest, qui me fait penser à un bateau de pirate. C’est dans ce bateau que je crée les chansons qui me permettent de vivre et de me débrouiller dans l’océan. Aussi, le thème de l’eau revient plusieurs fois dans les chansons à venir: «Piscine», «Chaloupe», «Océan». En étant pogné dans mon bateau, c’est le projet Le Savoir Aquatique qui m’a permis de rester motivé presque tous les jours. L’album sortira à l’automne prochain.

Quelle place occupe le Single «Piscine» dans ton album?

Plus j’y pense et plus je me dis que la chanson se placerait bien en deuxième. Je trouve ça bien de la mettre au début puisqu’elle représente bien une philosophie qui revient souvent dans le disque: prendre le temps de bien faire les choses, sans brûler d’étapes, en évitant la catastrophe. Je suis très content qu’elle soit le premier extrait du disque puisque je la chante en duo avec l’ami Pierre Hervé Goulet avec qui j’ai co-écrit l’entièreté des chansons.

Quel est ton rapport avec la nourriture?

D’abord, je suis très heureux de ne pas être difficile et je ne suis allergique à rien pantoute. Disons que je suis meilleur consommateur que cuisinier. J’ai quand même 6-7 recettes, mais je n’ai pas de quoi me péter les bretelles. J’admire les recettes de ma mère, de ma blonde végane et celle de mon pote Denis le Trompeur. Je trouve ça difficile de prendre 3 heures pour préparer quelque chose, sauf si je reçois, là je me donne comme je peux! Sinon je fais beaucoup de sports, mais j’ai une ‘tite bedaine dure, d’après moi je mange trop gras. J’aimerais me faire hypnotiser pour qu’un céleri goûte aussi bon qu’un hot-dog.

Est-ce tu écoutes de la musique en cuisinant?

Non, car j’invente beaucoup de mélodies en cuisinant. Les beats créés par la préparation m’inspirent de nouvelles chansons. Genre couper de quoi au hachoir m’inspire des airs trip-hop, mettre de l’huile sur le poêle chaud m’inspire une chanson jazzy…. Les toasts qui sautent du grille-pain, ça démarre un beat reggaeton.

Quels sont tes ingrédients de base dont tu as toujours besoin pour cuisiner?

Le fromage, le curry, les tomates séchées.

Quelle est la première recette que tu aies apprise?

Ça remonte à l’époque de mon groupe Casabon lorsqu’on était dans un chalet pour notre deuxième album. J’avais appris à faire de bonnes omelettes à force d’essais-erreurs, fait que j’ai roulé là-dessus pendant tout le mois. Je m’occupais du dîner, c’était des omelettes.

Quel est ton plat signature?

Le toast œuf et saumon fumé avec avocat, fromage… J’avais fait ça à mes chums de Dek Hockey le lendemain d’une St-Jean Baptiste alors que tout le monde avait couché chez nous. Ils avaient capoté ben raide, donc j’ai souvent refait cette recette aux gens qui ont dormi chez moi.

Le plat que tu aimes commander?

Le fish and chips du Diner Saint-Sauveur à Québec. C’est de la grosse bombe dans la bouche.

Quelles sont tes règles en cuisine?

Les mêmes que quand je joue au golf: Ne te fais pas d’attentes et ris de tes mauvais coups.

En musique?

Ne pas me comparer avec les autres, mais faire tout ce qu’il faut pour bien accomplir les objectifs que j’ai en tête. Écrire mes idées sans filtre dans un cahier et juger plus tard si ça vaut la peine d’être dit à tout le monde! D’ailleurs, je connais du monde qui devrait faire ça sur Internet!

Le meilleur assemblage repas-musique que tu aies expérimenté?

Manger une banane en écoutant la «Banane» de Philippe Katerine. «Non, mais laissez-moi manger ma banane!»

Je dirais que l’artiste Dido s’écoute bien en mangeant un spaghetti aux fruits de mer, mais je ne saurais expliquer pourquoi.

Crédit photo: Jérome Casabon

Quelle est ta dernière découverte culinaire?

Le spag’ crevettes et pesto de mon ami Denis le Trompeur, je mangerais ça tout le temps. Crevettes d’Argentine, pesto, parmesan râpé, chope d’oignon, pesto, huile, ail. Ouch!

🌊Jérôme Casabon

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