Là où d’autres genèses d’entreprises se basent sur des atomes crochus, Atelier Tonic commence avec une mésentente. Travaillant toutes les deux dans le milieu des bars montréalais, Andréanne Lamontagne et Geneviève Carrier ne s’entendent pas jusqu’au jour où, un soir d’automne, elles mettent tout à plat autour d’une tisane. Après une longue discussion sur la vie et ce qui les nourrit, leurs valeurs se rejoignent au moment même où les deux femmes se retrouvent sans emploi. Une tisane qui signe les débuts d’Atelier Tonic, une entreprise qui propose des produits naturels et végétaliens faits au Québec depuis 2016.
Entre les bars montréalais et les essentiels du quotidien, il n’y aurait qu’un pas. Toutes les deux issues de la restauration, les fondatrices affectionnent particulièrement cet écosystème où le service à la clientèle est la priorité. «On a toujours fait attention à l’environnement et au contact client: ce sont des valeurs individuelles qu’on porte depuis toujours», explique Andréanne Lamontagne.
Après une démission et un besoin de recul pour l’une et une mise à pied pour l’autre, Andréanne Lamontagne réalise qu’elle tenterait n’importe quoi où se prioriser en tant qu’individu serait possible. Alors que par le passé il est arrivé à Geneviève Carrier de faire des produits cosmétiques pour elle et quelques amis, au moment de cette fameuse discussion charnière, elle vient de créer deux différents produits qui changent la donne: des baumes pour les mains spécifiquement faits pour les gens dans la restauration.
«On a décidé de bâtir là-dessus et comme j’étais dans le milieu depuis longtemps, j’avais beaucoup de contacts. Ce sur quoi on tripe le plus, c’est de gérer des projets stimulants, donc on a créé une entreprise qui nous ressemble avec le moins de compromis possible, précise Andréanne Lamontagne. On avait besoin, fondamentalement, de prendre soin des gens qui nous entourent et Tonic, ce n’était pas juste des produits: ça vient avec une expérience de soins de la personne et de l’individu pour arriver à qui est réellement cette personne. Notre but n’est pas simplement de vendre un produit, c’est aussi de s’assurer que ça apportera réellement un plus à ta vie.»
Offrir des solutions à des problèmes communs
Tout démarre donc avec une clientèle spécifique et des produits de base destinés à réparer les mains sèches, usées, qui malgré les problèmes de peau sont souvent dans l’eau, victimes de blessures ou de coupures au travail. «Dans nos têtes, c’était pour les gens qui travaillaient derrière le bar, en cuisine ou au service, puis on s’est rendu compte que tous les Québécois.es avaient les mains sèches avec l’hiver (rires)! On avait aussi fait un baume pour les douleurs musculaires et articulaires donc pour nos premiers marchés dans les parcs montréalais, nos ventes se basaient sur du bouche à oreille», détaille la cofondatrice.
À leurs débuts, les deux associées se déplacent chaque semaine d’un marché à l’autre pour présenter la marque. «Chaque mois, on avait un nouveau produit, donc on les développait pour agrandir nos gammes au fil du temps. C’est là qu’on s’est rendu compte que notre public cible était plus élargi que ce qu’on croyait.»
Les premières semaines qui suivent l’annonce de la pandémie, Atelier Tonic cherche à créer son propre antiseptique, lancé en mars 2020. «Quelques semaines plus tard, on a réussi à le faire certifier par Santé Canada», ajoute Andréanne Lamontagne. Un tournant qui propulse l’entreprise, la forçant à déménager et à agrandir. «Ça a tout changé pour nous. On a aussi rapidement décidé d’offrir la livraison gratuite pour n’importe quelle commande sur l’île de Montréal pour inciter les gens à rester chez eux: on voulait faire partie de la solution et non du problème.» C’est aussi là que la clientèle de l’entreprise prend son envol, le grand public qui cherche un antiseptique tombe par hasard sur le site d’Atelier Tonic.
Le projet prend de l’ampleur grâce aux produits signature de l’entreprise, les deux baumes à main HIP ROSA et COCO LEA. Un soin qui – on le sait aujourd’hui – accompagne toutes les mains devenues sèches à force de se les laver et d’appliquer du gel désinfectant plusieurs fois par jour depuis plus d’un an. «Ces deux produits sont toujours de grands vendeurs mais là, c’est exceptionnel comme ventes, car ça concerne tous les Québécois.es, donc c’est resté un produit de base important pour l’entreprise.»
Conscientiser malgré la distance
Andréanne Lamontagne le précise, son acolyte et elle vivent très bien dans le changement, l’une des raisons pour lesquelles l’entreprise a réussi à survivre au COVID selon elle. Toujours dans le but de faire partie de la solution, les deux collaboratrices annulent dès le début de la pandémie l’ensemble des ateliers en boutique, étant la plus grande source de revenus de l’entreprise à l’époque.
Atelier Tonic se réinvente en proposant des solutions en ligne avec des kits DIY ou des ateliers pré-enregistrés. «On essaie de faciliter la vie des gens qui peuvent faire l’atelier quand ils le veulent. La personne achète son kit de fabrication pour apprendre à faire des savons ou des chandelles, ça vient avec un lien vidéo où on montre les manipulations nécessaires et le cours théorique de trois heures qu’on donne habituellement en boutique.»
Si les fondatrices s’attèlent à la conception de produits et qu’elles ont désormais le luxe d’être entourées pour leur production, elles restent fidèles à leurs spécialités: Geneviève en charge des produits et Andréanne de la gestion de boutique, des opérations et de l’expérience client.
L’envie d’informer et de prendre soin des gens avec ces produits reste la base d’Atelier Tonic. «On informe beaucoup les gens sur la provenance des matières premières. C’est important pour nous de ne pas offrir que du naturel mais aussi de l’éthique et de l’écoresponsable. Extrêmement accès bien-être, on se démarque par le fait qu’on veuille aider les gens à mieux gérer leur stress et leur anxiété, qu’ils aient la conscience tranquille quant à leur consommation écoresponsable quand ils viennent chez nous.»
La cofondatrice d’Atelier Tonic vise également à déconstruire la pression liée à ce mode de vie. «On a des clients qui se sentent mal de ne pas tout faire. C’est important que chaque personne puisse regarder ses propres capacités et se permettre de prendre une pause pour bien évaluer ce qui les nourrit et ce qu’ils valorisent», ajoute l’entrepreneure qui affirme rester réaliste sur le fait qu’on ne puisse pas atteindre cette démarche sur tous les plans.
«Si tu achètes un produit chez nous, c’est parce que ça fait sens, ça a une utilité, c’est la base de l’écoresponsabilité. Idéalement tu te questionneras ensuite sur l’origine du produit. Éduquer les gens sur l’impact réel que représente le fait d’acheter un produit versus un autre, c’est ce qu’on fait: on prend le temps de jaser avec les gens pour qu’ils soient capables, chez nous ou ailleurs, d’être à l’aise d’en discuter pour questionner les compagnies.»
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Image en couverture : Les fondatrices d’Atelier Tonic Andréanne Lamontagne et Geneviève Carrier. Crédit photo: Claudia Desilets