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ÉquiLibre : développer une image corporelle positive

ÉquiLibre : développer une image corporelle positive

Selon un sondage de l’Institut national de santé publique du Québec, 51% des femmes et 40% des hommes considèrent que la préoccupation à l’égard de leur poids a augmenté depuis le début de la pandémie de COVID-19. Le 6 mai est la Journée internationale sans diète. La campagne annuelle d’ÉquiLibre a pour slogan La bienveillance à plein régime!. L’organisme à but non lucratif est la référence en matière d’actions qui ciblent les problèmes liés au poids et à l’image corporelle.

ÉquiLibre : développer une image corporelle positive
Crédit: ÉquiLibre

Andrée-Ann Dufour a fait une maîtrise en Nutrition à l’Université de Laval sur le lien alimentaire et le stress. Elle a ensuite travaillé plusieurs années au ministère de la Santé avant de devenir en 2008 la cheffe de projets d’ÉquiLibre. Elle participe depuis à sa mission qui est de «prévenir et de diminuer les problèmes liés au poids et à l’image corporelle dans la population, par des actions encourageant et facilitant le développement d’une image corporelle positive et l’adoption de saines habitudes de vie».

«À sa création, l’organisme était surtout spécialisé dans la formation de professionnels de la santé pour aider à changer l’approche d’intervention qui était un peu plus traditionnelle, axée vers la perte de poids, rapporte Mme Dufour. Un peu avant les années 90, on s’est rendu compte que l’intervention qu’on faisait n’était pas efficace et que les gens, non seulement regagnait le poids perdu, mais se mettaient à se sentir coupable, en plus d’avoir une relation moins saine avec la nourriture. Il y a eu un mouvement qui a émergé, le health at every size. Il faisait beaucoup la promotion de l’arrêt des diètes et de l’acceptation de soi.»

La formation continue que propose l’organisme permet d’avoir des agents multiplicateurs, des professionnels de la santé comme des nutritionnistes, qui intègrent cette approche d’intervention à leur pratique pour que la population adopte de saines habitudes de vie dans une optique de santé et de bien-être à long terme.

«La nutrition, parfois, c’est quelque chose que tout le monde s’improvise expert parce que tout le monde mange, fait des expériences, a des conseils à donner… Mais c’est parfois facile de tomber à côté de la science ou de reproduire son expérience personnelle. Donc, ÉquiLibre a toujours basé ses connaissances et contenus sur la science, aussi parce que notre approche était à contre-courant. On appelait même ça l’approche du nouveau paradigme sur le poids», rappelle la cheffe de projets.

Les formations s’adressent aujourd’hui autant à des éducateurs en service de garde, qu’à des enseignants du primaire et du secondaire, ou encore des acteurs de l’industrie de la mode, des médias et de la publicité qui veulent promouvoir la diversité corporelle.

Les jeunes, une priorité

«On est un organisme qui mise aussi beaucoup sur la prévention plutôt que l’intervention qui est “un peu trop tard”, soutient Andrée-Ann Dufour. Plus on intervient rapidement auprès des adultes qui gravitent autour des très jeunes enfants, plus on peut faire en sorte que les jeunes vont développer une image corporelle positive et développer de saines habitudes de vie à long terme. Les enfants vont intégrer ça [devenir des adolescents, puis des adultes qui auront à leur tour des enfants]. Ça va faire en sorte que la société va évoluer. Très jeunes, dès 4 ans, les jeunes peuvent commencer à ressentir une certaine insatisfaction corporelle. Il y a des données qui montrent que dès l’âge de 9 ans, il y a des enfants qui essayent de contrôler leur poids, un adolescent sur deux est insatisfait de son corps…»

ÉquiLibre : développer une image corporelle positive
Crédit photo: ÉquiLibre

ÉquiLibre développe notamment des ateliers pédagogiques pour les enseignants ou les intervenants scolaires du primaire et du secondaire. Avec les tout-petits, il s’agit par exemple de reconnaître que notre valeur ne dépend pas de notre apparence, qu’on est unique et que c’est une beauté, ou encore d’explorer les sens quand on mange et découvrir le plaisir de bouger. Au secondaire, l’approche mise plutôt sur le développement de l’esprit critique des adolescents par rapport à la société dans laquelle ils évoluent et sur leur pouvoir de faire changer les choses, notamment en suivant des comptes sur les réseaux sociaux moins axés sur l’apparence ou en publiant sans retouches leurs photos de profil.

