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Curiosité et sensibilité : le modus operandi réussi de Vigg, artiste autodidacte

Curiosité et sensibilité : le modus operandi réussi de Vigg, artiste autodidacte

Artiste autodidacte, Vigg (Vincent Gagnon) est connu pour ses sculptures ainsi que ses illustrations qui se retrouvent régulièrement dans plusieurs magazines et journaux tels que Les affaires, le Wall Street Journal ou encore le New York Times.

C’est avec humour qu’il répond à nos questions, nous révélant notamment l’un de ses trucs les plus pertinents afin de mousser sa créativité!

Qui êtes-vous, quel est votre médium de prédilection et pourquoi?

Je m’appelle Vincent Gagnon, connu sous le pseudonyme Vigg. Je suis auteur, illustrateur et sculpteur. J’affectionne le numérique pour l’illustration et je travaille aussi avec de la peinture dans mon travail de sculpture. J’aime bien garder un équilibre entre l’efficacité de la technologie et le feeling grisant de se salir les mains.

Ma maison-tête. Éditions Fonfon

Quelles ont été vos influences artistiques à vos débuts et quelles sont celles d’aujourd’hui?

J’ai toujours eu beaucoup de difficulté à répondre à cette question. Je veux dire, c’est certain que je suis influencé de près ou de loin par tout ce qui m’entoure, mais c’est très changeant et je n’y pense pas concrètement. Plus jeune, c’était probablement le Muppet Show. Mais je pense qu’aujourd’hui c’est beaucoup plus large, le cinéma, la bouffe, la BD, la musique, des bonnes conversations, mais quoi précisément, je ne sais pas. La linea d’Osvaldo Cavandoli, ça c’est sûrement une grande influence aussi, tout comme la musique de Jean-Michel Blais.

Comment organisez-vous votre horaire? Comment planifiez vous le temps de cerveau disponible à la création et celui accordé à la gestion plus technique de votre entreprise?

Mon cerveau est en mode créatif à tout moment de la journée (et souvent la nuit), que ce soit planifié ou pas. Ça a toujours été difficile à gérer pour moi. En fait, s’il n’y avait rien d’autre dans ma vie, je ne ferais probablement que ça. Heureusement, le rythme d’une famille me force à avoir un horaire plus équilibré. Je dois avouer que la gestion plus technique est principalement prise en charge par ma blonde qui a beaucoup plus d’aptitudes que moi à ce niveau. Je me structure beaucoup avec des listes et des apps comme Trello, ça aide un peu.

Quels sont vos meilleurs trucs pour mousser votre créativité?

Ouf, je ne sais pas, ça mousse pas mal sans mon aide. Un truc que j’aime bien faire parfois, c’est de m’imaginer que je ne suis pas celui qui crée, que j’observe le travail d’un autre artiste. Ça enlève pas mal de «fausses contraintes» qu’on se donne à soi-même et c’est très libérateur. Un peu comme essayer d’écrire le livre qu’on aimerait lire plutôt que d’essayer de se prouver à soi-même. L’adrénaline est aussi un bon mousseur. Parfois, si j’ai un article de magazine à illustrer qui me branche plus ou moins, je me le garde pour la dernière minute. Ça active la machine à idées à tout coup.

Crédit: Vigg (Vincent Gagnon)

Quelles sont les outils indispensables pour passer une journée productive?

Dans une journée, je peux écrire, dessiner, sculpter, je fais aussi des maquettes architecturales pour ma blonde Marianne Chevalier qui fait des projets d’art public. Je suis bien équipé pour faire tout ça de chez moi. L’outil indispensable, au-delà de l’équipement bien entendu, c’est d’avoir l’espace pour faire tout ça, sans encombrement pour être bien concentré. Donc, c’est ça mes outils indispensables, l’espace et le temps. C’est beau, hein?

Quels ont été les principaux défis auxquels vous avez pu faire face en tant qu’artiste lors de vos débuts?

L’éparpillement dans mon portfolio, je voulais tellement montrer que je savais faire plein de choses différentes que ça effrayait les clients potentiels plus qu’autre chose. Aussi, n’ayant pas fait d’école d’art, je n’avais pas de réseau à mes débuts. J’ai dû cogner à beaucoup de portes.

Quels sont vos principaux défis aujourd’hui et comment arrivez-vous à les surmonter?

Mon principal défi depuis toujours reste l’organisation, les fluctuations de mon attention et l’hyperactivité en arborescence dans mon cerveau. Je peux rapidement me perdre et ne rien faire si je ne suis pas parfaitement organisé au quart de tour. Avec le temps, j’ai appris à décortiquer tous mes mandats en listes de tâches simples à exécuter. Je fais aussi attention de ne pas trop travailler sur plusieurs projets en même temps, je compartimente beaucoup. Le multitâche, ce n’est pas pour moi.

Ma maison-tête. Éditions Fonfon

Quelle œuvre avez-vous réalisée dont vous êtes le plus fier et pourquoi?

Mon plus récent album jeunesse Ma maison-tête publié aux Éditions Fonfon. J’en suis très fier, car il m’a permis de mettre des images et des mots simples sur ma propre condition, le trouble du déficit de l’attention, et de rejoindre ceux qui en souffrent et leur entourage. J’ai reçu une vague de témoignages de lecteurs de tous âges, et ça me touche au plus haut point.

Quel est le pire ennemi et le meilleur allié d’un artiste?

Sa tête. Bien penser, juste assez, au bon moment, c’est de l’or. Trop penser, tout le temps, pour tout et pour rien, c’est la mort.

Que faut-il avoir pour atteindre votre point d’équilibre personnel?

Mon intelligence et ma beauté. Non, je ne sais pas, peut-être un juste mélange entre savoir que mon travail est bien apprécié et sentir que j’ai un réel plaisir à le faire. Si j’ai ça et que ma petite famille va bien, j’ai tout ce qu’il me faut.

Crédit: Vigg (Vincent Gagnon)

Que changeriez-vous, si vous aviez la chance de revenir en arrière?

En 2019, j’aurais investi massivement dans des parts d’usines de masques, de vaccins ou un truc comme ça! Sinon, côté carrière, j’aurais peut-être aimé avoir le flair de saisir que je voulais devenir illustrateur avant l’âge de 25 ans et me prévaloir d’une éducation en design et en art visuel en bonne et due forme. Je suis autodidacte sur toute la ligne, et ça m’a souvent manqué. Mais en même temps, j’ai la chance d’être très curieux et d’apprendre assez vite par moi-même.

Quel est le meilleur conseil qu’un artiste vous ait partagé?

Je ne me souviens plus qui m’avait dit plus jeune qu’on ne devait pas chercher son style en tant qu’artiste, mais plutôt que c’est notre style qui finirait par nous trouver à travers nos expérimentations (avec la voix de Yoda, j’imagine). Après 20 ans de métier, je trouve que c’est absolument vrai.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite vivre de son art?

Être souple, curieux, vrai, apprendre chaque jour, penser un peu mais faire beaucoup et surtout, surtout, aimer et être gentil avec les gens.

Vigg

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Image en couverture: Vigg (Vincent Gagnon). Crédit: www.bonnalliebrodeur.com

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