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Kg céramique : rendre sa valeur à l’objet

Kg céramique : rendre sa valeur à l’objet

Céramiste autodidacte depuis 2005, Karen Golden fait le saut de l’entrepreneuriat en 2016 avec Kg céramique, une entreprise qui offre des pièces destinées aux arts de la table. Le plus important pour cette travailleuse autonome située à Cap d’Espoir? Proposer des objets utilitaires fabriqués avec attention et lenteur.

L’utilitaire avant tout

Kg pour Karen Golden, qui se donne en lançant Kg céramique un an pour voir l’entreprise s’envoler. Cinq ans plus tard, l’entrepreneure développe toujours l’entreprise qu’elle gère seule. Au programme? Une petite production de pièces façonnées à la main en série limitée.

Ce qui commence dans une pièce de sa maison a désormais sa place dans de plus grands locaux. «Au début, ça m’a permis de concilier travail et famille, car j’avais un jeune enfant à la maison. Maintenant, il y a une séparation plus nette entre le travail, la vie familiale et la vie tout court», explique celle qui aime aussi s’occuper de ses grands jardins qui fonctionnent en autosuffisance partielle.

Courtoisie: Karen Golden – Kg céramique

Tasses, bols, assiettes, gobelets: l’objet utilitaire est essentiel pour Karen Golden. «On est à l’ère du consumérisme, donc l’objet est tellement accessible facilement, à faible coût et provient d’un endroit très éloigné. À travers l’objet, on peut changer notre rapport au monde et à notre environnement, donc j’ai choisi de me concentrer sur les objets du quotidien et en créer qui soient spéciaux», précise l’entrepreneure pour qui fabriquer des objets de façon artisanale signifie qu’on entre en relation avec le consommateur.

«À travers cette relation, l’objet reprend de la valeur. Ces objets sont tellement abondants dans notre environnement et nos habitats qu’ils en deviennent invisibles, et c’est à travers la rencontre avec l’artisan que l’objet retrouve une importance.»

Prendre son temps et prendre soin

La tête pensante derrière Kg céramique réfléchit aussi à la façon dont elle fabrique ses objets, désireuse d’inscrire son art dans une démarche écoresponsable. «Je travaille avec du grès ou de la porcelaine, car ce sont des pièces plus durables que la faïence par exemple. Fabriquer des objets en série limitée me permet d’avoir beaucoup de contrôle sur chaque étape de production et de recycler de l’argile quand c’est possible.»

Consciente qu’elle utilise des produits issus de l’industrie minière, extraits puis transportés sur de grandes distances, Karen Golden conserve ce souci d’en prendre soin. «Ma production étant très petite, ça me permet vraiment de ne pas gaspiller.»

Courtoisie: Karen Golden – Kg céramique

Puisque Kg céramique rime avec lenteur et attention, le prix varie en fonction du temps que consacre la céramiste à chaque pièce. Pour un gobelet, fabriqué avec une technique de modelage à la plaque, le processus prend une trentaine de minutes. «Je fais quand même un travail à la chaîne, donc je fabrique une vingtaine de pièces à la fois. Pour les gobelets, ce ne sont pas des pièces tournées, donc je vais utiliser une galetteuse et je vais essayer de ne pas découper. Je fais comme des grandes plaques et je découpe avec des patrons, des gabarits, des formes, dont je vais ensuite utiliser l’empreinte pour décorer et assembler.»

La résilience par le tournant numérique

L’entrepreneure, qui privilégie une mise en marché locale, priorise les commerces et boutiques des métiers d’art de sa région, la Gaspésie. L’une des forces pour Karen Golden? Habiter justement dans une région touristique, un atout pour l’entrepreneure qui peut écouler une partie de sa production pendant la saison estivale. Quant à l’achat en ligne, ce sera normalement possible à partir de mai 2021. «J’ai obtenu une subvention pour effectuer le virage numérique de l’entreprise. J’ai une collègue maintenant qui m’aide à mettre en place la boutique en ligne. On travaille activement sur cet aspect de l’entreprise pour rendre les produits plus accessibles.» 

Courtoisie: Karen Golden – Kg céramique – Facebook.

Un virage numérique qui tombe plus qu’à pic pour l’entreprise en cette période pandémique. «Comme j’ai un petit volume de production, je n’ai pas tant été impactée sur la mise en marché ou l’écoulement de la production mais plutôt sur ma capacité à travailler», explique celle qui a aussi été privée de l’accès à ses locaux, son atelier étant situé dans un centre communautaire. «On n’a pas eu de soutien pour prendre en charge nos enfants, donc j’ai dû plus investir la sphère domestique. Ça m’a empêchée de produire pour l’été, une période assez importante pour moi, donc ça a surtout retardé le calendrier de production.»

Après avoir récemment envoyé des pièces dans deux commerces de sa région, Karen Golden s’est rendu compte qu’ils avaient fermé leurs portes depuis quelques semaines et que ces inventaires ne seraient donc pas disponibles. «C’est pour ça que le virage numérique est important. Je veux mettre en place la boutique en ligne pour être plus résiliente, car on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve dans les prochains mois, voire même les prochaines années», conclut l’artiste qui voit tout de même cet ajustement avec optimisme.

Kg céramique

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Couverture: Karen Golden – Kg céramique

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