Les intervenants sont aussi concernés et invités à suivre des formations en ligne avec de la théorie et des cas pratiques pour qu’ils adaptent leurs discours et fassent évoluer leurs pratiques en faveur d’une image corporelle positive. Il s’agit entre autres de ne pas faire de commentaires sur le poids quand l’enfant mange, de ne pas servir une plus petite assiette à un enfant qui serait plus rond, de ne pas toujours complimenter les filles sur leur apparence.

L’industrie de la mode, des médias et de la publicité

«On remarque qu’il a de très gros progrès qui ont été faits depuis les années 90. On voit que les professionnels de la santé ont de plus en plus intégré ce discours. Il y a aussi plus de sensibilisation de la population au danger des régimes, à l’importance de s’accepter et de dénoncer des initiatives qui sont grossophobes ou qui vont à l’encontre de la diversité corporelle. Depuis une dizaine d’années, on travaille aussi beaucoup avec les acteurs de l’industrie de la mode, des médias et de la publicité pour faire changer ce fameux environnement socioculturel dans lequel on évolue. On a voulu les sensibiliser à l’importance de promouvoir la diversité corporelle positive et de faire rayonner les bonnes pratiques», assure la nutritionniste de formation.

ÉquiLibre : développer une image corporelle positive
Crédit photo: ÉquiLibre

Dans cette approche, le prix ÉquiLibre a vu le jour en 2011. Il est remis à des initiatives québécoises qui valorisent l’acceptation de la diversité corporelle dont des compagnies de vêtements qui proposent des tailles allant de très petites à très très grandes, qui les proposent aux mêmes prix, dans les mêmes magasins et dans la même collection. Par ailleurs, l’organisation a créé dernièrement une banque de photos pour les acteurs de l’industrie d’images où la diversité corporelle est mise de l’avant de façon positive.

«On a en plus développé une formation à destination des acteurs de l’industrie d’images pour les aider à savoir comment promouvoir la diversité corporelle, annonce la cheffe de projets. Il y a des avantages aussi, plus économiques. Quand on s’adresse à des gens qu’on ne touchait pas avant, ça fait une nouvelle part de marché. Les nouvelles générations sont également beaucoup plus sensibles à cette thématique.»

Elle reconnaît que des progrès restent à faire, notamment parce que les personnes minces sont surreprésentées, la grossophobie est très présente, ou encore que la diversité culturelle doit être valorisée.

Diversifier ses sources de revenus

L’équipe d’ÉquiLibre est constituée de huit membres. Selon les besoins et les expertises, elle fait appel à des bénévoles pour le développement des contenus comme des revues littéraires ou encore la diffusion de projets comme l’envoi d’informations destinés aux écoles. Elle travaille aussi à diversifier ses sources de revenus.

«C’est toujours difficile pour nous d’être un peu dépendant du financement des organismes gouvernementaux. Parfois les priorités changent ou d’autres fois il y a des projets qu’on aimerait beaucoup faire, mais qui ne s’inscrivent pas dans une priorité gouvernementale dans la thématique des appels de projets… On essaye que les revenus récoltés avec nos formations continues ou certaines initiatives qu’on vend soient réinvestis pour avoir des revenus autogénérés. Dans l’exercice de planification stratégique, on est en train de définir les publics cibles à prioriser, de voir comment se spécialiser dans un contenu tout en étant assez ouverts sur les publics cibles pour s’insérer dans différentes options de financement, comment avoir une stabilité des ressources…», explique Andrée-Ann Dufour.

Pour l’aider à développer ses démarches d’autofinancement, l’organisme cherche également de nouveaux membres issus du milieu des affaires pour siéger sur son conseil d’administration.

Capture d’écran

🤾ÉquiLibre

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Image en couverture – Crédit photo: Julie Artacho

Pour en apprendre plus sur l’entrepreneuriat d’impact, consultez notre dossier.

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